Journée mondialeLa réhabilitation « réussie » du macaque Rose, après 17 ans en laboratoire

Mayenne : La réhabilitation délicate mais « réussie » du macaque Rose, après dix-sept ans en laboratoire

Journée mondialeLe primate, recueilli au Refuge de l’Arche (Mayenne) après une vie isolée en cage à subir des tests, est parvenu à s’adapter à un nouvel environnement et à s’intégrer à un groupe
La femelle macaque rhésus a conservé des tatouages comme souvenir indélébile de son passé en labo.
La femelle macaque rhésus a conservé des tatouages comme souvenir indélébile de son passé en labo. - Le Refuge de l'Arche / Le Refuge de l'Arche
Frédéric Brenon

Frédéric Brenon

L'essentiel

  • Créé en 1974, le Refuge de l’Arche abrite quelque 1.300 animaux, la plupart exotiques, sur son site de Château-Gontier en Mayenne.
  • Certains tentent de se réadapter après une vie à subir des tests en laboratoires.
  • Plus de 2.000 primates sont aujourd’hui utilisés pour la recherche en France.

«On peut dire qu’elle revient de loin… », confie sa soigneuse. La Journée mondiale des animaux de laboratoires est aussi l’occasion pour les refuges d’évoquer de belles histoires, celles de rescapés étant parvenus à retrouver une vie paisible hors des labos. Rose est l’un d’entre eux. Ce singe macaque, aujourd’hui âgé de 25 ans, a passé dix-sept années de sa vie enfermée dans des cages de laboratoires médicaux où elle subissait des expériences. Jusqu’à une intervention, en 2015, du Groupement de réflexion et d’action pour l’animal (Graal) et son placement au Refuge de l’Arche (Mayenne), un parc animalier spécialisé dans la sauvegarde d’animaux exotiques.

« Elle vivait dans une petite cage, seule après avoir été séparée de sa fille, raconte Elodie Le Donge, chef animalière du Refuge de l’Arche. Elle n’était nourrie que de croquettes et ne voyait jamais l’extérieur. » Le primate présentait alors une faible musculature, souffrait d’un manque d’agilité, de gestes répétitifs liés au stress et de difficultés à s’alimenter par lui-même. « Il lui a fallu apprendre à éplucher les fruits et légumes, à se déplacer dans un grand espace. Au départ, elle est tombée plusieurs fois en bondissant. »

« Même avec de la patience ce n’était pas évident »

Au bout de cinq mois d’adaptation en solo, Rose a été placée dans une cage proche de deux macaques mâles. Une étape importante pour apprendre les codes sociaux d’une vie en groupe sans risquer les blessures. « Les macaques ont besoin d’interactions entre eux. Ils communiquent beaucoup par cris, par mimiques. Rose ne savait pas s’y prendre. Ça lui a pris pas mal de temps. Aujourd’hui encore on l’entend beaucoup moins que les autres. »

Cohabitant progressivement avec ses congénères, au cours d’un processus d’un an supplémentaire, Rose vit depuis sans séquelle apparente de sa vie d’avant, si ce n’est les deux tatouages toujours visibles sur l’abdomen et le visage. « Elle occupe tout son enclos, elle joue, elle mange très bien, raconte Elodie Le Donge. Elle a même des moments d’épouillage avec le mâle Adi, qui est un signe de complicité chez les primates. On peut parler d’une réhabilitation réussie. Même avec de la patience ce n’était pas évident compte tenu de son âge. Beaucoup d’animaux de laboratoires conservent des traumatismes de leur passé, pouvant aller jusqu’à l’automutilation. »

Des babouins, des macaques crabiers, un lémurien…

Dans les années 1930, les macaques rhésus subissaient des expériences pour la recherche sur le sang desquelles vient le nom des groupes sanguins A/B/C, explique Le Refuge de l’Arche. Aujourd’hui, en France, plus de 2.000 primates sont utilisés chaque année en recherche fondamentale et en recherche préclinique. Ils participent indirectement à tester de nouvelles molécules ou à développer de nouveaux médicaments.


Outre Rose, le parc animalier mayennais abrite également une trentaine de macaques crabiers, une quinzaine de babouins, ainsi qu’un lémurien hybride, tous sortis de laboratoire. Ses autres pensionnaires ont été abandonnés ou retirés à leurs propriétaires. Un total de 1.300 animaux se trouvent ainsi sur le site accessible aux visiteurs. Aujourd’hui quasi-complet sur ses 23 hectares, le Refuge de l’Arche, qui emploie 32 salariés, cherche en permanence à développer ses moyens pour répondre à ses missions.

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