La protestation, une passion française

La Liberté guidant le peuple le 28 juillet 1830, tableau d'Eugène Delacroix. ©AFP - Archives autrichiennes (AA) / IMAGNO / APA-PictureDesk
La Liberté guidant le peuple le 28 juillet 1830, tableau d'Eugène Delacroix. ©AFP - Archives autrichiennes (AA) / IMAGNO / APA-PictureDesk
La Liberté guidant le peuple le 28 juillet 1830, tableau d'Eugène Delacroix. ©AFP - Archives autrichiennes (AA) / IMAGNO / APA-PictureDesk
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Ce numéro d'"En quête de politique" est consacré à une passion française. En effet la manif est une spécificité française, héritée de la grande Révolution et des journées d’insurrections, qui ont émaillé le XIXe siècle et fait de nous ce que nous sommes.

Avec
  • Danielle Tartakowsky Historienne, professeure émérite d’histoire contemporaine à l’Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, spécialiste des mouvements sociaux
  • Fabien Jobard Politiste, directeur de recherches au CNRS (Cesdip) et directeur du Groupement européen de recherches sur les normativités (GERN).
  • Daniel Cohn-Bendit Ancien député européen

Depuis 1789 la rue, souvent, fait l’histoire, est à l’origine indirectement de notre droit, parfois de nos institutions.
La manifestation s’impose comme mode de représentation, quand plusieurs centaines de milliers de militants, sympathisants, batteurs de pavés occasionnels, se voient conférer, selon une alchimie politique et sociale mystérieuse et incertaine, une légitimité, comme une forme de délégation à parler, chanter, scander, exiger au nom d’une majorité de français.

Depuis 2003, et à la notable exception de 2006 et du CPE (contrat première embauche), plus aucune mobilisation d’ampleur n’a eu de résultat. Toutes les contestations dans la rue, par une série de manifestations parisiennes ou nationales, même massives, se sont depuis soldées par des échecs. Les deux plus importantes furent la Manif pour tous des anti-mariage homosexuel en 2013, et la mobilisation contre la loi El Khomri à la fin du mandat de François Hollande. Et les mobilisations contre la réforme de la SNCF n’ont pas réussi non plus à faire reculer Emmanuel Macron au début de son premier mandat.

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Pour qu’une mobilisation finisse par contraindre l’exécutif il faut que plusieurs conditions soient réunies : qu’elle soit massive, continue sur plusieurs semaines, que la disposition visée soit impopulaire et surtout il faut que la contestation dépasse la simple loi en cause et son objet. La loi doit être emblématique d’un projet global, d’un monde que la société refuse. Depuis 1935, un décret-loi dit que toute manifestation doit être préalablement déclarée en préfecture. A partir de cette date la manifestation est donc devenu un mode de communication politique quasi officiel, de propagande parfois performative, puisqu’elle peut avoir un effet concret sur le cours la fabrication de la norme. En France, la manif est donc presque institutionnalisée.

Invités :

Danielle Tartakowsky, historienne française, spécialiste de l'histoire politique de la France au XXe siècle, Fabien Jobard, docteur en science politique et directeur de recherches au CNRS, chercheur au Centre de recherche sociologique sur le droit et les institutions pénales (CESDIP), spécialiste des questions de police et de justice comparée et Daniel Cohn-Bendit, ancien leader de mai 68.

La chronique livre d'Aurélie Marcireau :

«  Les Correspondants de l'Humanité. Regards photographiques », Yann Potin, Vincent Lemire et Danielle Tartakowsky, Seuil

Bibliographie :

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