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Les élections attendues en 2023 sur le continent africain

Sept présidentielles sont attendues en 2023, avec un seul président sortant qui va passer la main, au Nigeria, les autres briguant un second ou troisième mandat. L’année politique en Afrique sera aussi consacrée à la préparation des enjeux de 2024, plus nombreux et décisifs.

Une Nigériane vote pour les élections générales, le 23 février 2019 à Kazaure, dans l'État de Jigawa, dans le nord du pays.
Une Nigériane vote pour les élections générales, le 23 février 2019 à Kazaure, dans l'État de Jigawa, dans le nord du pays. © Afolabi Sotunde / REUTERS
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Le Nigeria votera le premier en 2023 pour une présidentielle très attendue, le 25 février, afin de choisir un successeur à son président sortant, Muhammadu Buhari. Cet ancien général de 80 ans va passer la main au terme de ses deux mandats, conformément à la Constitution de 1999. Les nouveaux candidats, 18 au total, se bousculent au portillon. Les considérations portant comme toujours dans la fédération de 200 millions d’habitans sur la qualité de « nordiste musulman » ou de « sudiste chrétien » des hommes en lice, plutôt que sur leurs programmes.

Bola Tinubu, du Congrès des progressistes (CDP), le parti de Buhari, présente l’originalité d’être un musulman yoruba, issu du Sud, mais ce comptable de formation, ancien gouverneur de l’Etat de Lagos, est critiqué pour avoir fait de la corruption un système en soi. Il fera face à Atiku Abubakar, « nordiste musulman » du Parti démocratique populaire (PDP), ancien responsable des douanes et vice-président sous Olusegun Obasanjo, candidat pour la 6e fois. Il est, pour sa part, tenu par la société civile comme l’un des dirigeants les plus corrompus qui soient…

Ces deux hommes doivent compter avec deux grands « outsiders ». Le travailliste et « sudiste chrétien » Peter Obi, homme d’affaires et ancien gouverneur de l'État d'Anambra, est donné favori avec 23 % des intentions de vote dans les sondages. De son côté, le « nordiste musulman » Rabiu Kwankwaso, ingénieur, est l’ancien gouverneur de l'État de Kano et ex-ministre de la Défense aux prises avec le groupe islamiste armé Boko Haram. Seule certitude pour l’instant : avec le départ de Buhari, le Nigeria tourne une page. Vont disparaître avec lui les profils d’anciens militaires putschistes revenus comme Olusegun Obasanjo avant lui sous l’habit civil, et qui ont marqué la vie politique du pays.

Seconds et troisièmes mandats en vue

Dans cinq autres pays, la Sierra Leone en juin, le Zimbabwe en juillet ou août, le Liberia en octobre, Madagascar en novembre et la République démocratique du Congo (RDC) en décembre, les présidents sortants vont briguer un second mandat dans un contexte plus ou moins tendu. Une allergie aux reports de scrutins est à craindre en RDC, où les « glissements » de calendrier de l'ère Kabila ont laissé de mauvais souvenirs. Pour l’instant, les autorités assurent qu’il n’y aura pas de report du scrutin, auquel Moïse Katumbi, ancien gouverneur du Katanga, va se porter candidat.

Au Zimbabwe, la réélection d’Emmerson Mnangagwa, 79 ans, candidat de la Zanu-PF, le parti du défunt Robert Mugabe, au pouvoir depuis l’Indépendance, est-elle assurée ? Il l'avait emporté de peu, avec 50,8 % des voix en 2019, deux ans après la chute de Robert Mugabe, face au chef de l’opposition Nelson Chamisa, aujourd’hui âgé de 44 ans. Un porte-parole de sa Coalition des citoyens pour le changement (CCC) estime que « la Zanu-PF n’a aucune chance de l’emporter si les élections sont libres et transparentes ». Autrement dit, sans la triche électorale éhontée qui a marqué l’ère Mugabe.

Au Gabon, sans doute en août, la candidature d'Ali Bongo va de nouveau poser la double question de la succession dynastique et du troisième mandat. La limitation de mandats ayant été supprimée en 2018 dans la Constitution, un nouveau septennat est envisagé dans un contexte où l’opposition reste fragmentée, et où la véritable inconnue porte sur la réaction de la rue.

La perspective de 2024, année cruciale

Bien d'autres pays vont se préparer aux enjeux de 2024, une année qui comprend son lot d'inconnues. De ce point de vue, les législatives qui vont se dérouler au Bénin, à Djibouti, en Guinée Bissau, au Mali et en Mauritanie en 2023 vont donner le ton. Va-t-on vers la fin des transitions en 2024 au Mali, au Burkina et au Tchad lors des présidentielles annoncées ? Macky Sall briguera-t-il un troisième mandat et si oui, dans quelles conditions au Sénégal ?

De ce point de vue, les législatives qui vont se dérouler en Guinée-Bissau, au Mali et en Mauritanie en 2023 vont donner le ton. D'autres scrutins législatifs en 2023 vont aussi marquer des avancées ou des reculs dans la démocratie – comme les élections législatives de ce 8 janvier au Bénin, où trois partis d'oppositions sont en lice, contrairement à 2019, année où leur mise à l'écart avait provoqué une crise politique.

Bien des questions restent en suspens dans la perspective de 2024. Va-t-on vers la fin des transitions au Mali, au Burkina et au Tchad lors des présidentielles annoncées ? Macky Sall briguera-t-il un troisième mandat et si oui, dans quelles conditions au Sénégal ?

Paul Kagamé, au Rwanda, battra-t-il son propre record de 98,8 % des voix, obtenu en août 2017 ? Assistera-t-on, 30 ans après les premières élections libres de 1994, à la fin du long règne du Congrès national africain (ANC) en Afrique du Sud ? Un sondage n’a donné en août 2022 que 42 % d'intentions de vote à l'ANC, impliquant la formation, pour la première fois, d’un gouvernement de coalition.

Ce que confirme une enquête de la Fondation Brenthurst en novembre, qui donne moins de 50 % à l’ANC, dont la base lui reproche les niveaux persistants de chômage et de corruption. Le politologue William Gumede conseille à l’opposition de former « dès maintenant une coalition pour battre l’ANC sous la direction d’un leader neutre ». Un scénario utopique qui supposerait que le principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique, « renonce à son leader actuel, John Steenhuisen », qui a le défaut d’être Blanc (une minorité de 7,65 % de la population).

Au Mozambique, le président sortant Filipe Nyusi du Front de libération du Mozambique (Frelimo), réélu en 2019 avec 73 % des voix et un taux de participation de 51 % des électeurs, se préparerait à entrer en lice pour un troisième mandat non constitutionnel. L’opposition a beau exiger un référendum, le Frelimo dispose de la majorité des deux tiers à l’Assemblée nationale pour faire modifier la loi fondamentale.

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