Solaÿman Laqdim est le nouveau Délégué général aux droits de l’enfant, selon lui, la problématique est multiple : "La pauvreté, dans ses différentes déclinaisons, fragilise sérieusement l’accès aux droits fondamentaux des enfants. Les problèmes se posent souvent au niveau du statut administratif des parents : refus du revenu d’intégration sociale ou exclusion du chômage. Dans les cas les plus extrêmes, cela se traduit par de l’auto-exclusion ou de la non-activation des dispositifs d’aide afin d’éviter de potentielles violences institutionnelles."
Et les évènements de ces derniers mois n’ont pas amélioré la situation des familles : "La précarité s’est considérablement accentuée avec la flambée des prix de l’énergie et des denrées alimentaires suite au conflit en Ukraine. Beaucoup de parents vivant dans une situation de pauvreté parfois même en exerçant une activité professionnelle (working poor) sont en médiation de dettes pour des factures impayées ou sollicitent une aide alimentaire. Cette situation impacte considérablement tous les domaines de la vie des enfants : le logement, la scolarité, l’accès aux soins de santé (mentale), l’accès au sport, l’accès à la culture, la mobilité. Aujourd’hui un enfant sur quatre vit sous du seuil de pauvreté en FWB."
Mais est-ce pour autant le rôle de l’école de prendre en charge cette aide supplémentaire ? " L’école a un rôle à jouer car elle a la spécificité de rassembler sur un même lieu tous les enfants", explique Soulaÿman Laqdim, "Il est important de tendre vers la gratuité scolaire car les frais répétés (garderie, taxe tartines, voyage scolaire) occasionnent des dépenses difficiles à supporter pour les familles vivant en situation de pauvreté. Chaque enfant doit pouvoir être traité de manière équitable en FWB. Tendre par exemple vers la gratuité des cantines scolaires dans l’enseignement fondamental permettrait d’avoir un impact bénéfique sur la santé des enfants mais aussi d’offrir aux familles les plus précaires un repas chaud et équilibré. La gratuité proposerait, en outre, une belle alternative aux parents qui ont parfois besoin de mieux organiser leur vie professionnelle ou personnelle."
Les écoles, surtout celles de l’enseignement spécialisé, expliquent un manque cruel de moyens pour faire face à cette problématique, pour le Délégué général, le refinancement de l’enseignement est, avant tout, un choix politique :"Aujourd’hui nous savons que la pauvreté engendre des conséquences négatives pour de nombreux jeunes que ce soit sur leur bien-être, sur leur santé, sur leur chance de réussite, sur l’estime de soi,… Je pense qu’il faut changer d’approche notamment en garantissant l’accès à une éducation totalement gratuite. Cela a évidemment un coût mais plusieurs études démontrent les bénéfices directs et à long terme de ce type de politique (le rapport coûts/bénéfices est estimé à environ 1 pour 4). Il s’agit donc bien d’une orientation politique que d’autres pays en Europe n’ont pas hésité à adopter. Par exemple, la gratuité dans les cantines scolaires existe déjà dans les pays baltes (Estonie, Lituanie, Lettonie). Avant d’être une question de moyens, c’est un véritable choix politique."