« Bombe sale »

Moscou accusé de chercher un prétexte pour une escalade

L’Ukraine se prépare à utiliser une « bombe sale », a prétendu la Russie lors d’entretiens téléphoniques avec des pays de l’OTAN, dimanche. Des allégations rejetées par Kyiv et Washington, qui craignent le pire.

« Aussi absurde que dangereux »

Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, s’est entretenu dimanche au téléphone avec ses homologues américain, français, britannique et turc à propos du conflit en Ukraine.

Au cours de ces échanges d’une intensité inédite en un seul jour pour M. Choïgou depuis le début de l’offensive russe en Ukraine le 24 février, il a fait part à la plupart de ses interlocuteurs de « ses préoccupations liées à d’éventuelles provocations de la part de l’Ukraine avec le recours à une bombe sale [contenant des matériaux radioactifs] », selon son ministère.

« Les affabulations russes à propos de l’Ukraine qui se préparerait à utiliser une bombe sale sont aussi absurdes qu’elles sont dangereuses », a réagi dimanche en début de soirée le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, sur les réseaux sociaux.

« Si la Russie appelle et dit que l’Ukraine serait en train de préparer quelque chose, cela signifie une seule chose : la Russie a déjà préparé tout cela. Je crois que désormais, le monde doit réagir aussi durement que possible », a pour sa part fustigé le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.

Une paix « possible », selon Macron

« Une paix est possible » en Ukraine quand les Ukrainiens « le décideront », a déclaré dimanche le président français, Emmanuel Macron, à l’ouverture d’un sommet pour la paix à Rome, organisé par la communauté catholique italienne Sant’Egidio.

« À un moment, en fonction de l’évolution des choses et quand le peuple ukrainien et ses dirigeants l’auront décidé, dans les termes qu’ils auront décidés, la paix se bâtira avec l’autre, qui est l’ennemi d’aujourd’hui, autour d’une table », a estimé le président français lors d’un discours.

Tout en soutenant diplomatiquement et militairement l’Ukraine, le chef de l’État français assume depuis le début du conflit ukrainien de continuer à parler à son homologue russe Vladimir Poutine, à la différence d’autres dirigeants occidentaux et notamment du président américain, Joe Biden.

Il a encore plaidé, vendredi à Bruxelles, pour que Kyiv et Moscou reviennent « autour de la table » lorsque ce sera « acceptable » pour le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Coupures d’électricité à Kyiv

Les Ukrainiens ont une nouvelle fois subi dimanche des coupures d’électricité, conséquence des frappes russes répétées visant les infrastructures du pays.

L’opérateur national Ukrenergo a procédé à des coupures électriques à Kyiv pour « stabiliser » l’apport en électricité, selon le fournisseur privé d’électricité ukrainien DTEK.

Depuis une dizaine de jours, la Russie multiplie les frappes sur le réseau ukrainien, entraînant la destruction d’au moins un tiers de ses capacités, juste avant l’hiver.

Les frappes de l’armée russe ont aussi ciblé et détruit dimanche dans le centre de l’Ukraine un dépôt avec 100 000 tonnes de carburant destiné à l’aviation ukrainienne, ainsi que plusieurs dépôts de munitions et un réservoir de pétrole avec du carburant diesel destiné aux véhicules militaires ukrainiens, a affirmé le ministère russe de la Défense.

Frontière russe en alerte

La Russie fait actuellement face à une vaste contre-offensive ukrainienne et dénonce une « augmentation considérable » des tirs ukrainiens sur plusieurs régions russes frontalières, dont celles de Belgorod et de Koursk.

Deux lignes de défense ont été construites dans la région de Koursk pour faire face à une éventuelle attaque des forces ukrainiennes, a annoncé dimanche le gouverneur de la région, Roman Starovoït. « Nous sommes prêts à faire face à toute atteinte à notre territoire », a-t-il assuré.

Le gouverneur de la région de Belgorod, où deux personnes ont été tuées samedi par des frappes ukrainiennes selon les autorités locales, a également annoncé le même jour le début de la construction d’une ligne de défense.

Dans le sud de l’Ukraine, les autorités prorusses de la région de Kherson ont appelé samedi les civils à quitter « immédiatement » la capitale régionale, face à l’avancée des forces de Kyiv.

L’Iran fournira 40 turbines à la Russie

L’Iran a annoncé dimanche la signature d’un contrat avec la Russie portant sur la fourniture de « 40 turbines » destinées à aider l’industrie gazière du pays frappé par les sanctions occidentales.

« Les succès industriels » de l’Iran « ne se limitent pas au domaine des missiles et des drones », a déclaré le directeur général de la compagnie gazière iranienne (Iranian Gas Engineering and Development Company), Reza Noushadi, cité par l’agence de presse du ministère du Pétrole, Shana.

« Actuellement, 85 % des installations et des équipements dont a besoin l’industrie du gaz sont fabriqués à l’intérieur du pays et en tenant compte de cette capacité, un contrat a été récemment signé pour exporter en Russie 40 turbines de fabrication iranienne », a indiqué le responsable.

Il n’a pas précisé quand le contrat a été signé ni quand est prévue la livraison des turbines.

Ce qu’il faut savoir

• « Une paix est possible » en Ukraine, a dit Emmanuel Macron lors d’un sommet pour la paix à Rome.

• Les Ukrainiens ont une nouvelle fois subi dimanche des coupures d’électricité en raison des frappes russes.

• La Russie construit des lignes de défense pour se protéger à la frontière avec l’Ukraine.

• Téhéran fourniera 40 turbines à l’industrie gazière russe.

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