L'entrepôt de vêtements dans lequel des sans-papiers étaient exploités à proximité d'Alicante, en Espagne, janvier 2023. Crédit : capture écran / Police nationale espagnole
L'entrepôt de vêtements dans lequel des sans-papiers étaient exploités à proximité d'Alicante, en Espagne, janvier 2023. Crédit : capture écran / Police nationale espagnole

L'affaire s'apparente à de l'esclavage moderne. Un chef d'entreprise marocain a été arrêté pour avoir exploité des sans-papiers sans aucun contrat ni assurance. Il leur faisait transporter des charges allant jusqu'à 80 kilos sur le dos, à longueur de journée, sans aucune pause.

La police espagnole a arrêté un homme suspecté d’être à la tête d’une entreprise exploitant des migrants dans un entrepôt de Crevillent, située à proximité d'Alicante, sur la côte sud-est de l’Espagne, a rapporté vendredi 27 janvier la presse espagnole.

Le patron, un Marocain de 45 ans, employait dans sa société cinq migrants irréguliers, sans contrat de travail, ni assurance. Les exilés, qui constituaient la majeure partie des effectifs de l'entreprise, devaient décharger des camions de marchandises sans aucune aide mécanique, en portant sur leur dos des ballots de vêtements usagés pesant jusqu'à 80 kilos.

Ces personnes, dont la santé a été affectée, effectuaient de longues journées de travail, sans aucune pause autorisée. Le tout pour près de 200 euros par semaine, soit un salaire d’un niveau "bien inférieur au minimum légalement garanti".

Des douleurs au dos et aux genoux

À de nombreuses reprises, ils se sont plaints de souffrir de blessures au dos et aux genoux, a indiqué la police. Mais, leurs absences étant déduites de leur salaire, ces employés sans-papiers se rendaient au travail malgré la douleur, sous l'effet d'analgésiques.

La police a estimé que le chef d’entreprise les avait exploités "sans respecter les règles les plus élémentaires en matière de risques professionnels" et qu'il avait "abusé de leur situation de vulnérabilité, puisqu'il s'agissait de migrants qui ne parlaient pas la langue espagnole et ne connaissaient pas leurs droits".

L'homme d'affaires arrêté a été libéré après s'être présenté au poste de police et attend désormais une convocation au tribunal.

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Les cas d'exploitation de migrants irréguliers ne sont pas rares en Espagne, pays qui constitue l'une des portes d'entrée principales vers l'Europe depuis la mer Méditerranée. Début janvier, la police a démantelé un réseau d'exploitation de travailleurs migrants. Les victimes, en majorité des citoyens marocains, travaillaient dans des exploitations agricoles du sud de l'Espagne plus de 12 heures par jour, y compris pendant les périodes de canicule, en étant "logées dans des conditions inhumaines".

 

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