Articles récents \ Monde Aggravation des violences envers les filles dans le monde

Les violences faites aux femmes ne touchent pas que les adultes. D’après les chiffres de l’ONU, une fille sur cinq est mariée avant l’âge de 18 ans et nombre d’entre elles ont été victimes de violences psychologiques, physiques ou sexuelles avant leur mariage forcé. Ces violences concernent aussi les garçons puisque 115 millions de garçons ont été mariés durant leur enfance, soit un garçon sur cinq a été marié avant l’âge de 15 ans.

La République centrafricaine est le pays qui enregistre la prévalence la plus élevée de mariages de jeunes garçons, suivie par le Nicaragua et Madagascar. Le nombre total d’enfants mariés dans le monde s’élève à 765 millions. Les filles continuent toutefois d’être disproportionnellement touchées (six fois plus que les garçons). Ces mariages forcés constituent de réels obstacles tant au niveau du développement humain qu’au niveau économique. Souvent mariées à un homme plus âgé, elles arrêtent l’école, se retrouvent très vite enceintes et en dépendance financière.

Concernant les rapports sexuels forcés, près de 10% des adolescentes de 15 à 19 ans en ont déjà été victimes en Afrique de l’Ouest et du Centre. Une victime sur trois déclare que cela s’est produit pour la première fois entre l’âge de 10 et 14 ans.

Dans les pays du Sud, il est difficile de lutter contre ces violences par le manque de données concernant la sphère domestique, par les barrières culturelles instaurant une domination naturelle des hommes au sein des foyers, par une faible volonté politique. L’absence de lois criminalisant ces violences et de sanctions suffisantes envers leurs auteurs est patente. L’emprise, la dépendance financière des femmes à l’égard de leur conjoint et la peur de représailles, limitent leur autonomie, alimentent le cercle des violences, pouvant aller jusqu’au féminicide. De plus, les violences peuvent émerger ou s’exacerber en temps de vulnérabilité notamment lors de grossesses, de maladies, en période de guerre, mais également dans des contextes de crises sociales ou sanitaires comme la crise du Covid-19.

Une autre forme de violence faite aux filles sont les mutilations génitales féminines (MGF) pratiquées dans des proportions différentes dans plusieurs pays d’Afrique et d’Asie. On estime qu’il y environ 200 millions de femmes et de filles en vie aujourd’hui, qui ont subi des MGF. Comme la croissance démographique est élevée dans ces pays, le nombre de filles qui les subissent continue d’augmenter, malgré une certaine diminution de cette pratique. Les conséquences en matière psychologique et sur leur santé sont dramatiques comme des douleurs sévères, des hémorragies, des infections et des états de choc pouvant aller jusqu’au décès. A long terme, ces MGF peuvent conduire à des infections pelviennes, à la stérilité, à des difficultés menstruelles et à des complications pendant la grossesse et l’accouchement.

Ces mutilations génitales sont à la fois un marquage du corps et un marquage social d’assignation des femmes à des rôles sociaux. Elles sont pratiquées sur elles en raison de leur sexe et participent avec force à la reproduction des rapports de genre inégalitaires et hiérarchisés. Leur pratique est ancrée dans des normes sociales et culturelles de certaines sociétés, ce qui explique la lenteur des évolutions.

Considérées comme un rite de passage vers la vie adulte ou comme une condition au mariage, il est difficile d’agir au niveau individuel car tout en connaissant les dangers de ces interventions, les parents (et bien souvent les mères) craignent l’exclusion ou l’ostracisation de leur fille ou de leur famille si elles/ils refusent cette pratique.

Pourtant, ces graves violations entravent le droit à la vie (ces pratiques peuvent entraîner la mort), le droit de ne pas subir de traitements cruels, inhumains et dégradants, le droit à l’intégrité physique et mentale, le droit universel à la santé, le droit de ne pas subir de discrimination fondée sur le sexe et les droits de l’enfant. Il est donc indispensable d’agir au niveau collectif et auprès des différents pouvoirs politiques et religieux pour convaincre de l’abandon de cette pratique. Il reste encore difficile aujourd’hui de lutter efficacement contre les MGF malgré les nombreuses campagnes de sensibilisation, la pénalisation des auteurs étant peu dissuasive et les coutumes bien ancrées.

De manière générale, les violences faites aux filles sont l’expression première des inégalités de genre et reflètent aussi des formes de masculinités spécifiques et dominantes qui peuvent être exacerbées en situation de vulnérabilité et de crise d’identité masculine.

Laurence Dionigi 50-50 Magazine

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