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Elon Musk rachète Twitter: la mise en garde de la Commission européenne

Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur, a réagi ce vendredi à la suite du rachat de Twitter par le multimilliardaire Elon Musk.

Temps de lecture: 5 min

Le réseau social Twitter, racheté par Elon Musk, devra en Europe respecter la réglementation sur les grandes plateformes qui vient d’être adoptée, a prévenu vendredi le commissaire européen au Marché intérieur Thierry Breton, initiateur de cette législation.

En réponse à l’entrepreneur qui a tweeté jeudi soir « l’oiseau est libre » après avoir pris le contrôle de la plateforme, acquise pour 44 milliards de dollars, M. Breton a tweeté : « En Europe, l’oiseau volera selon nos règles européennes ».

Le commissaire européen a mis un lien vers une vidéo publiée en mai dernier le montrant au côté du patron de Tesla dans son usine automobile à Austin au Texas. Ce dernier assurait être « sur la même longueur d’onde » que le responsable européen à propos de la nouvelle réglementation de l’UE sur le numérique et ses obligations imposées aux plateformes en matière de modération de contenus.

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Mais la prise de contrôle de Twitter par Elon Musk inquiète une grande partie des salariés de Twitter, de nombreux utilisateurs et des ONG qui appellent les réseaux sociaux à mieux lutter contre le harcèlement et la désinformation.

Car le multimilliardaire, se présentant comme un ardent défenseur de la liberté d’expression, veut assouplir la modération des contenus. Il a ouvert la porte à un retour de Donald Trump, évincé de Twitter peu après avoir soutenu ses partisans qui ont pris part à l’assaut du Capitole en janvier 2021.

Règlement à venir

Le règlement sur les services numériques (DSA) a été publié jeudi au Journal officiel de l’UE, et s’appliquera à partir de début 2024. Il imposera le retrait rapide de tout contenu illicite (selon les lois nationales et européennes) dès qu’une plateforme en aura connaissance. Il contraindra les réseaux sociaux à suspendre les utilisateurs violant « fréquemment » la loi.

Il impose aux « très grandes plateformes », celles comptant « plus de 45 millions d’utilisateurs actifs » dans l’UE, d’évaluer elles-mêmes les risques liés à l’utilisation de leurs services et de mettre en place les moyens appropriés pour retirer des contenus problématiques. Elles se verront imposer une transparence accrue sur leurs algorithmes et seront auditées une fois par an par des organismes indépendants.

Une véritable saga

Après des mois d’une saga à rebondissements, le nouveau patron a immédiatement licencié le patron Parag Agrawal et deux autres dirigeants, le directeur financier Ned Segal et la responsable des affaires juridiques Vijaya Gadde, selon des sources anonymes de la chaîne CNBC et du Washington Post.

Twitter n’a pas répondu à une sollicitation de l’AFP dans l’immédiat. Elon Musk avait jusqu’à vendredi pour conclure l’acquisition du réseau social, faute de quoi un procès aurait eu lieu en novembre.

L’opération traînait en effet depuis l’annonce fin avril d’une offre d’acquisition à 44 milliards de dollars, acceptée à contrecoeur par Twitter. L’entrepreneur a cherché à s’en extraire unilatéralement début juillet, accusant l’entreprise de lui avoir menti mais le conseil d’administration de la société a saisi la justice.

Au début du mois, à quelques jours de l’ouverture d’un procès que Twitter semblait bien parti pour gagner, Elon Musk a finalement proposé de conclure la transaction au prix initialement convenu.

Mercredi, il s’est rendu au siège de Twitter à San Francisco et s’est rebaptisé « Chief Twit » sur son profil --«twit » voulant dire « crétin » en anglais. Il a ensuite retweeté une photo de lui entouré d’employés de Twitter, dans un café du bureau.

Jeudi soir, plusieurs salariés du groupe californien ont affiché leur soutien à l’ancienne direction. « Merci à Parag Agrawal, à Vijaya Gadde et Ned Segal pour leur contribution collective à Twitter », a ainsi écrit Biz Stone, cofondateur du réseau, saluant leur « talent immense » et leur « humanité ».

« Avenir de la civilisation »

Fin avril, peu après avoir signé l’accord initial de rachat, Elon Musk avait critiqué publiquement des cadres de Twitter et s’était moqué de Vijaya Gadde. Sa prise de contrôle inquiète une grande partie des salariés de Twitter, de nombreux utilisateurs et des ONG qui appellent les réseaux sociaux à mieux lutter contre les abus, du harcèlement à la désinformation.

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Car le multimilliardaire, se présentant comme un ardent défenseur de la liberté d’expression, veut assouplir la modération des contenus. Il a ouvert la porte à un retour de Donald Trump, évincé de Twitter peu après avoir soutenu ses partisans qui ont pris part à l’assaut du Capitole en janvier 2021.

Des élus républicains et soutiens de Donald Trump ont d’ailleurs salué le changement potentiel d’orientation de Twitter. « LIBERTE D’EXPRESSION!!! », a par exemple tweeté jeudi soir Marjorie Taylor Greene, une élue d’extrême droite.

Mais les annonceurs, eux, préfèrent généralement adosser leurs pubs à des contenus consensuels. Jeudi, Elon Musk a tenté de les rassurer en affirmant vouloir permettre à toutes les opinions de s’exprimer sur le réseau social, sans pour autant en faire une plateforme « infernale » où tout serait permis.

Il est « important pour l’avenir de la civilisation d’avoir une place publique en ligne où une grande variété d’opinions peuvent débattre de façon saine, sans recourir à la violence », a-t-il écrit dans un message spécifiquement adressé aux marques, qui rapportent l’essentiel des revenus de Twitter.

Il assure aussi qu’il n’a pas engagé le rachat parce que c’était « facile » ou « pour se faire de l’argent », mais pour « essayer d’aider l’humanité ».

« Départs volontaires »

Elon Musk veut par ailleurs renforcer la lutte contre les spams. Il a aussi fait des allusions cryptiques à « X », sa vision d’une application à tout faire (messagerie, réseau social, services financiers…), comme WeChat en Chine. Un employé, qui a parlé à l’AFP sous couvert d’anonymat, a calculé que plus de 700 salariés avaient quitté le groupe californien depuis juin, d’après les chiffres en interne.

« Ce sont plutôt des départs volontaires, soit pour des raisons éthiques, soit pour des raisons bassement financières, parce qu’une entreprise non cotée, c’est moins intéressant », estime-t-il. Le dirigeant a, en effet, prévu de sortir Twitter de la Bourse.

Au début du mois, il avait pourtant déclaré lors d’une conférence qu’il était « essentiel » que Tesla soit coté à Wall Street, « parce que si le public n’aime pas ce que fait Tesla, le public peut acheter des actions et voter différemment ». « C’est très important que je ne puisse pas juste faire ce que je veux », avait-il ajouté, hilare.

 

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8 Commentaires

  • Posté par Retine Marc, vendredi 28 octobre 2022, 12:29

    Avec cette acquisition EM prépare très bien son entrée OFFICIELLE en politique... Le vieux Donald va s'en aller, Mc Duck arrive!

  • Posté par Van Obberghen Paul, vendredi 28 octobre 2022, 11:44

    La liberté d'expression, comme toutes les libertés, est inextricablement liée à la responsabilité de l'exercer. Elon Musk, comme une bonne part des Américains (et pas que), veulent la Liberté mais pas les responsabilités qui y sont associées. A vrai dire, il est peu probable qu'Elon Musk considère la liberté d'expression comme une priorité dans son rachat de Twitter. Plus que les montagnes de pognon que cela lui rapportera, Elon Musk y trouvera un levier de pouvoir qui a déjà prouvé qu'il était énorme et qu'il compte bien grandir encore et faire sien exclusivement. A la tête de Twitter, il sera Président virtuel non seulement des Etats-Unis mais du Monde entier, orientant les opinions publiques dans le sens qui lui plaira. Elon Musk n'est pas un démocrate. Je ne parle pas du parti qui va se faire ratatiner aux prochaines élections américaines, je parle en général.

  • Posté par lucas patrick, vendredi 28 octobre 2022, 11:39

    Mais bon Dieu, c'est le monde à l'envers ! C'est VOUS -Commission européenne- qui nous bâillonnez: affairisme sur le COVID (chape de plomb et vous continuez à faire piquer, à ne pas réintégrer ls personnels de santé alors que les statistiques de santé s'affolent ttes causes confondues) , affairisme sur la guerre en Ukraine (le business des ventes d'armes est florissant mais l'EU n'a aucun intérêt à prendre parti dans cette guerre entrenue par l'Oncle Sam: Poutine fera tjs pire chaque fois qu'il sera poussé à reculer et ... nous sommes ses voisins par l'Oncle Sam)

  • Posté par Van Obberghen Paul, vendredi 28 octobre 2022, 11:57

    Je vous rappelle que les Etats-Unis sont AUSSI voisins de la Russie par le Détroit de Béring à l'Ouest de l'Alaska. Et que sans les E.U., l'Ukraine n'existerait plus, ce qui vous réjouirait sans doute. Mais plus que cela, sans les E.U., l'Europe aurait été entièrement nazie puis bolchévique. J'imagine que cela vous désole qu'aucune de ces 2 grandes incarnations de l'Humanisme ne ce soient implantées ici. Moi pas. Les Etats-Unis font exactement ce que font TOUS les pays du Monde, Russie et Chine comprises: ils priorisent leurs intérêts commerciaux, politiques et stratégiques. Ce que l'Union européenne essaie, tant bien que mal, de faire également, quoi que largement handicapé par... les intérêts nationaux, justement, des pays qui la composent. L'enjeu n'est rien moins que la survie de la Démocratie, le pire des systèmes politiques, à l'exclusion de tous les autres, comme disait Churchill. Et donc, de 3 pires, Fascisme, Communisme et Démocratie, je choisi le moindre. Ça n'est pas votre choix, de toutes évidences.

  • Posté par Z pour Zorglub, vendredi 28 octobre 2022, 11:22

    « Des ONG qui appellent à lutter contre la désinformation ». Vous voulez dire les informations qui ne vont pas dans la direction dictée par leur financier, les USA ? Sont pas très efficaces alor parce que les mensonges se ramassent à la pelle, y compris dans cette feuille de chou. Au fait Mr Reignier, les russes s’autorise bombardent tjs autant ? les Tankers d’Odessa sont remplis de blé à destination du tiers monde ? Pas vraiment apparemment.

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