Accéder au contenu principal

Iran : au moins 26 écoles de filles touchées par des attaques au poison en une journée

Les autorités iraniennes ont déclaré ouvrir une enquête sur les mystérieux empoisonnements dont sont victimes les écolières du pays depuis trois mois. Un responsable a imputé ces attaques à des groupes opposés à l'éducation des filles, mais de nombreux Iraniens pensent que l'État est lui-même à l'origine de ces "attaques chimiques", destinées à empêcher les filles d'aller à l'école. Des images en ligne montrent les conséquences de ces empoisonnements qui ont fait au moins 800 victimes.

Ces images partagées sur les réseaux sociaux montrent des étudiants devant une école de Téhéran, le 1er mars 2023, après une série d'empoisonnement dans la capitale iranienne.
Ces images partagées sur les réseaux sociaux montrent des étudiants devant une école de Téhéran, le 1er mars 2023, après une série d'empoisonnement dans la capitale iranienne. © Observers
Publicité

En Iran, des centaines d'écolières ont été empoisonnées. Les victimes présentent des symptômes tels que des maux de tête, des vertiges, des nausées, des évanouissements et même une perte de contrôle de leurs membres. 

Pour la seule journée de mercredi, des attaques ont été signalées dans au moins 26 écoles du pays, selon des vidéos amateurs et des rapports publiés analysés par les Observateurs de France 24. Il s’agit du plus grand nombre de cas en une journée jusqu'à présent. 

Ces attaques ont touché au moins 800 personnes en l'espace de trois mois, selon la BBC en persan. Des jeunes filles sont tombées malades dans différentes villes d'Iran, notamment à Qom, Téhéran, Borujerd, Qazvin et Ardabil.

Les premiers empoisonnements ont eu lieu à Qom, ville sainte de l'islam chiite, le 30 novembre 2022, lorsque 18 élèves de l'école technique Nour ont été hospitalisées. Depuis, plus de 10 autres écoles de filles ont été touchées dans la région.

Dans cette vidéo, filmée dans un hôpital de Qom et postée sur Telegram le 23 février 2023, une femme dit : "Je suis une mère. Regardez mon enfant dans son lit d'hôpital : elle ne sent rien dans ses jambes. Même quand je la pince, elle ne sent rien ; elle ne peut pas respirer. N'envoyez pas vos enfants à l'école".

 

Des incidents similaires ont été signalés fin février à Pardis, une ville à proximité de Téhéran, et Borujerd, une ville dans l’ouest du pays. À Borujerd, 194 filles auraient été empoisonnées en l'espace d'une semaine. 

Le lycée pour filles de la ville avait fermé ses portes le 23 février après deux cas d'empoisonnement distincts les jours précédents. Toutefois, lorsqu'il a rouvert ses portes le 25 février, 44 autres élèves ont été empoisonnées.

Une vidéo publiée sur Twitter le 28 février 2023 montre des élèves d'une école de filles de Borujerd, en Iran, quittant leurs dortoirs et se sentant malades après avoir senti une odeur étrange.

 

Le 28 février, 35 élèves de l'école de filles Khayyam à Pardis ont été hospitalisées. 

Une vidéo publiée sur Telegram le 28 février 2023 à l'école de filles Khayyam de Pardis, en Iran, montre des élèves tombées malades après un empoisonnement présumé.

 

Le 1er mars, une autre vague d'empoisonnements a eu lieu à Téhéran. Quatre attaques distinctes ont été signalées dans différentes écoles de la capitale.

Une vidéo montre la scène après les empoisonnements dans deux écoles - l'école d'Aban 13 et l'école Hajar, dans l'ouest de Téhéran, le 1er mars 2023. Des parents à l'extérieur scandent "Honte ! Honte !"
Une vidéo partagée sur Telegram le 1er mars 2023 montre des ambulances et l'atmosphère de chaos à l'école de filles Yarjani à Téhéran, en Iran, après un empoisonnement.
Des photos partagées sur Telegram le 1er mars 2023 montrent des élèves, des parents et du personnel médical d'urgence après un empoisonnement à l'école de filles Esmat à Téhéran, en Iran.

 

Dans l'ensemble des cas signalés, les jeunes filles ont déclaré avoir senti des fruits pourris, de la menthe ou des œufs pourris avant que les symptômes ne se manifestent. Certaines élèves ont dû rester à l'hôpital pour des soins prolongés et ont été malades pendant des semaines après les incidents. 

Une mère de Borujerd a déclaré à Hammihan, un média local, que sa fille est désormais dépendante de machines pour respirer. "Le taux d'oxygène dans le sang de ma fille chute à des niveaux dangereux lorsque la machine est débranchée", a-t-elle déclaré.

Un médecin qui s'est entretenu avec le Guardian a déclaré que les élèves pourraient avoir été empoisonnés par un "agent organophosphoré faible", qui peut être utilisé dans les pesticides agricoles. 

Jusqu'à présent, un seul décès a été signalé : Fatemeh Rezaei, une fillette de 11 ans, est morte à Qom le 26 février. Selon des militants iraniens, elle est décédée après avoir été empoisonnée à l'école, mais les autorités démentent ces informations.

Les attaques ont suscité la peur et le désespoir chez les parents et les écoliers, et de nombreux parents ont empêché leurs enfants d'aller à l'école. Un enseignant de Qom a déclaré à Radio Farda, une radio persane basée à Prague, que seuls 50 des 250 élèves ont assisté aux cours depuis les empoisonnements.  

Des militants en contact avec des familles dont les enfants ont été victimes d'empoisonnements ont déclaré à l'équipe des Observateurs de France 24 que les parents ont subi des pressions de la part des forces de sécurité pour ne pas parler de ces incidents, que ce soit sur les réseaux sociaux ou avec les médias.

De nombreux Iraniens supposent que la vague d'empoisonnements est directement liée au plus grand mouvement de protestation de l'histoire de la République islamique, suite à la mort de Mahsa Amini, 22 ans, arrêtée par la police des mœurs. Un certain nombre de jeunes filles et de femmes ont rejoint les manifestations à travers l'Iran, retirant leur foulard et chantant contre le régime. 

Des dizaines de milliers d'Iraniens ont été arrêtés pendant les manifestations, y compris des lycéens. Certains disent que les autorités iraniennes réagissent aux manifestations en empoisonnant des jeunes filles en guise d'intimidation.

>> À lire sur Les Observateurs :  En Iran, les lycéens rejoignent les manifestations anti-régime

D'autres affirment que des extrémistes religieux ont planifié ces attaques dans le but de fermer les écoles de filles. En 2012, des centaines d'écolières ont été empoisonnées en Afghanistan lors de plusieurs épisodes, présentant des symptômes similaires. Les attaques ont été imputées aux Taliban - qui s'opposaient à l'éducation des filles - afin de répandre la peur, de menacer les filles et de les empêcher d'aller à l'école. Plus de 500 écoles ont fermé leurs portes. 

Des porte-parole du gouvernement et de la police ont déclaré que les autorités avaient ouvert une enquête sur ces attaques. 

"Il a été constaté que certaines personnes voulaient que toutes les écoles, en particulier les écoles de filles, soient fermées", a déclaré Younes Panahi, vice-ministre iranien de la Santé à l’IRNA, une chaîne de télévision persane. 

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.