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"J'ai honte pour les élèves": les images hallucinantes d'un lycée sans chauffage ni électricité

INFO RMC. Le lycée Voillaume d'Aulnay-sous-Bois, un des plus grands de l'académie de Créteil, tente de faire face à l'hiver dans des conditions catastrophiques.

Fenêtres cassées, pannes de chauffage, coupures d'électricité... Alors que les températures chutent, un lycée de Seine Saint-Denis passe un hiver hors-normes. Le lycée Voillaume d'Aulnay-sous-Bois, 2.400 élèves, est l'un des plus grands de l'académie de Créteil (77, 93 et 94). Et malgré 47 millions d'euros de travaux de rénovations, un bâtiment pose de sérieux problèmes. Nous nous sommes procurés des images édifiantes de l'intérieur du lycée.

Des élèves du lycée Voillaume d'Aulnay-sous-Bois obligés de faire cours dans le noir en novembre 2022
Des élèves du lycée Voillaume d'Aulnay-sous-Bois obligés de faire cours dans le noir en novembre 2022 © Nicolas Traino RMC

Elèves et enseignants dénoncent des conditions de travail "indignes" que l'on vous révèle dans ce document. Le bâtiment A est l'un des plus fréquentés du lycée. Et le plus vétuste, avec des fenêtres qui ne ferment pas, les murs le long des pupitres sont à nus dans une classe, des dalles de plafond s'effondrent. En plein hiver, les problèmes de chauffage et d'isolation deviennent invivables, témoignages à l'appui.

"Le matin quand j'arrive, je n'ai pas envie de travailler tellement il fait froid", témoigne une élève de première. "Dans quelques salles, les fenêtres sont cassées et on est obligés de les garder ouvertes", raconte une autre. "8h-17h sans chauffage, c'est compliqué".

"On ne voyait les cahiers qu'avec les flashs des téléphones"

Le thermomètre descend à 7°C dans un gymnase, 14°C dans une salle de classe. Et quand nous nous rendons sur les lieux, une nouvelle panne de courant affecte le lycée.

"Ce matin, on a fait cours dans le noir, il n'y avait pas d'électricité... C'est vraiment pitoyable", se désolé une lycéenne de terminale. "On ne voyait les cahiers qu'avec les flashs des téléphones. Cela fait dix fois depuis début novembre. Franchement, c'est scandaleux, il faut faire quelque chose !"

Les élèves et les enseignants rencontrés se plaignent aussi des toilettes sans portes, souvent sales et sans savon. Les bâtiments rénovés ne sont de leur côté pas épargnés par les malfaçons.

"J'ai honte également pour les élèves de devoir les recevoir dans des conditions pareilles"

Les enseignants ont alerté à plusieurs reprises la direction et la région Île-de-France et se sentent démunis. Ils ont décidé de prendre la parole.

"On a des élèves qui font cours en manteau, et maintenant je ne leur demande plus de l'enlever. C'est épuisant", concède Amarillys Siassia, professeur d'histoire-géographie.

D'autant qu'il n'y a "aucune perspective d'amélioration" selon la documentaliste, Delphine Roncilhac, qui explique que le bâtiment en question et le gymnase ne sont pas prévus dans le plan de rénovation du lycée. "Jusqu'à présent je n'avais pas envie de partir, mais là, ça commence", alerte-t-elle.

Les toilettes vétustes du lycée Voilland à Aulnay
Les toilettes vétustes du lycée Voilland à Aulnay © RMC

Léo Kloeckner, également professeur d'histoire-géo, estime que face à cette situation, tout le monde "se sent très seul". "C'est vraiment très important pour nous de pouvoir alerter l'opinion, j'ai beaucoup d'incompréhension et de colère."

"J'ai honte également pour les élèves de devoir les recevoir dans des conditions pareilles", poursuit-il. "Il y a un pourcentage énorme d'élèves boursiers, du coup c'est encore plus honteux pour ces élèves qui devraient bénéficier d'encore plus de moyens supplémentaires et qui sont parmi ceux à qui on donne le moins au final", juge-t-il.

La région Île-de-France, responsable des travaux et alertée à plusieurs reprises par l'établissement, n'a pas répondu à nos questions.

Valérie Pécresse, en séance plénière du Conseil régional d'Île-de-France ce lundi, a affirmé que la Région était "totalement mobilisée pour lutter contre les pannes de chauffage signalées". Elle a indiqué que des conseillers se rendront sur place pour "voir avec la communauté éducative les travaux que nous pouvons faire en urgence".

Après nos révélations, le ministre de l'Education nationale, Pap Ndiaye a décidé de se rendre sur place ce mardi, enjoingant Valérie Pécresse à l'accompagner.

Nicolas Traino (édité par J.A.)