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Ces réfugiés rohingyas qui errent et meurent en mer, sans aucun pays acceptant de les secourir

Près de 400 réfugiés rohingyas auraient disparu en mer selon les ONG qui tentent de suivre leurs mouvements.
Près de 400 réfugiés rohingyas auraient disparu en mer selon les ONG qui tentent de suivre leurs mouvements. © Twitter / akmoe2

Début décembre, une vidéo montrant des Rohingya sur un bateau de fortune surchargé avait largement fait le tour des réseaux sociaux. Il dérivait alors en pleine mer d'Andaman, entre le Bangladesh, la Birmanie, l'Indonésie et la Thaïlande, sans qu’aucun pays ne vienne le secourir, malgré les appels des ONG et de l’ONU. De nombreux bateaux connaissent le même sort, et chaque année des Rohingya meurent en mer en espérant gagner l’Indonésie ou la Malaisie.

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Les Rohingya sont persécutés dans leur pays d'origine, la Birmanie. Entre le début des années 1990 et aujourd’hui, près d’un million ont fui pour se réfugier au Bangladesh voisin.

Mais de plus en plus de Rohingya décident de quitter également le Bangladesh. Des centaines de réfugiés rohingyas ont ainsi pris la mer courant novembre sur des bateaux de fortune depuis les immenses camps de Cox’s Bazar, au Bangladesh. Ils espéraient gagner la Malaisie pour rejoindre leur famille ou commencer une nouvelle vie, mais plusieurs embarcations ont fini par errer en mer.

Un bateau avec une centaine de réfugiés à son bord a par exemple dérivé sans moteur pendant plusieurs semaines dans la mer d'Andaman. 

>>LIRE SUR LES OBSERVATEURS Au large du Bangladesh et de la Birmanie, des centaines de réfugiés à la dérive en pleine mer

Malgré les appels des ONG et des Nations unies, les pays alentour, la Thaïlande, l’Indonésie, la Malaisie ou encore l’Inde, ne sont pas intervenus pour sauver ces bateaux, dont la localisation n'était pas toujours claire – chacun se renvoyant donc la balle.

Deux bateaux ont finalement été recueillis fin décembre par des pêcheurs en Indonésie. L‘un de ces bateaux serait, selon les ONG, celui qui dérivait pendant plusieurs semaines sans moteur. Un autre bateau a été récupéré par la marine sri-lankaise. Un quatrième a été sauvé par un bateau d’une compagnie de pétrole vietnamienne, mais les passagers – y compris des femmes et des enfants – ont finalement été remis à la marine birmane puis mis en prison. Un autre bateau a disparu après avoir envoyé un SOS.

Selon le comptage d’ONG, près 400 Rohingya auraient disparu en mer en 2022, bien qu’il soit difficile de suivre précisément tous ces flux migratoires illégaux.

De plus en plus de Rohingya quitteraient l’immense camp de réfugiés de Cox’s Bazar, où vivent près d’un million de Rohingya apatrides, car les conditions de vie s’y dégradent de plus en plus. Selon notre Observateur, un réfugié rohingya qui a grandi dans les camps de réfugiés de Cox’s Bazar, il n’y aurait pas suffisamment d’eau potable, de nourriture, et pas suffisamment de structures de soin. Il affirme également que les autorités du camp harcèlent les Rohingya et les empêche de sortir. Dans un rapport publié le 17 janvier, l’ONG Human Rights Watch a également alerté sur des exactions commises par la police des camps de Cox’s Bazar sur les réfugiés.

Chris Lewa, directrice de l’ONG Arakan Project, qui suit de près la trajectoire de ces bateaux, observe que de plus en plus de Rohingya décident de quitter Cox’s Bazar. Elle en détaille les deux principales raisons :

Il y a déjà l'absence d'espoir d'un quelconque rapatriement en Birmanie dans un avenir proche en raison du coup d'État militaire [du 1er février 2021, ramenant au pouvoir les militaires, déjà aux commandes lors de la vague de violences qui a provoqué la fuite des premiers Rohingya à partir de 2012, NDLR] et de la reprise du conflit armé entre l'armée d'Arakan et l'armée birmane [les Rohingya se retrouvent pris au milieu de ces affrontements, même s'ils ne sont pas parties prenantes à ce conflit, NDLR].

Ensuite, il y a la détérioration des conditions de vie déjà précaires dans les camps de réfugiés surpeuplés du Bangladesh et l'insécurité croissante (gangs armés, trafic de drogue, meurtres et enlèvements contre rançon dans les camps) couplée à une réponse sécuritaire du Bangladesh empêchant les Rohingya de sortir des camps – construction de clôtures en fil de fer barbelé, destruction de magasins par la police, fermeture forcée d'écoles, harcèlement policier, etc.

Ce lundi 30 janvier, un de nos Observateurs nous alertait encore sur une embarcation de plusieurs Rohingya qui avait quitté Cox's Bazar pour l'Indonésie une dizaine de jours plus tôt et qui dérivait sans moteur en mer d’Andaman.

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