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Guerre en Ukraine : assassinats d’enfants, d’adolescents et de personnes âgées, des ex-combattants de Wagner racontent les atrocités commises

© Capture d’écran vidéo youtube de gulagu.net

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Par Daphné Van Ossel
L’organisation russe de défense des droits de l’homme Gulagu.net a publié le témoignage vidéo de deux anciens prisonniers qui ont combattu pour le groupe Wagner. Leur contrat est terminé, ils sont rentrés en Russie. Azamat Yaldarov et Alexey Savichev témoignent des atrocités qu’ils ont commises.
 
Azamat Yaldarov explique qu’il a assassiné des enfants à Soledar et à Bakhmout, affirmant que ses hommes et lui avaient reçu l’ordre "d’éliminer tout le monde – hommes, femmes, personnes âgées et enfants". Il se souvient d’avoir tiré une deuxième balle sur une fillette de cinq ou six ans pour s’assurer de sa mort.
 

Une fosse remplie de morts et de blessés

Aleksey Savichev déclare pour sa part qu’il avait tiré sur ses propres hommes pour désobéissance et qu’il avait personnellement assisté à l’exécution de plusieurs dizaines de combattants de Wagner pour le même motif. Il dit aussi avoir reçu l’ordre, en janvier dernier à Bakhmout, de jeter des grenades dans une fosse remplie de morts et de blessés ukrainiens et russes, avant d’arroser leurs d’essence et de les brûler. Aleksey Savichech a également affirmé que son unité avait tué 23 civils, dont 10 adolescents non armés.
 
"Sans la complicité de Poutine (qui a personnellement signé leur grâce) et de Prigojine (chef du groupe Wagner), ces individus auraient purgé des peines de prison dans des colonies, mais au lieu de cela, les autorités russes les ont envoyés à la guerre, après leur avoir appris à tuer d’autres personnes", précise Vladimir Osechkin, militant des droits de l’homme à l’origine du projet Gulagu.net dans un texte qui accompagne les vidéos.
 
"En outre, ajoute-t-il, les deux anciens commandants des unités du PMC Wagner ont déclaré qu’Evgueni Prigojine avait personnellement donné des ordres criminels pour les exécutions et les meurtres, et avait également approuvé les méthodes terroristes et la cruauté."

Pourquoi ces témoignages ?

Le média indépendant russe Meduza commente ces témoignages : "[Les deux témoins] ont indiqué que les mercenaires risquaient d’être assassinés s’ils parlaient à des journalistes ou divulguaient des informations sur les opérations de combat, ce qui laisse planer le doute sur les raisons pour lesquelles ces deux hommes ont décidé de partager leur histoire avec Gulag.net. (Vladimir Osechkin a suggéré à Meduza qu’Uldarov et Savichev luttent contre la mauvaise conscience)".
 
Evgeni Prigojine, le chef du groupe Wagner, a réagi, via son service de presse sur Telegram : "En ce qui concerne les fusillades d’enfants, personne ne tire jamais sur des civils ou des enfants, personne n’en a besoin. Nous sommes allés là-bas pour les sauver du régime auquel ils étaient soumis."

Punition

Le chef de cabinet du président ukrainien Volodymyr Zelensky, Andriy Yermak, a pour sa part déclaré sur Twitter : "Les terroristes russes ont avoué de nombreux meurtres d’enfants ukrainiens à Bakhmout et Soledar. L’aveu ne suffit pas. Il doit y avoir une punition. Dure et juste. Et elle le sera sans aucun doute. Combien d’autres crimes de ce type ont-ils été commis ?"

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L’Institute for the Study of War (ISW, un groupe de réflexion américain) rend également compte de ces témoignages. Il précise qu’ils confirment une série de rapports sur l’utilisation systématique de la brutalité par le groupe Wagner comme méthode de guerre. "Ce type de violence enracinée risque d’avoir des répercussions de plus en plus importantes sur la société russe, commente l’ISW, en particulier lorsque les combattants de Wagner auront achevé leur contrat et seront rentrés chez eux. La société russe devra s’efforcer de gérer la brutalité normalisée commise par ses forces au fur et à mesure de leur réintégration dans la sphère domestique, ce qui aura probablement des ramifications sociétales générationnelles."

Le bureau du procureur général ukrainien a annoncé avoir ouvert une enquête pour violation des lois et coutumes de la guerre. "Les circonstances évoquées lors de l’entretien seront vérifiées dans le cadre de l’enquête pénale", a-t-il précisé. Il ajoute également que diverses procédures sont en cours contre des membres de milices privées, notamment pour avoir commis des crimes de guerre sur le territoire occupé de l’Ukraine.

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