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La France est-elle le plus gros emprunteur de la zone euro ?

Contrairement à ce qu'avance Gilles Carrez, président UMP de la commission des finances de l'Assemblée nationale, l'Italie prévoit d'emprunter plus que la France en 2014.

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Publié le 24 avril 2014 à 11h24, modifié le 28 avril 2014 à 10h48

Temps de Lecture 4 min.

Contrairement à ce qu'avance Gilles Carrez, président UMP de la commission des finances de l'Assemblée nationale, l'Italie prévoit d'emprunter plus que la France en 2014.

Le plan d'économies de 50 milliards d'euros annoncé par Manuel Valls mercredi 16 avril et présenté mercredi 23 avril en conseil des ministres a provoqué une levée de boucliers chez une partie de la majorité, qui le juge trop radical. L'opposition, au contraire, considère que ce plan ne va pas assez loin.

Vendredi 18 avril, Gilles Carrez, le président UMP de la commission des finances de l'Assemblée nationale, a déclaré, dans un entretien au Figaro, que « 50 milliards d'économies ne suffiront pas », mettant en garde contre le risque que la France ne puisse plus emprunter aux mêmes conditions avantageuses sur les marchés financiers qu'elle le faisait jusqu'à présent.

Ce qu'il a dit à propos du plan d'économies :

« C'est un choix inévitable car notre pays est devenu le premier emprunteur de la zone euro. Notre endettement va rapidement atteindre les 100 % du PIB et nos créanciers, aux deux tiers étrangers, peuvent à tout moment demander à la France une sorte de “prime de risque” car ils constatent que nous sommes incapables de tenir nos engagements et que nos comptes publics ont lourdement dérapé en 2013. »

pourquoi c'est faux

Si la France est bien l'un des plus gros émetteurs de dette de la zone euro, c'est l'Italie qui prévoit d'emprunter le plus cette année. Selon les économistes de Natixis, la France prévoit d'émettre 198 milliards d'euros de dette à moyen et long termes. C'est un peu plus que le montant émis en 2013, qui s'élevait à 192 milliards d'euros.

Selon le même document, les économistes de Natixis tablent sur un programme de 235 milliards d'euros pour l'Italie, bien supérieur aux émissions françaises. Pour autant, Rome va réduire son programme d'emprunt cette année, contrairement à Paris.

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Reste que comparer la santé économique des pays de la zone euro en fonction de cette donnée n'est pas toujours aisé, car les Trésors ou les agences de la dette ne retiennent pas les mêmes périmètres pour mesurer leurs emprunts.

Les marchés retiennent pour leur part la donnée financière que sont les taux d'intérêt à dix ans, qui incarnent la valeur de référence. A ce titre, la dette française demeure parmi les plus sûres de la zone euro. Les économistes, mettant en regard la faiblesse des indicateurs tricolores (croissance, endettement...) et les taux historiquement bas dont elle bénéficie, parlent d'« exception française »

Natixis note ainsi que, « quand on regarde les taux d'intérêt sur les dettes publiques (...), on voit que les marchés financiers considèrent que la situation de la France est meilleure que celle de l'Espagne et de l'Italie [qui paient une forte prime de risque] et bien sûr moins bonne que celle de l'Allemagne ». Chypre, la Grèce et le Portugal, tous trois dans la zone euro et sous aide internationale, ont même été pendant plusieurs années dans l'incapacité de solliciter les marchés.

L'Agence France Trésor chargée de gérer les émissions de la dette du pays, relate dans son bulletin de mars 2014 que « le coût de financement à moyen et long terme a atteint un plancher de 1,54 %, contre 1,86 % en 2012 et une moyenne de 4,15 sur la période 1998-2007 ».

La situation étant qualifiée d'exceptionnelle, elle pourrait, par définition, ne pas durer.

Sur la question de l'endettement de la France, Le Figaro avait calculé, en septembre 2013, qu'il atteindrait le taux record de 95,1 % du PIB fin 2014 (soit environ 1 950 milliards d'euros), contre 90,2 % en 2012 et 93,4 en 2013. Le ministre de l'économie d'alors, Pierre Moscovici, n'avais pas démenti ce chiffre, mais assuré qu'il allait atteindre un « maximum avant de décroître ». 

3 %

Quant au déficit de la France, que le plan d'économies du gouvernement prévoit de ramener à 3 % en 2015, Gilles Carrez a estimé que la gauche ne tiendrait pas son engagement. Interrogé mercredi 23 avril sur France Inter, il a rappelé que la France avait d'ailleurs rarement respecté ses promesses.

Ce qu'il a dit :

« En réalité, nous n'avons tenu nos engagements figurant dans les programmes de stabilité qu'en 2010 et en 2011. »

pourquoi c'est un peu flou

Les engagements de réduction du déficit de la France auprès de la Commission européenne étant régulièrement renégociés, il est difficile de trancher quant à la véracité de cette affirmation. Depuis le début de la crise de 2008, la France a obtenu deux reports pour atteindre le seuil de 3 % du PIB. Elle n'a donc pas respecté ses engagements, mais avec l'accord de la Commission.

Mais, si l'on se base sur les seuls programmes de stabilité, Gilles Carrez dit vrai : en 2010, le déficit public de la France devait atteindre 8,2 % du PIB en 2010 et 6 % en 2011. Or, selon les chiffres de l'Insee, il s'est finalement établi à 7 % du PIB en 2010 et 5,2 % en 2011, la France a donc plus que respecté ses engagements de réduction du déficit ces années-là.

En revanche, la performance n'est pas aussi bonne sur les années suivantes : si l'on regarde le programme de stabilité 2011-2014, il apparaît qu'il était prévu de réduire le déficit à 4,6 % du PIB en 2012 et 3 % en 2013. En réalité, il a atteint 4,9 % en 2012 et 4,3 % en 2013.

La France bénéficie encore de taux extrêmement bas par rapport à sa situation de deuxième plus gros emprunteur de la zone euro, un contexte qui pourrait ne pas perdurer. Si le déficit n'est pas ramené à 3 % du PIB en 2015, la crédibilité du pays serait affectée, ce qui entraînerait probablement une hausse des taux d'intérêt... si la situation des pays voisins n'est pas pire !

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