Le gouvernement français présentait mardi (4 avril) son nouveau projet de loi militaire prévoyant une augmentation d’un tiers du budget de la défense d’ici à 2030 pour répondre aux tensions en Europe et aux besoins ukrainiens.
La loi de programmation militaire (LPM), dont une nouvelle version a été présentée au Conseil des ministres français mardi matin, expose les orientations de la politique de défense pour les sept prochaines années.
Elle couvre les domaines « géostratégiques, capacitaires, industriel, finanicer, et ceux liés aux conditions de vie et de travail des femmes et des hommes de la défense », précise l’Élysée dans le compte-rendu du conseil des Ministres.
Le gouvernement et le président de la République insistent sur quatre axes clés : la crédibilité de la dissuasion nucléaire, l’amélioration opérationnelle et stratégique, la préparation, au besoin, à l’intervention dans le cadre d’une coalition et l’amélioration du cadre de vie des militaires.
413 milliards d’euros
Au total, Paris souhaite consacrer 413 milliards d’euros à l’armée au cours des sept prochaines années, ce qui permettrait d’accroitre d’un tiers le budget des forces armées françaises d’ici 2030.
L’augmentation annuelle du budget de l’armée française pourrait être comprise entre 3 et 4 milliards d’euros.
Cette annonce intervient dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui a mis en évidence le besoin de munitions dans toute l’Europe et l’avantage de disposer de stocks suffisants, dans lesquels les alliés de l’Ukraine ont et vont puiser pour aider Kiev.
« Les prochaines années doivent permettre aux forces armées de consolider et de reconstituer les stocks », indique le texte du budget proposé, qui met davantage l’accent sur les munitions par rapport aux périodes budgétaires précédentes.
Dans sa dernière version, le gouvernement français propose ainsi de dépenser 16 milliards d’euros pour les « munitions sur la période 2024-2030 ».
La France, en élaborant ce budget, a tiré les leçons de l’expérience « du retour des conflits interétatiques aux portes de l’Europe », a déclaré le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, dans le préambule du projet de loi de son ministère.
Les investissements des prochaines années « favoriseront également une transition nécessaire vers les capacités futures : tirs en profondeur, portée accrue et autodirecteur amélioré, munitions téléopérées », précise le texte.
Des fonds suffisants ?
La France se penchera donc sur « la modernisation des missiles antinavires à longue portée, des capacités de suppression de la défense aérienne ennemie (SEAD) et de croisière, des intercepteurs surface-air et air-air (Aster-MICA et METEOR) ainsi que des torpilles lourdes F21 et des blindages antichars (ACCP, MMP) », précise le projet de loi.
Néanmoins, « l’augmentation annoncée pourrait ne pas être si astronomique qu’il y paraît », parie Jean-Pierre Maulny, directeur adjoint de l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS).
D’abord parce que l’inflation galopante a un effet non négligeable. Ensuite, parce que notre contribution à des fonds et mécanismes européens devrait augmenter, comme c’est actuellement le cas avec la facilité européenne de paix (FEP). La France est contributrice à hauteur de 1,4 milliards d’euros des 5 + 2 milliards injectés pour la période 2021-2027, « dont 80% sont destinés à financer l’armement de l’Ukraine », précise M. Maulny.
[Paul Messad a contribué à la rédaction de cet article.]