TEMOIGNAGES. Guerre en Ukraine : ces Français qui sont partis se battre aux côtés des forces ukrainiennes
Le contingent des volontaires français en Ukraine compterait entre 70 et 80 hommes aujourd'hui. Mais le conflit pose aussi la question des mercenaires et de certains engagements extrémistes.
Combien sont-ils ? Difficile à dire car la discrétion prévaut tant à Paris qu’à Kiev quant aux volontaires français combattant en Ukraine dont une dizaine a été tuée depuis le début du conflit. Aujourd’hui, ils seraient entre 70 et 80. Moitié moins donc que fin mars 2022 lorsque Médiapart évoquait 150 Français en Ukraine dont "une centaine sans affiliation politique connue", une trentaine présentant "des profils connus de l’ultradroite" et "une quinzaine d’ultragauche."
Défendre l’agressé, les victimes innocentes, reste la motivation de la majorité. C’est le cas de Brandon Nicolas, ce jeune Tarn-et-Garonnais de 27ans, grièvement blessé, dont le père, ancien parachutiste du 17e RGPà Montauban, témoignait dans nos colonnes, le 18 décembre dernier. "Très choqué par les images d’enfants morts au début de l’attaque russe, il m’a dit […] je pars là-bas."
"Aider la population ukrainienne à se libérer"
18 mois de formation militaire en France sur son CV…peu après le 24 février 2022, Brandon s’est engagé dans le premier bataillon de la Légion internationale de défense de l’Ukraine. Près de Koupiansk sa position a été attaquée dans la nuit du 4 au 5 décembre dernier. Une balle dans le bras, sept dans la jambe droite… toujours hospitalisé, il confiait la semaine dernière au Monde : "Je ne regrette pas mon choix d’être venu me battre pour l’Ukraine, pour aider la population à se libérer des Russes […] Je veux rester […] Si on m’évacue, je reviens direct ici après ma guérison !"
Autre volontaire interviewé, "Pierre", formation d’officier, mettait également en avant la volonté de se rendre "utile à un peuple injustement attaqué".
Au début, entre un tiers et la moitié des autres Français n’avait aucune expérience militaire à l’instar de "Marcus" venu défendre les valeurs démocratiques européennes, expliquait-il à France Info. Sur le terrain "la réalité de la guerre a découragé la majorité des 'amateurs', ils ne connaissaient pas l’odeur de la mort", nous confie Robert (prénom changé), la cinquantaine, ancien légionnaire.
Trois de ses camarades "sont retournés là-bas". "Légion, paras, les Ukrainiens apprécient les combattants expérimentés qui ont fait des Opex comme l’Afghanistan. Ces trois-là y sont plutôt en free-lance avec une unité d’élite ukrainienne", explique-t-il, soulignant "la diversité des profils."
Militants d'ultra-droite interpellés
Volontariat "pour une juste cause", mercenariat ou goût de l’adrénaline voire, pour certains, d’un peu avouable accès au "permis de tuer", liste-t-il… La guerre "c’est aussi par définition propice aux fêlés, aux extrémistes et à tous les trafics", pointe-t-il. Ce que l’interpellation de deux militants d’ultra-droite – fichés pour "atteinte à la sûreté de l’Etat"- rentrés en France avec du matériel militaire a rappelé le 22 avril dernier.
En 2014, des identitaires français étaient partis se battre avec les séparatistes russes dans le Donbass. Côté ukrainien, les origines ultranationalistes du régiment Azov attirent aussi mais son recrutement a été diversifié et l’unité est rentrée dans le rang, souligne-t-on désormais à Kiev.
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