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Reportage

La police israélienne va poursuivre les destructions de maisons de Palestiniens pendant le ramadan

Lundi 6 mars, le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a ordonné à la police de continuer à détruire les maisons des Palestiniens pendant le ramadan, cassant un statu quo qui avait été mis en place il y a plusieurs années. Israël ne procédait pas à de telles démolitions de maisons durant ce mois sacré, notamment pour éviter d’accroitre davantage les tensions avec les Palestiniens.

Le camp de réfugiés palestiniens de Shuafat, à Jérusalem-Est.
Le camp de réfugiés palestiniens de Shuafat, à Jérusalem-Est. AFP PHOTO / THOMAS COEX
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Avec notre envoyée spéciale dans le camp de réfugiés de Shuafat, Alice Froussard

Il y a des décombres au sol et des trous béants dans la façade de cet immeuble familial. Les autorités israéliennes ont démoli cet appartement au milieu du camp de réfugiés de Shouafat il y a plus d’un an.

C’était celui de Fadi Abu Shkheidam qui, en novembre 2021, a tué un Israélien dans la vieille ville avant d’être abattu. Sa mère, Samira, montre ce qu’il reste du deuxième étage. « Ça, c’est pour sceller la porte, pour qu’on n’y entre pas, explique-t-elle. Personne n’a pu y aller depuis, même s’ils ont tout démoli. Mais ils ont laissé tous les gravats. » 

Ses yeux s’humidifient ; elle n’est pas venue depuis des mois et avoue ne toujours pas comprendre l’action de son fils. Depuis la démolition, toute la structure du bâtiment est affectée, les murs ne sont plus aussi solides, l’eau s’infiltre dès qu’il pleut, l’électricité ne cesse de couper…

Lojain Abu Shkheidam, sa belle-fille, vit dans l’appartement en dessous. Il y a des fissures partout, au plafond, dans le salon, dans la salle de bain, dans la chambre des enfants. « Regarde ! C’est à cause de la démolition du haut. C’est quoi cet état d’esprit ? Si nous, nous ne vous avons rien fait, pourquoi nous punissez-vous ? », s’indigne-t-elle.

Israël accusé de « domicide »

Une manière « de dissuader » les prochaines attaques, justifie le gouvernement israélien. Pour Jessica Montell, directrice d’HaMoked, il est difficile de ne pas conclure à une forme de vengeance : « Les démolitions de maisons sont une violation flagrante des droits à laquelle nous nous sommes presque habitués. Et c’est potentiellement un crime de guerre, selon le Statut de Rome : des démolitions extensives de propriétés alors que ce n’est pas pour des raisons militaires. Mais tout ça ne fait que s’accélérer : ces démolitions, mais aussi d’autres formes de punitions collectives. »

Ces démolitions de maisons, punitives comme administratives, ne cessent de s’intensifier depuis l’arrivée de la nouvelle coalition gouvernementale, la plus à droite de l’histoire. Selon OCHA, 253 structures palestiniennes ont été démolies depuis le début de l’année 2023, en Cisjordanie et à Jérusalem-est et 372 Palestiniens ont été déplacés à cause des démolitions de maisons.

En février dernier, trois rapporteurs spéciaux des Nations unies ont d’ailleurs accusé Israël de « domicide ». Association de « domicile » et « d’homicide », ce terme permet de mettre un nom sur la violence que représente la destruction ou l’expropriation du « chez soi », ainsi que le traumatisme social et psychologique qui va avec.

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