cyberviolencesLe 3018 étend son dispositif contre les cyberviolences 365 jours par an

Au 3018, on accueille la parole des victimes de cyberviolences, 365 jours par an

cyberviolencesAlors que les violences numériques ne cessent de grandir, surtout chez les plus jeunes, le numéro national de lutte contre les cyberviolences étend son dispositif
Violences en ligne : la plateforme 3018 au secours des victimes
Pauline Ferrari

Pauline Ferrari

L'essentiel

  • Un numéro national, gratuit et confidentiel : le 3018, numéro de lutte contre les violences en ligne, étend son dispositif 365 jours par an.
  • Une équipe de 20 écoutants, juristes, psychologues et spécialistes du numérique, sont là pour écouter, conseiller et orienter les victimes et leurs proches.
  • En 2022, la plateforme a reçu 25.000 appels, et a fait 20 signalements par jour.

«On veut qu’il y ait un avant et un après l’appel au 3018 » explique Samuel Comblez, psychologue de l’enfance et de l’adolescence et directeur des opérations de l’Association e-Enfance. Entouré de journalistes, il détaille à Brigitte Macron et aux ministres de l’éducation, Pap Ndiaye, de la transition numérique, Jean-Noël Barrot et à la secrétaire d’État auprès de la Première ministre, chargée de l’Enfance, Charlotte Caubel, les détails du déroulé d’un appel du 3018. Dans les nouveaux locaux du centre d’appels du 3018, coordonné par l’association e-Enfance, une vingtaine d’écoutants et écoutantes se relayent pour répondre aux victimes, aux parents et aux témoins de violences en ligne.

Le 3018 est l’un de ces numéros qu’on martèle, de la primaire à la fin du lycée, qui trouve sa place sur les campagnes d’affichage dans les couloirs, distribué aux parents sur les carnets de notes : 20 % des 8-18 ans et 60 % des 18-25 ans ont déjà été confrontés à des phénomènes de cyberharcèlement sous toutes ses formes, constate l’association. Le numéro national, gratuit et confidentiel, est l’un des seuls en mesure de faire supprimer un compte ou un contenu illégal de toutes les plateformes, en moins d’une heure. Et depuis les confinements, les demandes ne cessent d’augmenter.

Un nombre d’appels qui explose

En 2022, le 3018 a reçu 25.000 appels, soit plus de 40 % qu’en 2021 ; avec une moyenne de 20 signalements par jour La même année, l’association a fait supprimer 10.000 comptes et contenus, contre 3.000 l’année précédent. Une explosion des chiffres qui a de quoi alerter les professionnels qui reçoivent chaque jour les appels de victimes de violences en ligne. Une équipe composée de psychologues, juristes, de spécialistes du numérique qui conseille et oriente. « Les violences numériques qui ont fait l’objet du plus grand nombre d’appels sur le 3018 en 2022 sont le chantage à la webcam ; le cyberharcèlement via les insultes, injures, moqueries et le piratage des comptes, avec la violation des données personnelles » indique l’association. Les cas se suivent et se ressemblent tristement : 4 appels sur 10 sont liés à la sexualité, du chantage à la webcam au revenge porn ; 3 appels par jour sont des cas de harcèlement scolaire.

« Les écoutants du 3018 constatent l’impact croissant du numérique sur la santé mentale des adolescents qui les contactent. Ils sont de plus en plus nombreux à exprimer leur mal-être psychologique jusqu’aux envies suicidaires. Les appels de ce type sont passés d’un rythme mensuel avant 2020 à un rythme quotidien en 2022 » indiquait l’association lors de sa conférence de presse. Pourtant, le 3018 jouit de partenariats inédits dans la protection de l’enfance : le Ministère de l’Education nationale, la plateforme de signalement PHAROS, la CNIL, mais aussi les forces de l’ordre dans le cas de dépôts de plainte. De plus, le 3018 dispose d’une procédure de signalement accélérée pour obtenir la suppression en moins d’une heure de contenus ou comptes auprès de plus de 20 plateformes, réseaux sociaux et messageries : Facebook, Instagram, Twitter, Snapchat, TikTok, YouTube, Discord, ou encore Onlyfans et Mindgeek, entreprise derrière la plupart des grands sites pornographiques.

Un numéro qui devient accessible 7 jours sur 7, 365 jours par an

À l’occasion du « Safer Internet Day », e-Enfance a ainsi annoncé étendre et renforcer son dispositif pour permettre de répondre plus facilement à l’explosion du nombre d’appel : désormais, le 3018 sera accessible 7 J/7, 365 J/an, de 9 heures à 23 heures. Ce renforcement se fera grâce au recrutement de 8 écoutants supplémentaires, soit 20 écoutants au total. Lors d’une conférence de presse, les différents ministres présents ont tenu à rappeler l’importance de ce numéro, quelques semaines après le suicide du petit Lucas dans les Vosges. « Ce numéro est une brique importante dans la lutte contre le harcèlement » a rappelé Pap Ndiaye. « C’est une question de santé morale, celle de nos enfants » a assuré Justine Atlan, directrice d’e-Enfance.

Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications, a quant à lui annoncé que « dès la rentrée prochaine, en classe de 6ème, les enfants auront un Passeport Internet, pour découvrir le 3018 et les sensibiliser aux enjeux du numérique ». Le gouvernement a ainsi profité de la visite des locaux tout neufs de l’association pour rappeler la priorité faite à la protection des mineurs en ligne et aux ravages de la question de la pornographie ou du harcèlement scolaire. Du côté des écoutants, après la visite des ministres et de la première dame, il fallait s’y remettre : la lutte pour la protection des mineurs en ligne continue, même lorsque les flashs s’éloignent.

Si vous êtes victime ou témoin de violences en ligne, vous pouvez contacter le 3018 par téléphone, par tchat, sur les réseaux sociaux, ou encore via leur application.

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