Joe Biden met en garde Kim Jong-Un qu’une attaque nucléaire mettrait «fin» au régime nord-coréen
Le président américain Joe Biden et son homologue sud-coréen Yoon Suk Yeol ont mis en garde cette semaine la Corée du Nord contre toute attaque nucléaire qui déclencherait une riposte telle qu’elle mettrait « fin » au régime à Pyongyang. Cette déclaration, les deux dirigeants l’ont formulée au deuxième jour d’une visite d’Etat du dirigeant sud-coréen aux Etats-Unis destinée à renforcer l’alliance entre les deux pays, tandis que Pyongyang a procédé à un nombre record de tirs de missiles balistiques cette année.
De quoi s’agit-il ?
Séoul et Washington ont adopté mercredi la « Déclaration de Washington » qui renforcera considérablement leur coopération en matière de défense, y compris nucléaire. Parmi les mesures décidées dans le cadre de cet accord figure l’escale d’un sous-marin nucléaire lanceur d’engins en Corée du Sud pour la première fois depuis quatre décennies.
Cette « Déclaration de Washington » met également en place un mécanisme de consultation et d’échange d’informations avec Séoul sur la dissuasion nucléaire.
En revanche, les Etats-Unis n’ont aucunement l’intention de stationner des armes nucléaires en Corée du Sud, ce qui interroge certains experts sur la portée de cette déclaration. « On peut se demander si la Corée du Nord aurait peur d’un sous-marin nucléaire stratégique équipé d’un missile mer-sol d’une portée de plus de 7.400 km », a déclaré à l’AFP Cheong Seong-chang, directeur du Centre d’études nord-coréennes à l’Institut Sejong.
Des missiles de trop longue portée lancés depuis les eaux sud-coréennes pourraient ne jamais atteindre la Corée du Nord, souligne Cheong Seong-chang.
Cette déclaration est-elle importante ?
La visite d’Etat de Yoon Suk Yeol aux Etats-Unis représente sans nul doute une nouvelle étape pour l’alliance entre Séoul et Washington, en raison du « renforcement de leur coopération en matière de sécurité », a déclaré à l’AFP Leif-Eric Easley, professeur à l’université Ewha de Séoul. Les responsables américains estiment que la « Déclaration de Washington » revêt la même importance que les accords noués entre les Etats-Unis et l’Europe du temps de l’Union soviétique.
M. Yoon, qui voit sa popularité chuter à domicile, a tenté de son côté de rassurer ses concitoyens, de plus en plus dubitatifs quant à l’engagement américain en faveur d’une dissuasion élargie pour prévenir une éventuelle attaque contre ses alliés. Les sondages montrent qu’une majorité de Sud-Coréens souhaite désormais que Séoul se dote de sa propre arme nucléaire. M. Yoon a d’ailleurs déjà laissé entendre que Séoul pourrait poursuivre cette option.
La Corée du Sud se dotera-t-elle d’armes nucléaires ?
Séoul n’obtiendra aucune arme nucléaire des Etats-Unis, ce qui pourrait être problématique, pointent des experts. « Une chose est claire : il y avait un accord implicite sur le fait que Séoul ne s’engagerait pas dans le nucléaire », a déclaré Soo Kim, ancienne analyste de la CIA pour la Corée.
Pour Gi-Wook Shin, professeur coréen de sociologie à l’université de Stanford, cette déclaration est vraisemblablement « un pas en avant ». Ce dernier estime toutefois qu’elle ne permettra pas d’« apaiser » les Sud-Coréens qui selon lui sont de plus en plus nombreux à exiger « que Séoul développe ses propres armes nucléaires ».
Que fera la Corée du Nord ?
Le rapprochement entre Séoul et Washington en matière de coopération est susceptible de provoquer l’ire de Pyongyang qui en représailles pourrait procéder à de nouveaux tirs de missile.
En public, « la Corée du Nord minimisera le discours rassurant des Etats-Unis concernant la dissuasion nucléaire », prédit Chun In-bum, un général de l’armée sud-coréenne à la retraite. Mais dans le huis clos des discussions, la Corée du Nord « recevra le message suivant : s’ils font usage d’armes nucléaires, ce sera la fin du régime », ajoute-t-il.
Après s’être consacré pendant des années au développement de programmes nucléaires d’armements pourtant interdits, Kim Jong Un ne changera probablement pas de cap, estiment des experts. « Il est peu probable que la Corée du Nord abandonne ses armes nucléaires », a déclaré à l’AFP Yang Moo-jin, président de l’université des études nord-coréennes à Séoul.
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