"Sans contacts, dans le noir, sans référence au temps" : une sportive espagnole refait surface après 500 jours sous terre, un record d'isolement
Beatriz Flamini a passé un an et demi totalement seule sous terre, dans l'obscurité, pour une expérience scientifique sur l'isolement. La quinquagénaire a refait surface ce vendredi.
- Publié le 15-04-2023 à 14h44
Une sportive espagnole de l'extrême est revenue à l'air libre vendredi matin après plus de 500 jours passés dans une cave naturelle, complètement coupée du monde à 70 mètres de profondeur, qualifiant l'expérience d'"excellente" et "incomparable"... malgré une invasion de mouches. "Cela fait un an et demi que je ne parle à personne, que je suis seule avec moi-même", a déclaré Beatriz Flamini, 50 ans, lors d'une conférence de presse à Motril, une petite ville située dans le sud de l'Andalousie (région sud de l'Espagne), près de la côte.
Elle était sortie environ deux heures plus tôt, avec l'aide de spéléologues, d'une cave située à quelque 10 kilomètres de là, au fond de laquelle elle se trouvait depuis le 21 novembre 2021 - soit depuis 510 jours - pour une expérience scientifique destinée à évaluer l'impact physique et mental d'un isolement total et d'une perte de repères temporels.
Beatriz Flamini, qui s'est excusée plusieurs fois pour ses difficultés à trouver ses mots, a expliqué qu'elle disposait simplement de livres, d'une lumière artificielle et de caméras pour enregistrer son expérience, mais qu'elle n'avait eu ni téléphone, ni appareil pour savoir l'heure ou le jour de l'année.
"Des défis de ce genre, il y en a eu beaucoup, mais aucun avec toutes les caractéristiques de celui-ci: seule et dans un isolement total, sans contact avec l'extérieur, sans lumière (naturelle), sans référence au temps", a commenté David Reyes, membre de la Fédération andalouse de spéléologie, qui était chargée de la sécurité de Flamini.
"Ce n’est pas que le temps passe plus vite ou plus lentement ici, c’est simplement qu’il ne s’écoule pas, parce qu’on dirait qu’il est toujours quatre heures du matin", a expliqué la sportive. Au début de l'expérience, elle a essayé de compter les jours qui s'écoulait, mais a fini par abandonner au bout de 65. A son retour à la surface, elle pensait en être à 160 ou 170 jours, a-t-elle raconté.
"La grotte est un espace souterrain généralement assez sûr mais ils sont très hostiles à l'être humain et surtout au cerveau car vous ne voyez pas la lumière du jour. Vous ne savez pas comment le temps passe, vous n'avez pas de références, vous n'avez pas de stimuli sonores. C'est toujours le même silence ou le même ruissellement", dit-elle aux agences de presse AFP et Reuters présentes lors de sa sortie de la grotte.
Le ministre espagnol du Tourisme, Héctor Gómez, a salué dans une interview à la Télévision publique espagnole (TVE) la performance de l'athlète, décrivant "une manifestation de résistance extrême".
Selon la presse espagnole, il s'agirait du record mondial dans cette catégorie de la plus grande durée passée sous terre dans un isolement total.