Assassinat de Martinez Zogo au Cameroun : émotion et colère sur tout le continent africain

Le mémorial installé en hommage à Martinez Zogo, à Yaoundé, le 23 janvier 2023. ©AFP - Daniel Beloumou Olomo / AFP
Le mémorial installé en hommage à Martinez Zogo, à Yaoundé, le 23 janvier 2023. ©AFP - Daniel Beloumou Olomo / AFP
Le mémorial installé en hommage à Martinez Zogo, à Yaoundé, le 23 janvier 2023. ©AFP - Daniel Beloumou Olomo / AFP
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Le corps mutilé du journaliste camerounais Martinez Zogo a été retrouvé dimanche, cinq jours après son enlèvement à Yaoundé. Dans toute l'Afrique, la presse constate les risques de plus en plus importants qu'il y a à exercer le métier de journaliste.

Il y a une atmosphère de "far west" qui règne au Cameroun, selon la fédération des éditeurs de presse du pays citée par Le Jour, une atmosphère dont sont responsables le gouvernement camerounais, le parlement et la justice, et qui a conduit à ce dernier drame dimanche 22 janvier : la découverte du corps d'Arsène Salomon Mbani Zogo, plus connu sous le nom de Martinez Zogo. Le journaliste avait disparu le 17 janvier dernier, enlevé en pleine rue, devant une gendarmerie de la capitale. Son corps a été retrouvé ce dimanche, mutilé, nu, en état de décomposition. D'après les différents récits dans la presse, c'est l'odeur qui a permis sa découverte sur un terrain d'Ebogo, à 15 kilomètres au nord de Yaoundé.

Immédiatement, la nouvelle de sa mort a inondé le pays d'émotion et de colère. Des fans se sont recueillis devant sa photo installée devant les locaux d'Amplitude FM, la radio privée sur laquelle il officiait du lundi au vendredi, avec son émission Embouteillage dont il était l'animateur star.

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Voici l'un des extraits d'une de ses dernières émissions qui font le tour des réseaux sociaux. Il travaillait notamment sur des enquêtes de corruption, d'affairisme, de détournements de fonds présumés, par des personnalités proches du pouvoir, du président Paul Biya à la tête du pays depuis plus de 40 ans. "Quand l'émission commençait, Yaoundé s'arrêtait", résume un journaliste camerounais interrogé hier 23 janvier par nos confrères de TV5 Monde.

Il était la voix des sans voix, comme on pouvait l'entendre sur des bandes annonces de son émission diffusées sur les ondes. Un journaliste "téméraire, engagé et incisif", écrit Cameroun Actuel, "une voix dérangeante pour certains, mais indispensable pour la moralisation de la société", pour Wakat Sera ou encore un "soldat de la plume et du micro", en une du Messager ce mardi 24 janvier au matin.

Qui est responsable de sa mort ? On l'ignore pour l'instant. Hier, la plupart des journaux du pays l'ont mis en une, avec des titres sans appel : "Ils l’ont assassiné", "Ils l’ont tué…", "Tué par des lâches", sans pour autant mettre un nom sur ces "ils" et ces "lâches". La question anime tous les débats, parmi d'autres interrogations, notamment : comment a-t-il pu être enlevé devant une gendarmerie sans que personne ne bouge le petit doigt ? Cameroun Actuel, comme d'autres, pointent du doigt des "lobbies" proches du pouvoir, "sans doute importunés par les indiscrétions dont il a fait état ces dernières semaines".

Pour la fédération des éditeurs de presse au Cameroun, peut-on lire sur Le Jour, le gouvernement, la justice et le parlement sont en tout cas responsables d'avoir créé les conditions pour que de tels assassinats de journalistes puissent avoir lieu. Reçue par le ministre de la Communication hier, une délégation de journalistes a fait part de sa colère et demande justice. Le gouvernement a promis des enquêtes pour faire toute la lumière sur le drame, sans vraiment convaincre.

"Ce crime ignoble, commis sur la personne de Martinez Zogo, pourrait encore demeurer impuni, comme le sont les assassinats de nombreux journalistes à travers le monde", estime le média burkinabé Wakat Sera, qui rappelle que son nom vient s'ajouter à la liste des opposants et des journalistes du pays et de tout le continent africain morts ou emprisonnés à cause de leur travail. Demander justice pour Zogo est indispensable, mais partout, poursuit le journal, la "protection des journalistes devient une urgence et une priorité". Rwanda, Burkina Faso, Mali, et même Sénégal... "Le Cameroun est loin d’être le seul pays où la chasse est ouverte contre les journalistes".

Les Enjeux internationaux
10 min

Pakistan : une panne d'électricité a paralysé le pays pendant 24h

"A paralysé" selon les autorités, "paralysent encore" selon la presse. Ce matin 24 janvier, le ministre de l'Energie a annoncé que le courant avait été entièrement rétabli dans les stations du réseau à travers le pays, ce qui a rapidement laissé perplexes les journalistes de Dawn : dans certaines grandes villes, Karachi, Quetta ou encore Lahore par exemple, les habitants se sont encore réveillés dans le noir ce matin. De quoi ajouter à la frustration des Pakistanais qui se sentent dépassés par une situation tendue. La défaillance du système électrique, complexe et vétuste, est un problème récurrent au Pakistan.

Sauf qu'une telle panne, ça n'était pas arrivé depuis au moins un an, avec quasiment la totalité des 220 millions d'habitants touchés par ce "blackout". Les télévisions et les journaux du monde entier ont montré les conséquences de cette panne massive. Il y a par exemple, sur le site Quartz, l'image des commerces qui ont tous le rideau baissé, faute de pouvoir recevoir des clients. D'autres qui ont un groupe électrogène devant, seule façon d'avoir de la lumière et de faire marcher des appareils électriques. Sur Dawn, vous voyez le quotidien chamboulé : des habitations, des écoles et de quelques échoppes, ouvertes, plongées dans le noir, avec une petite lampe torche pour s'éclairer afin de continuer à travailler et à vivre.

Cette immense coupure a eu d'autres conséquences, plus gênantes pour les autorités. Des queues aux stations services par exemple, comme à Lahore, où les habitants, après 12 heures hier sans courant, se sont précipités aux pompes à essence, faire le plein des voitures et remplir des bidons pour les groupes électrogènes, si bien qu'hier soir, la moitié des stations essences de la ville avaient déjà leur réservoir vide. Autre exemple, qui fait dire que la crise, qualifié de "lundi noir" par une partie de la presse, est encore loin d'être terminée : à Karachi, la panne a provoqué la fermeture de la station de pompage qui alimente la ville en eau. Même avec un retour de l'électricité, les habitants devront attendre trois jours pour que le débit soit stabilisé.

Les Enjeux internationaux
13 min

Etats-Unis : une photo de Donald Trump interroge une nouvelle fois sur les fréquentations de l'ancien président

C'est une photo de Donald Trump posant autour de deux hommes, dans son club de golf en Floride. Elle date du début du mois, mais vient d'être révélée hier 23 janvier par le Philadelphia Inquirer. L'ancien président et l'un des deux hommes portent une casquette Make America Great Again. Ils sont habillés en tenue de golf et posent avec le pouce levé.

Les trois hommes se connaissent-ils ou s'agit-il de fans de l'ancien président qui l'ont croisé au golf par hasard ? C'est la question qui se pose et qui a une importance car une des personnes jouit d'une certaine réputation dans des milieux peu recommandables. Il s'agit de Joseph Merlino, alias “Skinny Joey”. Et si ce journal de Philadelphie l'a reconnu, c'est parce que cet homme est le chef de la "Philly Mob", la grande famille de la mafia qui règne sur la ville, qui vient de sortir de prison en 2020.

L'entourage de Donald Trump a réagi en disant que l'ancien président prenait tout un tas de photos avec plein de gens tous les jours, sans pour autant affirmer qu'il ne connaissait pas ce parrain de la mafia. Il avait dit la même chose, quand il avait accueilli chez lui, il y a quelques mois un suprémaciste blanc.

Le Guardian s'amuse en tout cas à déterrer une interview de Trump datant de 2013, quand il n'était encore qu'un businessman. Il explique se tenir éloigné des mafieux, mais avoir "rencontré à l'occasion quelques-unes de ces personnes". "Il se trouve que ce sont des gens très sympathiques", lâche-t-il, avant d'ajouter : "Vous ne voulez pas leur devoir de l'argent."

L'Esprit public
23 min

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