C’est ce que raconte ce journaliste dans la même archive de 1971. Il assistait alors à un mariage. "Si sa femme lui en donne l’autorisation, il (l’homme iranien, ndlr) pourra en prendre une deuxième." Et d'ajouter : "La femme iranienne, qui doit quitter son voile depuis 1935 mais ne le fait pas toujours, vote depuis 1963 et peut être élue. Il y a des femmes ministres, sénateurs, professeurs, médecins. Elle prend la pilule qui est distribuée gratuitement."
Elle prend la pilule qui est distribuée gratuitement
"Le divorce, aujourd’hui plus difficile à obtenir qu’auparavant (du point de vue d’un homme, ndlr). Il suffisait alors au mari de se rendre chez le prêtre qui avertissait l’épouse de sa situation. Maintenant, les conjoints doivent être d’accord de leur séparation devant un tribunal et l’épouse, de son côté, peut demander le divorce." Il était donc plus facile pour les femmes de demander à se séparer.
Ces droits ont été abolis en 1979, année de la révolution islamique. Année de l’imposition du voile. "Il y a eu une régression du droit des femmes en 1979", confirme la professeure de l’ULB. "D’abord, tous les droits que contenait le droit de la famille ont été éliminés. Le Code pénal a été islamisé. C’est-à-dire que les punitions pour les femmes sont différentes que pour les hommes."
Présenter les femmes dans leur seule mission qu’était la procréation
"Certaines branches à l’université ont été restreintes et n’ont plus été accessibles aux femmes. Certains travaux leur ont été interdits. Et finalement, on a surtout essayé de présenter les femmes dans leur seule mission qu’était la procréation. Donc, on a une régression des droits. Cela étant, elles ont gardé le droit de vote et d’éligibilité. Et elles se sont battues pour de petites améliorations au niveau des responsabilités familiales et pour le droit au divorce qui avait été totalement retiré aux femmes."
Une révolte différente cette fois-ci
Chaque époque impose ainsi ses lois qui provoquent des protestations. "Lors du dévoilement obligatoire, il n’y a pas eu de résistance ou de manifestation", explique la professeure de l’ULB. "Il y a eu un malaise des femmes qui devaient se dévoiler. Beaucoup ont tardé à sortir de chez elles car elles étaient mal à l’aise."
En revanche, l’imposition du voile en 1979 a créé de grands mouvements de protestations des femmes. "Il y a eu des marches des femmes, des manifestations mais elles ont été cruellement réprimées et personne ne les a soutenues."
C’est ce qui fait la différence avec la révolte actuelle où l’on voit des hommes dans les manifestations. "Quand les femmes ont commencé à brûler leur voile, progressivement, les jeunes hommes, qui souffrent aussi de la chappe de plomb iranienne, ont soutenu les jeunes femmes. Leurs familles s’y sont mises petit à petit. Ce ne sont pas des partis politiques qui les soutiennent mais la population : les jeunes hommes, les parents…"