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Un influenceur de 3 millions d'abonnés émet autant de CO2 que 481 vols Paris-New York par an

Les influenceurs sont régulièrement attaqués sur leur incitation à la surconsommation. Et si la publication des vidéo (et leurs visionnages) polluait autant, voire plus ? Une étude des agences Footsprint et 1000heads a mesuré la pollution numérique d'un influenceur-type… et les résultats ont de quoi donner le tournis.

Difficile de mesurer avec précision la pollution numérique des influenceurs, mais au vu de leur augmentation constante, le sujet a de quoi alarmer.
Difficile de mesurer avec précision la pollution numérique des influenceurs, mais au vu de leur augmentation constante, le sujet a de quoi alarmer. (iStock)

Par Faustine Mazereeuw

Publié le 9 mars 2023 à 17:45Mis à jour le 10 mars 2023 à 14:38

Les pratiques commerciales trompeuses, le mode de vie parfois polluant et l'incitation à la surconsommation des influenceurs sont de plus en plus dénoncées . Mais qu'en est-il de l'impact même de leurs publications - et des visionnages des abonnés - sur le climat ? Une étude de l'agence dédiée au numérique responsable Footsprint et de l'agence d'analyse de données 1000heads s'est penchée sur le sujet.

Les auteurs de l'étude se sont basés sur des comptes d'influenceurs existants pour définir un profil imaginaire : Clara, trois millions d'abonnés sur Youtube, Instagram et TikTok. En comptant ses quinze heures de contenu publiés par an et ses 345 millions de vues, Clara émet l'équivalent de 481 allers-retours Paris-New York par an, soit 1.072 tonnes de CO2.

En comparaison, un rapport de l'Ademe et l'Arcep estime que l'empreinte carbone numérique d'un Français est de seulement… 253 kilos de CO2 par an. Et si l'on considère son empreinte globale (8,9 tonnes de CO2 par an selon le ministère de la Transition écologique), elle reste elle aussi bien en deçà de l'impact total de Clara.

Sensibiliser sur l'impact environnemental méconnu du numérique

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Pour expliquer ce chiffre colossal, on peut citer plusieurs sources d'émissions. « Pour chaque publication, les données sont stockées dans des datacenters. Ces données sont ensuite transférées via des réseaux de télécoms, puis reçues sur nos terminaux. A chaque étape, de l'énergie est consommée », explique Elisa Boivin, directrice générale de Footsprint.

Toutes les plateformes ne polluent pas à la même échelle. Dans le cas de Clara, Footsprint et 1000heads estiment que les contenus publiés sur Youtube sont responsables de 94% de ses émissions, contre seulement 4% pour ceux d'Instagram et 2% ceux de TikTok. En cause : la longueur de la vidéo. Plus elle dure, plus la quantité de données transférées depuis les serveurs est importante.

Au-delà du cas fictif de Clara, quelle est l'empreinte carbone de l'ensemble des influenceurs ? Difficile de mesurer avec précision leur pollution numérique mais au vu de l' augmentation constante du marché , le sujet a de quoi alarmer. Rien qu'entre 2020 et 2021, le marché mondial du marketing d'influence est ainsi passé de 9,7 à plus de 13 milliards de dollars, selon l'Autorité de régulation de la publicité (ARPP). En France, le ministère de l'Economie a évalué à 150.000 le nombre d'influenceurs qui comptabilisent plus de 10.000 abonnés.

Une influence responsable est-elle possible ?

L'objectif de l'étude n'est pas de culpabiliser. « Nous souhaitons sensibiliser sur l'impact environnemental méconnu du numérique et surtout montrer qu'avec un effort collectif, nous pouvons réduire cet impact », souligne Elisa Boivin.

Pour cela, des solutions existent. Pour les créateurs, les auteurs de l'étude préconisent de privilégier les formats courts. Côté utilisateurs, ils peuvent choisir une résolution plus basse sur les vidéos visionnées. « Il est aujourd'hui estimé qu'une vidéo visionnée en 720p génère 50% d'émissions en moins qu'en 1080p, sans perte visible de qualité sur smartphone », affirme la directrice générale de Footsprint.

Le type de connexion aussi a son importance. Selon l'étude, les données cellulaires utilisent cinq fois plus d'énergie que le wifi. Enfin, certaines plateformes, comme TikTok, proposent un mode « faibles données » pour visualiser leurs contenus.

Les influenceurs, une arme écologique ?

Mais alors, une influence responsable est-elle possible ? « Il ne faut pas sous-estimer le pouvoir de mobilisation des influenceurs, avance Elisa Boivin. S'ils utilisent leur voix pour promouvoir la sobriété numérique et une consommation responsable, je suis persuadée que les influenceurs feront partie de la solution dans la lutte contre le changement climatique. ».

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Même les experts du Giec en sont convaincus : le sixième rapport du groupe d'experts sur le climat reconnaît le pouvoir des influenceurs dans le basculement vers des modes de consommation plus durables.

Faustine Mazereeuw

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