justiceAffaire du chantage homophobe à la sextape : le maire de Saint-Étienne mis en examen

Par Quentin Martinez le 07/04/2023
Gael Perdriau

Gaël Perdriau, maire de Saint-Étienne, a été mis en examen avec trois de ses collaborateurs dans une affaire de chantage homophobe à la sextape contre son ex-premier adjoint Gilles Artigues.

C'est "un soulagement" pour Gilles Artigues, souffle son avocat, Me André Buffard, ce vendredi 7 avril sur France Bleu Saint-Etienne Loire. Le maire et président de la métropole de Saint-Étienne (Loire) Gaël Perdriau (ex-Les Républicains) a été mis en examen la veille. L'édile est accusé d'avoir été à la tête d'un chantage homophobe contre celui qui était alors son premier adjoint, Gilles Artigues (UDI), le menaçant d'outing via le dévoilement d'une vidéo où il avait été piégé en compagnie d'un escort.

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Tout a commencé quand Mediapart a révélé l'affaire en août dernier, révélant l'existence d'une vidéo dans laquelle on peut voir Gilles Artigues se faire masser par un homme dans une chambre d'hôtel. Datant de janvier 2015, elle aurait été obtenue dans le cadre d'un piège tendu au premier adjoint par Samy Kéfi-Jérôme, un autre élu municipal, et le compagnon de celui-ci Gilles Rossary-Lenglet et le directeur de cabinet du maire, Pierre Gauttieri. Les trois hommes sont également mis en examen.

Sept mois d'enquête necéssaires

À Mediapart, Gilles Rossary-Lenglet affirmait aussi qu'il aurait été rétribué pour ce traquenard au travers de fausses prestations facturées à des associations locales subventionnées par la mairie, et que le but de cette opération visait bien à neutraliser Gilles Artigues, que Gaël Perdriau aurait perçu comme un adversaire politique. En 2014, le maire avait été élu grâce une alliance avec le centriste, devenu son premier adjoint, mais ce dernier, particulièrement conservateur, lui faisait de l'ombre.

Le parquet de Lyon avait ouvert une enquête en septembre 2022, et la victime présumée avait porté plainte pour chantage aggravé. De son côté, Gaël Perdriau s'était défendu de toute implication dans l'affaire. Mais des enregistrements révélés par Mediapart et les perquisitions et analyses des ordinateurs et téléphones portables des accusés semblent avoir donné des raisons de douter aux enquêteurs. Ce jeudi, la justice a annoncé dans un communiqué que Gaël Perdriau était mis en examen pour chantage et placé sous le statut de témoin assisté pour détournement de fonds publics.

Le maire s'accroche à son siège

Gilles Rossary-Lenglet est quant à lui suspecté de "complicité de chantage avec mise à exécution de menace", "utilisation, conservation ou divulgation d'un document ou enregistrement portant sur des paroles ou images à caractère sexuel et obtenu par une atteinte à l'intimité de la vie privée" et "recel de bien obtenu par l'aide d'un détournement de fonds". L'AFP rapporte que son avocat, Me Sylvain Cormier, a décrit son client comme "un lanceur d'alerte" dénonçant "un système auquel il a participé pour que la vérité éclate"... près de huit ans après les faits. Des accusations similaires pèsent sur Pierre Gauttieri, renvoyé en septembre 2022, et Samy Kéfi-Jérôme, qui a démissionné à la même période. À la seule différence que ces derniers sont poursuivis pour "chantage avec exécution de la menace".

Malgré sa mise en examen, Gaël Perdriau refuse toujours de démissionner, invoquant la présomption d'innocence. L'opposition municipale continue de dénoncer cette situation. Pierrick Courbon (PS) estime ainsi que le maire "doit démissionner pour la réputation et l'honneur de notre ville à défaut du sien". Même au sein de la majorité, des voix s'élèvent, comme celle Lionel Boucher (UDI) qui demande auprès de France Bleu la tenue d'un conseil municipal extraordinaire : "Les Stéphanois, au-delà de l’indignation et du soutien à Gilles Artigues, sont fatigués de voir notre ville salie par ce système mafieux. Ils sont désireux, comme nous, que se tourne cette triste page de notre histoire".

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Crédit photo : Saint-Étienne Ville via YouTube