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Inflation : en Allemagne, pas d'accalmie réelle avant 2024

Depuis la réunification, l'Allemagne n'avait jamais connu un taux d'inflation aussi élevé que les 7,9 % enregistrés en 2022. Le pic a beau avoir été atteint en octobre, le rythme de la décrue reste soumis à de nombreuses incertitudes. Une accalmie réelle n'est pas attendue avant 2024.

L'alimentation a vu ses prix se renchérir de 20,7 % en décembre en Allemagne. (Photo by John MACDOUGALL/AFP)
L'alimentation a vu ses prix se renchérir de 20,7 % en décembre en Allemagne. (Photo by John MACDOUGALL/AFP) (John MACDOUGALL/AFP)

Par Ninon Renaud

Publié le 3 janv. 2023 à 17:17Mis à jour le 3 janv. 2023 à 17:42

C'est un soulagement pour le gouvernement d'Olaf Scholz. La baisse des prix de l'énergie et le bouclier énergétique décrié par ses partenaires européens ont stoppé la course effrénée de l'inflation. Alors qu'elle avait atteint le pic record de 10,4 % en octobre, celle-ci a enregistré une deuxième baisse consécutive en décembre. En recul de 0,8 % sur un mois, l'indice des prix à la consommation est repassé sous la barre symbolique des 10 % pour s'établir à 8,6 %, selon les premières estimations publiées mardi par l'office fédéral de la statistique (Destatis).

Sur l'année 2022, l'inflation a cependant atteint un record inédit depuis la réunification : 7,9 %, contre 3,1 % en 2021. Le gouvernement allemand affiche la plus grande vigilance, tablant pour cette année sur un indice des prix encore élevé de 7 %. La Banque centrale allemande anticipe un taux d'encore 4,1 % en 2024. « Le rythme et l'ampleur du recul de l'inflation au cours de la nouvelle année restent très incertains », prévient Carsten Brzeski, chef économiste chez ING.

Plusieurs facteurs inflationnistes

L'augmentation du coût de l'énergie a ralenti mais elle a encore enregistré un bond de 24,4 % sur un mois. Nul n'est à l'abri de nouvelles envolées en cas de chute des températures. Quand bien même elle serait endiguée, cette inflation énergétique n'a pas fini de se répercuter dans le reste de l'économie : l'alimentation a ainsi vu ses prix se renchérir de 20,7 % en décembre. La guerre en Ukraine et les pénuries de produits de base qui en découlent pourraient nourrir ces hausses.

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La robustesse du marché de l'emploi devrait aussi soutenir l'indice des prix en poussant les salaires à la hausse. « Les défis actuels ne sont pas l'augmentation du chômage mais la pénurie de spécialistes et de main-d'oeuvre, ainsi que l'adaptation des compétences pour les employés », prévenait mardi matin dans un communiqué le président de la Fédération des employeurs, Rainer Dulger.

De fait, malgré l'afflux de plus d'un million de réfugiés ukrainiens l'an passé et la crise énergétique qui a malmené l'outil de production industrielle, le taux de chômage en Allemagne a reculé de 0,4 point au cours des douze derniers mois, à 5,3 %. Le nombre d'actifs n'a jamais été aussi élevé outre-Rhin, atteignant 45,6 millions de personnes en moyenne en 2022.

La BCE déterminée à agir

Les récents accords salariaux sont jusqu'ici restés en deçà de l'inflation mais la raréfaction de personnel qualifié donne du grain à moudre aux syndicats. Ver.di exige des hausses de 10,5 % pour les 2,5 millions de salariés du secteur public dont les négociations se dérouleront dans les prochaines semaines. Au sein de la Poste allemande, l'organisation syndicale exige même un relèvement de 15 % pour les 160.000 salariés du groupe.

De telles hausses ont de quoi donner des sueurs froides à la BCE. Dans une interview au « Frankfurter Allgemeine Zeitung » à la fin décembre, la membre du directoire de la BCE Isabel Schnabel soulignait que les tensions sur l'emploi, associées aux paquets d'aides fiscales et aux économies faites par les ménages durant la pandémie, donnaient déjà du carburant à la demande. Autrement dit à des tensions inflationnistes.

« Comme les anticipations d'inflation dépendent fortement de ce que les gens vivent, cela peut ensuite avoir des répercussions sur la fixation des salaires et des prix. C'est pourquoi une longue période d'inflation très élevée, comme celle que nous connaissons actuellement, est problématique. Cela renforce la nécessité de réagir avec détermination », concluait Isabel Schnabel.

Elle n'excluait pas d'importantes hausses de taux, encore cette année. Les marchés tablent déjà sur un relèvement de 50 points de base dès la réunion du Conseil des gouverneurs de la BCE le 2 février.

Ninon Renaud (Correspondante à Berlin)

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