Malgré les normes internationales pour la protection et promotion des droits des enfants et des femmes, la pratique du mariage, souvent forcé, des mineurs, reste courante. L’UNICEF s’alarme de la baisse trop lente du nombre de mariages de mineurs.

L’agence de l’ONU estime qu’aujourd’hui dans le monde, 650 millions de femmes ont été mariées avant leurs 18 ans - soit une jeune femme sur cinq. 7,5 millions de jeunes filles sont encore mariées chaque année, avec de lourdes conséquences sur leur parcours de vie.

Mais d’importants progrès ont été réalisés au cours des 25 dernières années. 1997, 25 % des jeunes femmes âgées de 20 à 24 ans avaient été mariées avant leur 18e anniversaire. Ce chiffre est tombé à 23 % en 2012, et 19 % en 2022. Au total, 68 millions de ces mariages ont pu être évités selon l’UNICEF.

Mais l’organe de l’ONU s’inquiète aujourd’hui de voir cette diminution du nombre de mariages ralentir. Au rythme actuel, l’UNICEF estime qu’en 2030, le nombre de filles mariées avant leur majorité dépassera toujours les 9 millions.

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Le mariage est encore vu comme une mesure de protection

Pour atteindre son objectif d’éliminer la pratique du mariage des enfants d’ici la fin de la décennie, l’UNICEF estime que la baisse annuelle devrait être 20 fois plus rapide. Or, face à la multiplication des crises, l’ONG s’inquiète de voir le nombre des mariages de mineurs repartir à la hausse, annulant les progrès faits au cours des dernières années.

Le Covid-19 pourrait ainsi être à l’origine de 10 millions de mariages de mineures supplémentaires entre 2020 et 2030. Les conflits régionaux et le réchauffement climatique pourraient aussi participer à une recrudescence du nombre de mariage d’enfants.

« Bien que le mariage des enfants soit une violation claire des droits de l’enfant, il est souvent vu par les familles comme une mesure de “protection” pour les filles : protection financière, sociale, voire physique », rappelle le rapport. C’est aussi un moyen pour les familles les plus pauvres d’avoir une bouche de moins à nourrir.

« Les filles devraient être des élèves et pas des mariées », rappelle Catherine Russell, la patronne de l’Unicef. Son organisation s’inquiète particulièrement de l’évolution de cette pratique en Afrique subsaharienne, où 34 % de femmes sont mariées avant 18 ans. Une proportion qui dépasse les 50 % dans plusieurs pays de cette région du monde.

L’Asie du Sud, en revanche, enregistre les baisses les plus importantes à l’échelle mondiale, à tel point que l’UNICEF estime qu’elle pourra éliminer les mariages d’enfants dans une cinquantaine d’années. Mais malgré cette prévision encourageante, il faut rappeler que la région concentre tout de même 45 % des filles mariées avant leurs 18 ans - près d’un tiers de ces filles se trouve en Inde.

« Nous avons prouvé qu’il était possible de progresser pour mettre fin aux mariages d’enfants » encourage Catherine Russell. « Pour cela, il faut apporter un soutien indéfectible aux filles et aux familles vulnérables. Nous devons nous assurer que les filles restent à l’école ! »