Confusion générale
Au même moment, de nombreuses informations contradictoires circulaient autour de corps qui auraient été retrouvés lors des recherches.
«Nous attendons la confirmation de la Police fédérale pour savoir s'il s'agit ou non de Dom et Bruno. Nous restons angoissés en attendant», a dit lundi matin à l'AFP Dominique Davies, la nièce de Dom Phillips. L'épouse du journaliste a tenu des propos similaires à la chaîne TV Globo, disant avoir été informée par l'ambassade du Brésil au Royaume-uni.
Mais ces informations ont été démenties catégoriquement par le Police fédérale. Elle a dit, pour sa part, que «les informations selon lesquelles les corps de Bruno Pereira et Dom Phillips auraient été retrouvés sont inexactes» et que du «matériel biologique» et des effets personnels de deux disparus étaient en cours d’analyse. «La Police fédérale, qui est tenue d'informer les familles en premier (...) nous a confirmé qu'aucun corps n'avait été retrouvé. Il faudrait savoir d'où l'ambassadeur a tiré cette information», a tweeté Beatriz Matos, épouse de Bruno Pereira, dans l'après-midi.
L'Union des peuples indigènes de la Vallée de Javari (UNIVAJA), qui mène également des recherches incessantes, a elle aussi démenti que des corps aient été retrouvés.
Un suspect en détention
Les recherches avaient déjà connu un tournant hier avec la découverte d’effets personnels leur appartenant. Les deux hommes ont disparu depuis une semaine dans une zone reculée de l’Amazonie. «Des objets appartenant aux disparus ont été retrouvés: une carte de santé, un pantalon noir, une sandale noire et une paire de bottes appartenant à Bruno Pereira, et une paire de bottes et un sac à dos appartenant à Dom Phillips et contenant des vêtements personnels», a indiqué dimanche la police fédérale de l’Etat d’Amazonas (nord-ouest du Brésil) dans un communiqué.
Auparavant, les pompiers de l’Amazonas avaient informé la presse locale de la découverte d’objets personnels pouvant appartenir aux disparus, retrouvés «près de la maison» d’Amarildo Costa de Oliveira, le seul détenu dans l’affaire. Cet homme de 41 ans, qualifié de «suspect», a été placé en détention et des traces de sang sur son bateau devaient être analysées. Des témoins ont dit l’avoir vu passer à toute vitesse dans un bateau allant dans la même direction que le journaliste et l’indigéniste.
Lors de ce voyage, Bruno Pereira, 41 ans, expert auprès de l’agence gouvernementale brésilienne pour les affaires indigènes (Funai), servait de guide à Dom Phillips, 57 ans. Ce collaborateur du journal britannique The Guardian préparait un livre sur la conservation de l’environnement dans cette région située à la frontière du Pérou et de la Colombie, qui abrite 8,5 millions d’hectares de terres indigènes protégées.
Disparus après le 5 juin
Selon des militants indigènes locaux, Bruno Pereira était fréquemment menacé pour son combat contre l’empiètement sur les terres indigènes. Les deux hommes voyageaient ensemble en bateau à travers la région de la vallée de Javarí, une région reculée à l’extrême ouest de l’Amazonas, réalisant des interviews en vue de ce livre. Ils ont été vus pour la dernière fois le 5 juin, dans la localité de Sao Gabriel, non loin de leur destination, la ville d’Atalaia do Norte.
La police a indiqué dimanche que les équipes de recherche, au septième jour de travail, ont parcouru environ 25 kilomètres et se sont livrées à des «recherches minutieuses à travers la jungle, les routes de la région et la végétation inondée» notamment dans la zone où a été retrouvé un bateau qui appartiendrait au suspect. Les images diffusées par la police dimanche montrent des policiers vêtus de combinaisons imperméables blanches et munis de gants en latex, travaillant à bord de petits canoës dans une zone de végétation inondée et cernée d’arbres.