LGBTphobie"Mort aux pédérastes" : deux hommes gays agressés au couteau à Dijon

Par Nicolas Scheffer le 17/05/2023
Voiture de police

Deux hommes gays ont été agressés à l'arme blanche par un homme près du lac de Kir à Dijon. Yannick et Benjamin racontent cette soirée traumatisante.

Il est environ 22h, vendredi 12 mai, quand Yannick et Benjamin, deux amis gays, quittent un restaurant de Dijon, en Bourgogne, et décident de faire un tour près du lac de Kir. Là, ils tombent sur un homme, cagoulé, qui leur porte plusieurs coups de couteau en criant "mort aux pédérastes". Sept jours d'interruption totale de travail (ITT) ont été attribués aux victimes, et une plainte a été déposée dimanche.

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"Puisque nous ne sommes pas en couple, nous n'étions pas en train de nous promener main dans la main ou n'importe quoi qui puisse défier un homophobe", témoigne au téléphone Yannick, 39 ans, Parisien d'origine dijonnaise, qui fut maire en Seine-Saint-Denis. Selon son récit, l'agression près du lac de Kir – qui est par ailleurs un lieu de cruising – survient quand, pris d'une envie pressante, Benjamin se dirige vers un buisson. "Je l'attends, un peu en retrait, quand surgit un type de l'ombre, qui était manifestement déjà présent", raconte Yannick. L'homme demande aux promeneurs ce qu'ils font ici, avant de s'approcher de Benjamin, à qui il lance : "Prépare-toi, c'est ta sentence."

"Mon agresseur a sorti un couteau pliable qu'il a déplié devant moi en disant 'c'est pas fini'."

"J'ai senti un coup, comme un coup de poing au niveau de la fesse gauche. Avec la douleur j'ai reculé, et en reculant, une autre personne est sortie de nulle part. Mon agresseur était toujours face à moi, il a sorti un couteau pliable qu'il a déplié devant moi en disant 'c'est pas fini'", déclare Benjamin dans sa plainte, que nous avons pu consulter. Voyant le couteau, dont il estime la lame à une vingtaine de centimètres, Benjamin porte la main sur sa fesse, en sang, et constate que son pantalon est déchiré. "Il me crie de courir, qu'il faut s'enfuir", se rappelle Yannick.

"Mort aux pédérastes"

Alors qu'ils prennent la fuite, les deux hommes se séparent. Lorsque Yannick se retourne, il constate que l'agresseur est derrière lui. "Il me lance 'mort aux pédérastes !' et je sens comme un coup de poing. Puis il est parti aussi vite qu'il a surgi", confie Yannick, qui remarque peu après qu'il a trois plaies autour de la fesse. La police et les pompiers arrivent rapidement et conduisent les deux hommes à l'hôpital, où les médecins leur prescrivent sept jours d'interruption totale de travail à chacun.

"On pense que l'agresseur a entre 16 et 19 ans grand maximum", témoigne Yannick, qui ne peut pas décrire davantage l'homme cagoulé. "Il était de type nord-africain, de sexe masculin avec des cheveux courts et noirs, mais bouclés sur le dessus. Il était jeune, de corpulence normale, habillé tout en noir avec un sweat à capuche", peut-on lire dans la plainte de Benjamin.

Si les deux hommes se remettent progressivement de leur agression, le choc persiste. "On ne comprend pas ce qu'il s'est passé, c'était totalement gratuit. J'avais beau penser ma ville natale comme très calme, il fallait que ça arrive à cet endroit-là", déplore Yannick. Dans son dernier rapport, SOS homophobie alerte contre la nette hausse des agressions LGBTphobes, dont 68% ciblant des hommes gays.

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Crédit photo : capture d'écran Twitter @yannickhoppe