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FLIGHTRADAR24 / LE MONDE

Les trajets en jet privé les plus fréquents en France et les alternatives (beaucoup moins polluantes) en train ou en voiture

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Publié le 06 septembre 2022 à 14h08, modifié le 16 septembre 2022 à 17h28

Temps de Lecture 2 min.

L’entraîneur du PSG, Christophe Galtier, a suscité une polémique en tentant de justifier l’usage de l’avion, plutôt que le TGV ou le « char à voile », pour se rendre à Nantes – des propos qu’il a dit regretter hier, reconnaissant une « blague de mauvais goût ». L’équipe parisienne avait loué un Boeing 737 de cinquante-six places pour faire un aller-retour Paris (CDG)-Nantes, pour son match de Ligue 1.

Un trajet de quarante-deux minutes auquel s’ajoutent les transferts vers l’aéroport de Roissy, puis le trajet de l’aéroport de Nantes au stade de la Beaujoire. Au retour, l’équipe a même dû prendre un bus jusqu’à Saint-Nazaire, car l’aéroport de Nantes n’autorise pas les départs après minuit, ce qui a occasionné un trajet à vide de douze minutes pour l’avion de la compagnie lituanienne KlasJet. Un total d’au moins quatre heures pour l’aller-retour, sans compter les temps d’attente, qui présente peu d’avantages face à un trajet en train (deux heures entre les gares de Paris-Montparnasse et de Nantes, comme le soulignait Alain Krakovitch, directeur de TGV-Intercités).

Mais l’indignation provient surtout de la pollution engendrée : sur ce trajet, le train rejette environ 100 fois moins de CO2 dans l’atmosphère : 134 kg pour 56 personnes en TGV, contre plus de 13 tonnes pour le jet, sans même compter le vol à vide entre Nantes et Saint-Nazaire et les trajets en bus.

Au-delà de cet exemple et d’autres très médiatisés durant l’été, comment sont utilisés les jets privés ? Pour le savoir, Le Monde a compilé les vols de 235 jets en activité immatriculés en France et analysé plus de 125 000 vols, dont plus de 30 000 effectués depuis le début de l’année 2022.

Ces données sont disponibles grâce aux capteurs ADS-B, obligatoires à bord de tout avion récent, librement accessibles en temps réel sur des sites tels qu’adsbexchange.com. Ces déplacements en jet pèsent de façon disproportionnée sur l’environnement : selon l’ONG Transport & Environment, un trajet en jet pollue entre cinq et quatorze fois plus qu’en avion de ligne, qui émet lui-même environ quarante fois plus qu’un train.

Nice, Genève et Bordeaux, les destinations privilégiées

Depuis le 1er janvier 2022, au moins 25 535 vols ont été effectués au départ ou à destination de la France.

Source : FlightRadar24 et calculs Le Monde

La grande majorité des vols s’effectue entre des villes bénéficiant d’une liaison commerciale directe, voire sont aisément reliées en train, avec un impact carbone bien moins élevé. L’exemple le plus évident est celui du trajet Paris-Bordeaux, qui a été parcouru au moins 375 fois en jet depuis le début de l’année 2022 : alors que les deux villes sont reliées en deux heures dix par TGV, le trajet en avion privé fait gagner à peine une heure et quart, en multipliant par 400 les émissions de CO2. Parmi les cinq trajets les plus fréquemment réalisés en France, seule Cannes, ville très prisée des amateurs de voyages privés, n’est pas accessible depuis Paris en avion. Toutefois, un vol direct jusqu’à Nice et un trajet en voiture d’environ quarante-cinq minutes permettent d’économiser les trois quarts des émissions de CO2.

Trajet Jet Avion Train Voiture En 2022
Source : FlightRadar24, SNCF, ADEME, calculateur EEA et calculs Le Monde

En mai, Elon Musk était épinglé pour un trajet d’à peine neuf minutes entre San Francisco et San José. Le directeur général de Tesla n’est pas seul à effectuer des trajets qui pourraient aisément s’effectuer en voiture (électrique). Depuis le 1er janvier, plus de 580 vols intérieurs en France métropolitaine ont duré moins de trente minutes. Chambery-Lyon, c’est une heure et trente minutes en voiture, et environ vingt-et-une minutes en jet, trois fois plus rapide pour au moins cinq fois plus d’émissions ; pourtant, ce vol a été fait plus de quarante fois depuis le début de l’année.

Des vols de moins de trente minutes

Depuis le 1er janvier 2022, on compte 732 vols de moins de 30 minutes en France métropolitaine par 125 jets privés différents.

Source : FlightRadar24 et calculs Le Monde

Le tableau ci-dessous compile les vols les plus courts effectués de façon répétée (c’est-à-dire plus d’une fois) en 2022. Les émissions de CO2 sont ici largement sous-estimées, car le calculateur de l’agence européenne pour l’environnement n’a pas été prévu pour des vols si courts – les phases de décollage et d’atterrissage sont en effet les plus gourmandes en carburant.

Trajet Jet Train Voiture En 2022
Source : FlightRadar24, SNCF, ADEME, calculateur EEA et calculs Le Monde

Article mis à jour  le 16 septembre : suite à une erreur due à un changement d’immatriculation, le nombre de trajets Avignon-Montpellier a été corrigé.

Aviation d’affaires ou de loisirs, la frontière est mince

Au niveau européen, la France est première en nombre de vols, souligne le rapport du groupe Transport & Environment. Selon ces calculs, en 2019, un vol sur dix au départ de la France était effectué avec un jet privé, et le secteur a aisément repris sa croissance depuis l’arrêt temporaire dû à la pandémie de Covid-19.

Mardi 23 août, sur France Inter, Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement, estimait que « dans la grande majorité des cas, ce sont des transports commerciaux, on envoie des équipes sur place ». Pourtant, dans la plupart des cas, les vols semblent se diriger vers des destinations ensoleillées. Selon les calculs du Monde, depuis début 2022, un vol sur seize a eu Nice pour destination et la moitié des dix destinations les plus prisées se trouvent en région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Figari (Corse), Ibiza et Palma de Majorque se classent respectivement 13e, 17e et 18e, devant les capitales européennes Bruxelles (23e), Amsterdam (24e) ou Rome (32e).

En juin, juillet et août, la jet-set choisit des destinations estivales classiques : Catane, en Sicile, ou Olbia, en Sardaigne, sont beaucoup plus fréquentées que le reste de l’année. Moins connu des vacanciers, Le Mans se place aussi dans cette liste, avec un pic de fréquentation en juin 2022, correspondant à la course automobile des 24 Heures du Mans (en 2021, le nombre d’atterrissage avait augmenté en août, date à laquelle la compétition avait été décalée pour raisons sanitaires).

Méthodologie

Nous avons fait le choix d'utiliser le mot « jet » pour tout avion d'affaires, à l'instar de l'ONG Transport & Environment. Pour les identifier, nous sommes partis du registre des avions immatriculés en France, disponible librement auprès de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) qui publie chaque mois l'immatriculation, le modèle et le nom des propriétaires. Les modèles pertinents ont été sélectionnés grâce à la segmentation utilisée par l'Organisation européenne pour la sécurité de la navigation aérienne.
 
Les trajets de chaque avion ont ensuite été compilés grâce à FlightRadar24. Certains historiques de vols peuvent être manquants car ce site ne recense pas les trajets d'avions inscrits sur les listes d'interdiction de suivi (par exemple, ASDI Block list). Les vols Air France, ou ceux qui ne revèlent pas leur lieu de décollage et/ou d'atterrissage ont été exclus.
 
Pour l'estimation du calcul des émissions de CO2, nous avons utilisé : 
- pour le jet, le calculateur de l'Agence européenne pour l'environnement, sur la base de 2 passagers dans un Citation 525 (code C525), modèle le plus courant dans la flotte de Valljet ; 
- pour les avions de ligne, la base carbone de l'Ademe, en choisissant « Avion passagers - 51-100 sièges, 500-1000 kms, 2018 - AVEC trainées » ;
- pour la voiture, la base carbone de l'Ademe en choisissant « Voiture - Motorisation moyenne - 2018 » avec 2 passagers ;
- pour le train, le calculateur disponible sur le site de la SNCF, aligné sur la base carbone de l'Ademe.

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