Les plans de réduction des pesticides demeurent un problème «  non résolu », selon le commissaire à l’Agriculture

Le Commissaire européen à l'Agriculture, Janusz Wojciechowski. [European Union]

Selon le commissaire européen à l’Agriculture, Janusz Wojciechowski, trouver l’approche la plus équitable pour réduire l’utilisation des pesticides demeure un problème « complexe et non résolu ». Par ailleurs, les États membres devraient bientôt demander officiellement une analyse d’impact plus complète des plans de l’exécutif.

« Il est difficile de trouver le juste équilibre entre les obligations de réduire les émissions, de diminuer l’utilisation des pesticides dans les États membres et la manière dont cela doit être réparti », a déclaré Janusz Wojciechowski lors d’une conférence de presse organisée à la suite d’une réunion des ministres européens de l’Agriculture à Bruxelles lundi (21 novembre).

Le commissaire a souligné la nature délicate de la situation et a expliqué que l’utilisation de substances actives, qui peut varier considérablement d’un État membre à l’autre, reste au cœur du problème.

En vertu d’une proposition de révision du cadre actuel relatif aux pesticides, présenté en juin dernier, les États membres seront invités à fixer leurs propres objectifs nationaux de réduction de l’utilisation des pesticides selon des paramètres définis.

L’ensemble de ces objectifs doit permettre à l’UE de réduire de moitié l’utilisation des pesticides et les risques qui y sont liés d’ici à 2030, comme prévu par la politique alimentaire phare de la Commission européenne, la stratégie « de la ferme à la table » (Farm to Fork).

En août, la Commission a communiqué aux États membres les résultats d’un exercice sur les contributions nationales attendues pour atteindre l’objectif de réduction juridiquement contraignant de l’Union. La formule et les paramètres utilisés pour cet exercice figurent dans l’annexe de la proposition actuelle.

Cependant, le résultat final a suscité l’indignation de certains États membres censés observer des réductions de plus de 60 % pour réaliser l’objectif global de l’UE.

Certains eurodéputés ont également exprimé leurs inquiétudes quant à l’impact potentiel de la proposition sur la sécurité alimentaire de l’Union.

Les projets de la Commission pour réduire l’utilisation des pesticides critiqués par les États membres

Les États membres de l’UE ont demandé une analyse d’impact sur la proposition de la Commission visant à réduire l’utilisation et les risques liés aux pesticides en raison de préoccupations concernant la sécurité alimentaire.

Un problème non résolu

« Les écarts en matière d’utilisation des pesticides sont considérables entre les États membres et cet effort de réduction sera difficile à répartir [entre eux] », a-t-il indiqué avant d’ajouter que la mise en place d’une « approche juste et équitable » en vue de la réduction de l’utilisation des pesticides est un « sujet sensible ».

Le commissaire a donc conclu que la définition de ce qui serait la meilleure approche pour la réduction était une question « difficile et non résolue ».

Ses remarques font suite aux annonces indiquant que les États membres se préparent à soumettre officiellement une demande d’analyse d’impact plus complète des plans de l’exécutif européen.

« Nous avons besoin que la Commission nous fournisse davantage de données pour mieux évaluer l’impact de cette proposition », a confirmé le ministre tchèque de l’Agriculture, Zdeněk Nekula, lors de la conférence de presse de lundi.

Bien que la Commission européenne ait déjà procédé à une analyse d’impact de sa proposition de règlement sur l’utilisation durable des pesticides avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les États membres affirment que cette analyse est désormais obsolète en raison des répercussions de la guerre sur la chaîne alimentaire mondiale.

Ce n’est pas la première fois que les membres du bloc demandent une évaluation plus approfondie de la situation.

Avec un certain nombre d’autres États membres, notamment la Hongrie, l’Autriche, l’Espagne et la Roumanie, la Pologne a proposé une telle évaluation pour la première fois en septembre.

L’idée a désormais le soutien d’un nombre suffisant d’États pour que la demande soit prise en compte lors des réunions préparatoires avec les ambassadeurs de l’UE et que le Conseil prenne officiellement une décision.

Les États membres vont à présent « commencer à travailler sur une décision du Conseil invitant la Commission à fournir les données qui manquent », a déclaré le ministre avant d’indiquer que cette décision était envisagée pour décembre.

La Commission défend la législation sur la réduction des pesticides face à l’opposition des États membres

La commissaire européenne chargée de la Sécurité alimentaire, a défendu les projets de révision du cadre communautaire relatif aux pesticides de l’exécutif européen, mais n’a pas voulu communiquer de date pour la publication de la proposition.

[Édité par Anne-Sophie Gayet]

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