Les incidents et les violences contre les médecins ont augmenté de 23% en un an

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Les incidents et les violences contre les médecins ont augmenté de 23% en un an

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Un centre médical dans le VIIe arrondissement de Paris. Image d'illustration.
Un centre médical dans le VIIe arrondissement de Paris. Image d'illustration.
© AFP - Hans Lucas / Laure Boyer

INFO FRANCE INTER - 1244 incidents et violences ont été recensés par l’Observatoire de la sécurité des médecins en 2022, soit une augmentation de 23% en un an. Les professionnels les plus régulièrement touchés sont les médecins généralistes.

L'augmentation est nette. L'an dernier, les incidents et violences recensés par l' Observatoire de la sécurité des médecins ont bondi de 23% : 1244 ont ainsi été dénombrés sur l'ensemble de l'année 2023, selon un rapport dévoilé par France Inter ce mardi. On dénombrait, en 2021, 1 009 déclarations et, à titre de comparaison, seulement 638 incidents en 2003. La majorité des incidents à lieu en centre-ville (56%) contre 21% en milieu rural et 19% en banlieue.

Les médecins généralistes sont en première ligne : ils représentent 71% des victimes de violences physiques et d'incidents type vol d'ordonnance ou de carte professionnelle. Derrière, psychiatres, cardiologues et gynécologues sont les plus souvent visés, principalement pour des reproches sur la prise en charge médicale, mais aussi en cas de refus de prescription médicamenteuse ou d'arrêt de travail, de falsification de documents, ou de vols.

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"Il m'a tiré dans la jambe"

Ces violences, Nicolas, généraliste pour SOS médecins à Mulhouse, en fait les frais. L'an dernier, appelé pour une visite à domicile, le ton est monté très vite : "Le compagnon de la patiente était très agressif depuis le début de la consultation", raconte-t-il. "Il a commencé à m’insulter très rapidement et deux minutes plus tard, il est revenu avec un fusil à pompe."

Le médecin cherche alors immédiatement à prendre la fuite. "Au moment où je suis arrivé à empoigner la porte, là, il a baissé le fusil et il m’a tiré dans la jambe", poursuit ce jeune médecin généraliste de 30 ans. À l’intérieur du fusil, des cartouches à air comprimé et pas de vraies balles. Nicolas s’en tire avec un gros hématome, mais sur le moment, il a eu la peur de sa vie. "C’était un fusil factice soft, mais c’était réellement impossible à distinguer."

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"Ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’on peut tous être victime de ce genre d’agressions", assure-t-il. "On sent bien qu’il y a une montée de la violence dans notre société. Je pense qu’il faut une fermeté sans concession pour ces agresseurs."

Des violences "sous-estimées"

Pour Jean-Jacques Avrane, délégué à l’Observatoire pour la sécurité des médecins, il faut absolument déposer plainte pour ne pas banaliser ces violences. Ce qui n’est pourtant pas toujours le cas… "Les incidents et les violences contre les soignants sont largement sous-estimées car on n’a que les violences déclarées", explique ce membre du Conseil national de l’ordre des médecins. "Encore aujourd’hui, de très nombreux n’osent pas porter plainte car il s’agit de leurs patients. Ils pensent qu’ils pourront arranger les choses avec de la bienveillance. Mais ils se trompent, il faut porter plainte ou déposer une main courante pour ne pas banaliser ces violences."

Ces violences contre les soignants sont prises très au sérieux par le ministère de la santé. Une mission a été lancée en décembre dernier par la ministre Agnès Firmin Le Bodo. Les premières conclusions seront rendues dans quelques semaines.

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