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Reportage Afrique

Soudan du Sud: pour contrer les mariages forcés, Mary Mali Maze veut faire changer les mentalités [2/3]

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Au Soudan du Sud, des conflits intercommunautaires secouent les régions du Jonglei et du Grand Pibor, dans l’est du pays. Au cœur de ces guerres sans fin, des vols de bétail, de femmes et d’enfants. Leur raison : la pauvreté rampante et un système de mariage basé sur le paiement d’une dot en bétail à la famille de l’épouse. Un système qui favorise les conflits, mais aussi les mariages précoces et forcés, quand la pauvreté pousse les familles à marier leurs filles pour survivre. Dans le Grand Pibor, si la majorité des filles semblent prises au piège, certaines parviennent à s’émanciper : continuer leur éducation, et épouser un homme qu’elles aiment.

Chez Mary Mali Maze, à Pibor, le 10 mars 2023.
Chez Mary Mali Maze, à Pibor, le 10 mars 2023. © Florence Miettaux / RFI
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De notre envoyée spéciale dans le Grand Pibor,

À Pibor, tout est calme, mais le paysage porte la marque des conflits. Des tranchées sont maintenues dans la ville en cas d’attaques, et la plupart des maisons sont de simples abris.

Mary Mali Maze, la vingtaine, a fait sa scolarité en Ouganda et travaille aujourd’hui avec l’ONG Gredo à Pibor. Grâce à son salaire, elle construit une nouvelle maison pour sa famille, elle qui a bien failli être mariée très jeune, contre du bétail. « Mon père voulait qu’on aille toutes à l’école. Mais les frères de mon père ont fait pression sur lui pour qu’il marie ses filles, car ils voulaient récupérer les vaches qu’ils avaient données pour que mon père puisse épouser ma mère. Donc, mon père n’a pas eu le choix, il a dû marier mes deux grandes sœurs, mais a voulu que tous ses autres enfants aillent à l’école. »

► À écouter aussi : Soudan du Sud: les femmes du Grand Pibor prises au piège des conflits

Monnaie d'échange

Après la mort de son père en 2017, le frère de Mary souhaite se marier. Il tente alors de convaincre la famille de marier Mary pour obtenir de quoi payer la dot. Ce que la mère de Mary refuse.

« Ma fille aînée a été mariée très jeune et elle s’est retrouvée dans une situation très difficile, elle a été maltraitée chez son mari. Ensuite, j'ai fait tout mon possible pour que mes autres filles aillent à l’école. Mais c’est rare chez nous, parce que quand une fille naît, les familles pensent immédiatement à la marier pour obtenir des vaches, de l’argent, de la nourriture… C’est ce qui se passe ici, à cause de la pauvreté et de la faim »

« Ils m'ont frappée, ils ont voulu me forcer, mais j'ai résisté »

Mary Marzak, une trentenaire joviale rencontrée au détour d’un chemin, a, elle aussi, échappé à un mariage forcé :

« Les femmes Murle ne choisissent pas l’homme qu’elles épousent. Mais parfois, la femme ne va pas accepter le mari choisi par sa famille. C’est ce qui m’est arrivé. Ma famille m’avait donnée à quelqu’un, mais j’ai toujours refusé d’épouser cet homme, jusqu’à ce qu’ils me laissent aller avec mon amoureux. Bien sûr, ils m’ont frappée, ils ont voulu me forcer, mais j’ai résisté jusqu’à ce qu’ils abandonnent ! Mon copain est devenu mon mari et il a remboursé toutes les choses que l’autre avaient payées. Nous sommes maintenant ensemble et très heureux ! »

Ces deux histoires restent cependant assez exceptionnelles, puisque l’ONU estime que 52% des filles sud-soudanaises sont mariées avant leurs 18 ans.

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