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Disparus en Amazonie: des restes humains retrouvés, selon Jair Bolsonaro

Le président brésilien a annoncé la découverte de restes humains lors des recherches de l’anthropologue brésilien des peuples indigènes Bruno Pereira et du journaliste britannique Dom Phillips. Mais une grande confusion régnait en l'attente des résultats d'expertises

Des soldats brésiliens lors des recherches de Bruno Pereira et Dom Phillips, le 12 juin 2022, à Atalaia do Norte, près de la frontière péruvienne. — © Bruno Kelly / Reuters
Des soldats brésiliens lors des recherches de Bruno Pereira et Dom Phillips, le 12 juin 2022, à Atalaia do Norte, près de la frontière péruvienne. — © Bruno Kelly / Reuters

Un deuxième suspect a été interpellé mardi dans l'affaire de la disparition du journaliste britannique Dom Phillips et du spécialiste brésilien des indigènes Bruno Pereira, a annoncé la Police fédérale brésilienne (PF). Oseney da Costa de Oliveira, dit «Dos Santos», est «soupçonné de participation à l'affaire», a annoncé la PF dans un communiqué.

Des restes humains ont été retrouvés durant les recherches du journaliste britannique Dom Phillips et de l’expert brésilien Bruno Pereira, disparus il y a une semaine en Amazonie, a déclaré lundi le président brésilien Jair Bolsonaro. «Les recherches se poursuivent. Mais tout porte à croire qu’on leur a fait du mal, des viscères humains ont été retrouvés flottant sur le fleuve et amenés à Brasilia pour identifier l’ADN», a révélé le chef de l’Etat lors d’un entretien à la radio CBN.

«Vu le temps qui a passé, déjà huit jours, ce sera très difficile de les retrouver vivants. Je prie Dieu pour que ce soit le cas, mais les informations dont nous disposons nous font craindre le contraire», a-t-il ajouté. Des membres de la famille de Dom Phillips ont affirmé plus tôt dans la matinée que «deux corps ont été retrouvés» mais que l’identification était encore en cours.

Confusion générale

Au même moment, de nombreuses informations contradictoires circulaient autour de corps qui auraient été retrouvés lors des recherches.

«Nous attendons la confirmation de la Police fédérale pour savoir s'il s'agit ou non de Dom et Bruno. Nous restons angoissés en attendant», a dit lundi matin à l'AFP Dominique Davies, la nièce de Dom Phillips. L'épouse du journaliste a tenu des propos similaires à la chaîne TV Globo, disant avoir été informée par l'ambassade du Brésil au Royaume-uni.

Lire aussi: En Amazonie, la disparition d’un journaliste et d’un anthropologue inquiète

Mais ces informations ont été démenties catégoriquement par le Police fédérale. Elle a dit, pour sa part, que «les informations selon lesquelles les corps de Bruno Pereira et Dom Phillips auraient été retrouvés sont inexactes» et que du «matériel biologique» et des effets personnels de deux disparus étaient en cours d’analyse. «La Police fédérale, qui est tenue d'informer les familles en premier (...) nous a confirmé qu'aucun corps n'avait été retrouvé. Il faudrait savoir d'où l'ambassadeur a tiré cette information», a tweeté Beatriz Matos, épouse de Bruno Pereira, dans l'après-midi.

L'Union des peuples indigènes de la Vallée de Javari (UNIVAJA), qui mène également des recherches incessantes, a elle aussi démenti que des corps aient été retrouvés.

Un suspect en détention

Les recherches avaient déjà connu un tournant hier avec la découverte d’effets personnels leur appartenant. Les deux hommes ont disparu depuis une semaine dans une zone reculée de l’Amazonie. «Des objets appartenant aux disparus ont été retrouvés: une carte de santé, un pantalon noir, une sandale noire et une paire de bottes appartenant à Bruno Pereira, et une paire de bottes et un sac à dos appartenant à Dom Phillips et contenant des vêtements personnels», a indiqué dimanche la police fédérale de l’Etat d’Amazonas (nord-ouest du Brésil) dans un communiqué.

Auparavant, les pompiers de l’Amazonas avaient informé la presse locale de la découverte d’objets personnels pouvant appartenir aux disparus, retrouvés «près de la maison» d’Amarildo Costa de Oliveira, le seul détenu dans l’affaire. Cet homme de 41 ans, qualifié de «suspect», a été placé en détention et des traces de sang sur son bateau devaient être analysées. Des témoins ont dit l’avoir vu passer à toute vitesse dans un bateau allant dans la même direction que le journaliste et l’indigéniste.

Lors de ce voyage, Bruno Pereira, 41 ans, expert auprès de l’agence gouvernementale brésilienne pour les affaires indigènes (Funai), servait de guide à Dom Phillips, 57 ans. Ce collaborateur du journal britannique The Guardian préparait un livre sur la conservation de l’environnement dans cette région située à la frontière du Pérou et de la Colombie, qui abrite 8,5 millions d’hectares de terres indigènes protégées.

Disparus après le 5 juin

Selon des militants indigènes locaux, Bruno Pereira était fréquemment menacé pour son combat contre l’empiètement sur les terres indigènes. Les deux hommes voyageaient ensemble en bateau à travers la région de la vallée de Javarí, une région reculée à l’extrême ouest de l’Amazonas, réalisant des interviews en vue de ce livre. Ils ont été vus pour la dernière fois le 5 juin, dans la localité de Sao Gabriel, non loin de leur destination, la ville d’Atalaia do Norte.

La police a indiqué dimanche que les équipes de recherche, au septième jour de travail, ont parcouru environ 25 kilomètres et se sont livrées à des «recherches minutieuses à travers la jungle, les routes de la région et la végétation inondée» notamment dans la zone où a été retrouvé un bateau qui appartiendrait au suspect. Les images diffusées par la police dimanche montrent des policiers vêtus de combinaisons imperméables blanches et munis de gants en latex, travaillant à bord de petits canoës dans une zone de végétation inondée et cernée d’arbres.