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Pénurie de carburant: l'impossibilité de faire le plein n'est pas une excuse valable pour ne pas aller travailler

Pour les salariés qui ne peuvent utiliser leur voiture, il faudra trouver des solutions alternatives ou poser des congés.

Files d'attente interminables et stations-service à sec, la grève dans les raffineries met les nerfs des automobilistes à dure épreuve. Pire, dans certains cas, il devient impossible pour des salariés de rejoindre leur travail, faute d'essence et de transports en commun à proximité.

Cette absence généralisée de carburant peut-elle justifier une absence à son travail? Selon le Code du Travail, le salarié qui ne peut se rendre au travail doit pouvoir justifier d'un cas de force majeure (en dehors évidemment d'un problème de santé).

Et pour la loi, un cas de force majeure est constitué quand il est "extérieur au salarié, imprévisible et irrésistible". Or, si la pénurie de carburant est bel et bien "extérieure au salarié", elle n'est pas "irrésistible" et encore moins "imprévisible" puisque annoncée chaque jour. Le salarié a donc la possibilité de prendre ses dispositions pour adapter son trajet domicile-travail.

En effet, des solutions alternatives de transport existent comme le covoiturage, le vélo...

Pas un cas de force majeure

Et si aucune de ces pistes n'est exploitable, le salarié immobilisé chez lui devra proposer d'être en télétravail et si ce n'est pas possible, poser un jour de RTT, de congé payé ou de récupération voire un congé sans solde.

"Il appartient au salarié de prévenir sans délai son employeur de son absence. Il sera en absence justifiée car c’est une absence indépendante de la volonté du salarie. Mais l’employeur n’a pas l’obligation de rémunérer la journée non travaillée. En cas d’accord entre le salarié et l’employeur cela peut être couvert avec une journée de congés payés ou de RTT" résume pour BFM Business, Marion Kahn-Guerra, avocate spécialisée dans le droit du travail.

Surtout que le trajet domicile-travail relève du choix de l'employé, de sa responsabilité, et non de celle de l'employeur.

Ne pas venir sur son lieu de travail sans proposer ce type de solutions permet en théorie à son employeur de retirer autant de jours de salaires que de jours d'absence. Mais il ne pourra pas infliger une sanction au salarié puisqu'il n'y a pas faute.

Le dialogue entre le salarié et sa direction demeure le meilleur moyen d'éviter les problèmes et de mettre en place des solutions adaptées. Des éléments qui prouvent son incapacité à se déplacer (photos des stations à sec, preuve qu'il n'y a pas de transports en commun) seront toujours bienvenus pour prouver sa bonne foi.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business