Désert médical : Doctobus, un camping-car transformé en centre de santé

Trois jours par semaine, le Doctobus va à la rencontre des habitants de huit communes de l’agglomération d’Évreux. À son bord, des médecins retraités prennent en charge les patients.

Par Lise Lacombe pour Le Point

Trois jours par semaine, le Doctobus vient à la rencontre des habitants de huit communes dans l’agglomération d’Évreux. À bord, des médecins retraités prennent en charge les patients. (Illustration)
Trois jours par semaine, le Doctobus vient à la rencontre des habitants de huit communes dans l’agglomération d’Évreux. À bord, des médecins retraités prennent en charge les patients. (Illustration) © Marlene Awaad / MAXPPP / IP3 PRESS/MAXPPP

Temps de lecture : 3 min

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« Obtenir un rendez-vous aussi rapidement, c'est si rare que j'ai sauté dessus ! » Laeticia est une patiente du cabinet médical Doctobus. Comme elle, ils sont entre 13 000 et 15 000 habitants de l'agglomération d'Évreux à peiner pour trouver un médecin traitant, comme le relève Le Parisien.

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Mais avec ce nouveau centre de santé installé dans un camping-car, Laeticia a obtenu son rendez-vous la journée même de son appel. Éviter les délais d'attente trop longs, c'est l'une des missions de cette unité médicale mobile. Julien Boscher, responsable du pôle Santé et handicap de la ville et de l'agglomération d'Évreux, explique : « Notre particularité est d'avoir une réactivité quotidienne, avec des rendez-vous possibles en 48 heures. »

À LIRE AUSSI La cité-santé, le modèle d'avenirPour mener à bien ce défi et offrir un service de proximité pour des patients souvent âgés, le véhicule se gare trois fois par semaine devant la salle des fêtes de la ville transformée en salle d'attente. À bord, des médecins, comme Didier Lefebvre, 73 ans. Après quarante ans de pratique médicale classique en cabinet, il a décidé de reprendre son métier et consulte une fois par semaine dans le véhicule. Comme lui, cinq des six praticiens qui exercent dans le bolide sont à la retraite.

Le siège conducteur reconverti en fauteuil de praticien

Le médecin explique au Parisien la détresse de ses patients, qui racontent avoir « téléphoné à droite, à gauche », mais « personne ne veut [les] prendre ». Didier Lefebvre, conscient de « la forte pénurie de médecins dans l'Eure » et « déchargé des tâches administratives », se dit motivé par cette reprise d'activité même si les conditions de travail sont nouvelles pour lui.

Dans ce Doctobus, l'espace est restreint et le siège conducteur a été transformé en fauteuil de praticien. Mais selon le médecin originaire de Rouen, « on s'y fait » et « on peut faire la même médecine que dans un cabinet ». La plupart du temps, « les trois quarts » des patients viennent le voir pour un renouvellement d'ordonnance car leur médecin est parti à la retraite.

Pour Julien Boscher, le Doctobus était devenu plus qu'urgent face à une situation « véritablement dramatique ». Dans les semaines qui viennent, « de nouveaux médecins vont quitter le territoire », explique-t-il. Dans la seule ville d'Évreux, 6 600 personnes ne trouvent pas de médecin traitant.

La médecine itinérante se développe

Ce dispositif est le premier à être mis en place par une collectivité territoriale, même si des expériences d'unités mobiles ont déjà été menées dans d'autres zones, comme dans l'Orne. Déjà, en 2020, le département avait lancé le Médicobus, un cabinet de consultation itinérant.

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Dans le même département, la Mammobile se déplace dans les communes rurales éloignées depuis trente ans pour proposer un dépistage gratuit du cancer du sein. Dans le Var, un Gynécobus sillonne les routes depuis septembre tandis que le camion Opti'soins propose un suivi médical aux femmes enceintes en Auvergne.

Des initiatives qui se multiplient et, si elles ne règlent pas le problème du désert médical, permettent de soulager les zones rurales. Selon Julien Boscher, la médecine itinérante est une « réponse intéressante » sur des territoires « où la problématique de la mobilité est capitale ». Une révolution médicale à laquelle il va falloir s'habituer, selon lui : « Les médecins d'aujourd'hui ne sont pas ceux d'hier. »

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Commentaires (16)

  • titi toto lili

    Plus de 4000 médecins français sont partis travailler à l'étranger.

  • Skeptos

    C'est exact... Pour le 93 et d'autres zones, c'est une tout autres problématique que les zones rurales ou les grandes villes

  • pouzele

    A Djibouti en 19815 j’ai mis en place une PMI mobile pour apporter des soins et des vaccinations aux femmes enceintes et aux enfants dans populations isolées... C’était en Landrover station-wagon...
    Je ne pensais pas voir en France, près de 40 ans après, des centres médicaux mobiles pour atteindre certaines populations... Isolées
    C’est une merveilleuse idée mais qui me surprend quand même dans un pays dont le "monde" envie le système de soins.