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Twitter baisse en Bourse alors que son ancien chef de la sécurité l'accuse d'avoir menti

L'ancien chef de la sécurité de la firme à l'oiseau bleu accuse le réseau social d'avoir dissimulé des vulnérabilités de son système de protection et menti sur les faux comptes, sujet au coeur de la bataille entre Elon Musk et Twitter. Twitter a perdu 7 % en Bourse mardi.

Le feuilleton Twitter est relancé par les allégations d'un ancien salarié qui accuse le groupe d'avoir menti sur plusieurs sujets, notamment le problème des faux comptes.
Le feuilleton Twitter est relancé par les allégations d'un ancien salarié qui accuse le groupe d'avoir menti sur plusieurs sujets, notamment le problème des faux comptes. (Tada Images/Shutterstock)

Par Marina Alcaraz

Publié le 23 août 2022 à 19:03Mis à jour le 24 août 2022 à 18:22

Voilà une affaire qui pourrait apporter de l'eau au moulin d'Elon Musk. L'ancien chef de la sécurité de Twitter accuse ce dernier d'avoir dissimulé des vulnérabilités de son système de protection et menti sur la lutte contre les faux comptes. Ce que réfute en bloc le site de microblogging.

Alors que le milliardaire a renoncé au début de l'été à mettre la main sur le réseau social (une méga opération à 44 milliards de dollars), l'accusant d'avoir fourni des données erronées ou incomplètes sur le nombre de faux comptes, et que les deux parties s'affrontent dans une bataille juridique, les allégations de cet ancien salarié de Twitter vont dans le sens du premier actionnaire de Tesla.

Peiter Zatko, licencié en janvier, dénonce ce qu'il affirme être des défaillances graves et choquantes, de l'ignorance volontaire et des menaces à la sécurité nationale et à la démocratie. Il a déposé une plainte en juillet auprès de la SEC, du ministère de la Justice et de l'autorité américaine de la concurrence, et a envoyé à des parlementaires des documents dont des éléments ont été publiés par CNN et le « Washington Post ».

Des salariés employés par des services de renseignements ?

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Selon cet ancien hackeur connu sous le surnom de « Mudge » et embauché en 2020 par le cofondateur et ex-patron de Twitter, Jack Dorsey, des dirigeants du groupe auraient couvert certaines de ces défaillances et la direction aurait induit en erreur les actionnaires et les agences gouvernementales. Parallèlement, un ou plusieurs employés pourraient travailler pour des services de renseignements étrangers.

Mais plus encore, sur la pomme de discorde entre Musk et Twitter, le lanceur d'alerte émet des doutes sur le nombre réel de bots sur la plateforme, alors que Twitter a déclaré à plusieurs reprises que moins de 5 % de ses comptes étaient des spams. L'ancien hackeur se serait notamment inquiété du nombre de bots début 2021 et on lui aurait fait comprendre que l'entreprise n'avait aucune envie de mesurer les faux comptes.

Il affirme que l'entreprise a privilégié la croissance des utilisateurs au détriment de la chasse aux bots. Pour lui, Parag Agrawal, le patron du groupe, a menti lorsqu'il a tweeté que la société oeuvrait pour chasser les faux comptes aussi vite que possible.

« Opportunisme »

De son côté, Twitter réfute en bloc ces accusations. Un porte-parole du groupe indique aux « Echos » que Peiter Zatko a été « licencié de son poste de cadre chez Twitter pour son manque de leadership et ses faibles performances ». Le groupe évoque un « faux récit » empreint « d'incohérences et d'inexactitudes et qui manque cruellement de contexte », et assure que « la sécurité et la confidentialité sont depuis longtemps des priorités pour l'ensemble des équipes Twitter et continueront à l'être ».

En outre, pour la firme à l'oiseau bleu, « les allégations et le timing opportuniste de Monsieur Zatko semblent destinés à capter l'attention et à porter préjudice à Twitter, ses clients et ses actionnaires ». Le patron du groupe, Parag Agrawal, doit bientôt s'adresser à ses collaborateurs mais a déjà tenu à rassurer. « Nous emprunterons toutes les voies pour défendre notre intégrité », a-t-il expliqué dans un e-mail interne révélé par Bloomberg.

Selon l'agence Reuters, une réorganisation est en cours pour fusionner deux équipes : celle chargée des bots et celle chargée de la réduction du contenu « toxique ». Toutefois, selon les défenseurs de Peiter Zatko, représenté par Whistleblower Aid (l'organisation qui a soutenu Frances Haugen, la lanceuse d'alerte chez Facebook), celui-ci aurait commencé à lancer des alertes bien avant que Musk ne s'intéresse à Twitter.

Quoi qu'il en soit, l'un des avocats d'Elon Musk a d'ores et déjà cité Peiter Zatko à comparaître, trouvant étranges son licenciement et celui d'autres employés « à la lumière de ce que nous avons découvert », relate l'AFP. Le procès opposant Twitter à Musk doit avoir lieu en octobre dans le Delaware, pour trancher si oui ou non le milliardaire peut renoncer à ce rachat, sous quelles conditions et s'il doit payer des indemnités de rupture.

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Et l'affaire pourrait connaître des répercussions un peu partout. D'ores et déjà, plusieurs personnalités politiques se sont saisies du sujet aux Etats-Unis et Twitter risque d'être scruté d'encore plus près par la justice américaine et les organismes officiels. De même, en France, la CNIL étudie le dossier, pour voir s'il y a - ou non - des manquements, selon «Le Figaro». Les investisseurs n'ont, en tout cas, pas apprécié ce rebondissement dans le feuilleton Twitter qui dure depuis des mois. L'action du site de microblogging a chuté de plus de 7 % mardi à New York, avant de se reprendre un peu mercredi (+1,4% à la mi séance).

Marina Alcaraz

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