Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?
Valeryi Dornienko vit avec sa femme et leur fils handicapé dans un immeuble du centre ville d'Izioum, touché lors d'un bombardement russe qui a fait sauté le gaz et brulé toute la cuisine. Ils n'ont ni eau, ni électricité depuis le mois de mars 2022. Le 21 septembre 2022 à Izioum, en Ukraine.
SAMUEL GRATACAP POUR « LE MONDE »

Dans les ruines d’Izioum, ville ukrainienne libérée et suppliciée

Par  (Izioum (Ukraine), envoyée spéciale)
Publié le 26 septembre 2022 à 03h36, modifié le 26 septembre 2022 à 12h26

Temps de Lecture 6 min. Read in English

Le fauteuil à roulettes du soldat russe de permanence, son casque sur la table, son roman policier, ses deux bouteilles d’eau sont restés à l’entrée du commissariat. Une plante verte, soigneusement arrosée, décore toujours l’entrée du couloir. Tout de suite derrière s’ouvrent les ténèbres : des cachots minuscules en enfilade, paillasse sur le sol, excréments, hardes souillées, une gamelle avec deux cuillères dedans. Les fenêtres obstruées maintiennent une puanteur et une obscurité permanentes. En dessous, dans la cave, d’autres cellules, pires encore. Au-dessus, un bureau a été transformé en salle d’interrogatoire, ou plutôt de torture, où les fils électriques serpentent encore au sol.

On est dans un poste de police d’Izioum, ville libérée le 11 septembre 2022 de l’occupation russe, dans l’est de l’Ukraine. Une délégation de diplomates est conduite par des officiels locaux dans cette cité devenue un des symboles de la guerre, après la découverte de tombes par centaines, en lisière du cimetière Shakespeare.

Aucune bâtisse intacte

Escorté d’experts et de magistrats, le gouverneur, Oleg Synehoubov, ouvre la marche à grandes enjambées dans le commissariat. L’habitude. Le mot est terrible à prononcer ici, plus terrible encore à expliquer : dans la région de Kharkiv, restée six mois sous contrôle russe, « chaque ville avait son centre de torture », détaille le général Volodymyr Tymochko, chef de la police régionale. A Izioum, cinq centres semblables ont déjà été découverts, dans un hôpital, un entrepôt ou une école. « Et cette ville n’est pas une exception : il s’agissait d’un véritable système », continue de son côté un procureur ukrainien.

Dans une cellule, au sous-sol du commissariat central d’Izioum, devenu lieu de détention et de torture de civils ukrainiens durant l’occupation russe. A Izioum, en Ukraine, le 23 septembre 2022.
Dans une cellule du commissariat central d’Izioum, transformé en lieu de torture de civils ukrainiens, durant l’occupation russe. A Izioum, en Ukraine, le 23 septembre 2022.

Une dizaine d’autres lieux ont pour l’instant été recensés dans l’ex-zone occupée. A Vovtchansk, ça se passait dans l’usine de granulats, à Kozatcha Lopan dans la gare, mais le plus souvent dans les postes de police, comme à Koupiansk, Volokhiv Yar ou Balakliïa. Là, dans une geôle, un calendrier égrène les jours puis s’arrête brusquement, une prière a été gravée sur le mur : « Notre père qui es aux cieux… » Les soldats russes ont fui si vite devant l’avancée ukrainienne que les captifs se sont libérés seuls, une quarantaine à Balakliïa.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Guerre en Ukraine : à Izioum, dans la cité des morts

Montrer est un enjeu crucial pour les autorités ukrainiennes, au moment où le pays se bat pour saisir les cours de justice Internationales. « Mais cette contre-offensive, c’est aussi notre point de départ, estime Maksym Rosenfeld, artiste et architecte à Kharkiv. A nous de montrer notre capacité d’invention. Tout recommencer, c’est notre destin désormais. » A Izioum, l’an 1 vient de commencer.

Il vous reste 70.52% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.