Le nombre des maisons closes contrôlées par la police et bénéficiant d’une certaine légalité, a commencé à diminuer dans la foulée de la révolution de 2011 en Tunisie. Et avec la pandémie de Covid-19, ces lieux de prostitution ont fini par disparaître, note dans un reportage le site Al-Monitor. Si dans la loi tunisienne les rapports sexuels tarifés sont passibles de prison, un certain nombre de “bordels” étaient jusque-là tolérés, et étroitement contrôlés par la police. En Tunisie, le travail du sexe existe depuis l’époque ottomane.

En 2011, elles étaient près de 300 femmes à pratiquer la prostitution dans des maisons closes contrôlées et même protégées par l’État. Mais sous la constante pression des islamistes, qui ont pu gouverner jusqu’en 2021, ces “institutions” ont commencé peu à peu à disparaître, laissant les travailleuses du sexe sans protection, livrées à elles-mêmes, et pratiquant la prostitution sans aucun cadre légal.

Les deux dernières maisons closes, celles de la capitale, Tunis, et de Sfax (à 270 kilomètres au sud de Tunis), ont fini par disparaître, au moment du confinement général dû à la pandémie de Covid-19, qui a complètement paralysé le pays.

Clairement opposé à la prostitution, Ahmed Gaaloul, un des leaders du mouvement islamiste Ennahda, défend cependant une autre approche. Pour lui, il est important de sauver les “victimes de cette injustice en les soutenant financièrement et socialement afin qu’elles n’aient pas besoin de s’impliquer dans ce business”. De même qu’il est favorable à ce que l’État régule l’activité de la prostitution pour aider les femmes impliquées à “se libérer de ce piège”.

“Mon amie a récemment rencontré un homme qui a proposé de l’amener chez lui, raconte Hanen, 35 ans, une travailleuse du sexe. Elle y est allée en s’attendant à être avec un seul homme, mais ils étaient cinq. Ils l’ont tous violée puis battue… Cela arrive tout le temps.” Du temps où les bordels étaient ouverts, Hanen se sentait protégée, tandis que, maintenant, elle ne peut même pas dormir en toute sécurité.

Selon la responsable d’une association qui soutient ces femmes, “de nombreuses anciennes travailleuses du sexe privées d’accès aux soins de santé et aux structures médicales sont exposées à des virus et victimes de maladies”.