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JO Paris 2024

Jeux Olympiques de Paris 2024 : le prix des billets inaccessible pour de nombreux fans

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Par Ljiljana Dukic, d'après une interview de François Heureux

"Je ne suis pas sûre que ma famille pourra venir me voir aux prochains Jeux olympiques tellement c’est cher", déclare Nafissatou Thiam, après avoir battu le record du monde du pentathlon en salle ce week-end.

Les prix, impayables pour les fans de sport, font polémique. Une première salve de tickets a été vendue à des personnes tirées au sort, à des prix atteignant 350 euros, quand ce n’est pas 700 euros.

Michael, l’un des premiers tirés au sort, a dépensé 2000 euros en ayant pris 30 places - le maximum - pour plusieurs compétitions. Nader a acheté son ticket à 155 euros, mais a dû faire le choix de l’athlétisme et de la natation, sans possibilité d’aller voir un match de handball ou de tennis.

Certaines compétitions, telles que le triathlon, l’escalade ou l’escrime affichent déjà complets avant la prochaine session de ventes.

Sept millions de tickets seront mis en vente à partir du 15 mai prochain.

Les prix pour les Jeux olympiques de Paris sont-ils réellement plus chers que pour d’autres Jeux olympiques ?

Les prix pour les Jeux olympiques de Paris sont-ils réellement plus chers que pour d’autres Jeux olympiques ? Pierre Rondeau, économiste du sport, estime que non. Il compare le prix moyen des tickets des jeux de Londres en 2012 à ceux de Paris en 2024.

"La meilleure comparaison, c’est celle avec les Jeux olympiques de Londres en 2012, pays européen, proche de chez nous. Les prix moyens étaient de 60 livres. Rapportés à l’euro en 2023, on est à 90 euros en moyenne. On met en avant les prix exorbitants pour des rencontres prestigieuses, notamment en athlétisme - rencontre phare des JO - au prix de 200 ou 300 euros. On oublie cependant qu’il y a 1 million de places à 24 euros qui ont déjà été vendues et que 50% des billets sur un total de 13 millions de billets coûteront moins de 50 euros."

Comment justifier de tels prix ?

Pierre Rondeau explique que dans le financement et le fonctionnement des Jeux olympiques de Paris, il y a deux entités dans le budget total.

"La Solideo, chargée de construire les infrastructures, avec un budget de 3,6 milliards. Elle est financée par l’Etat, par des fonds publics et des collectivités. L’autre entité est le COJOP (Comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques), qui a un budget de 3,9 milliards. Il est financé par des fonds privés : sponsoring, marketing, apports du CIO et la billetterie marketing. Le COJOP doit assurer un budget à l’équilibre puisqu’il n’est pas subventionné par l’Etat. Il se doit d’assurer des rentrées financières importantes pour organiser ces jeux. Et pour cela, il va utiliser la variable et l’outil de la billetterie, estimant aujourd’hui que la vente des billets devrait lui apporter un budget de 1,2 milliard d’euros sur son budget total."

"Ce budget à l’équilibre de la COJOP aurait pu être atteint, mais la mairie de Paris a refusé certains sponsors à apporter des fonds, notamment Total, pour des raisons environnementales. Dès lors, pour atteindre cet équilibre budgétaire, la COJOP devait augmenter le prix de la billetterie."

Les raisons écologiques ont-elles entraîné le prix élevé des billets ?

Le choix de ne pas être sponsorisé par des entreprises peu regardantes écologiquement a-t-il entraîné le prix élevé des billets ? Pour Pierre rondeau, c’est une des raisons mais pas la principale.

"Il y a aussi un élément multifactoriel : ce sont les Jeux olympiques et Paris n’a pas accueilli un tel événement depuis ceux de 1924. Il y a une très forte demande, ce qui entraîne une augmentation des prix. Il y a aussi un phénomène inflationniste européen actuellement qui peut expliquer cette augmentation tarifaire."

Ces prix élevés sont-ils devenus la norme pour d’autres compétitions ?

Les prix des billets sont donc très élevés, mais est-ce la norme dans d’autres événements sportifs ? "Malheureusement oui pour les grandes compétitions", répond l’économiste en sport.

Et de prendre l’exemple de certaines compétitions prestigieuses, telles que la compétition en basket de la NBA aux Etats-Unis ou la Ligue des champions en football.

"Il y a une envolée tarifaire pour les places les plus prestigieuses, en cabine présidentielle ou en tribune de première catégorie. Mais il y a aussi l’apparition d’un marché secondaire, d’un marché de l’occasion réglementé par les organisateurs. C’est là que les prix des tickets revendus en seconde main s’envolent. Un exemple, lorsque Paris Saint-Germain évolue en Ligue des Champions en coupe d’Europe, sur le marché secondaire, les places sont revendues parfois à 1000, 2000 ou même 3000 euros, selon le prestige de l’affiche, quand il s’agit d’un grand club, tel que le Real de Madrid ou de Liverpool. Il y a le même phénomène lorsque la NBA est venue jouer à Paris. Les premiers prix des billets sur le marché du neuf étaient à 300, 400, 500 euros, mais sur le marché de l’occasion réglementé, les sommes pouvaient parfois atteindre 1000 euros."

À compétition prestigieuse, prix très élevé

Pierre Rondeau pense qu’il est normal que le prix pour un événement aussi prestigieux que les Jeux olympiques à Paris soit aussi élevé.

Cependant, il estime que "la principale erreur vient de la communication des organisateurs, du moins, en France qui n’arrêtent pas de mettre en avant qu’il s’agit de jeux populaires, accessibles, inclusifs, avec des prix allant de 24 euros à moins de 50 euros, mais en arrivant sur la plateforme de mise en vente, on se rend compte des véritables prix".

"Il y a un décalage entre la perception collective de ce qu’auraient pu être les Jeux olympiques de Paris, c’est-à-dire avec des prix peu chers, et ce qu’ils sont réellement (un événement prestigieux qui arrive tous les cent ans en France), donc qui coûtent forcément cher", estime-t-il.

Paris se prépare aux Jeux olympiques : sujet JT du 14 mars 2023

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