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Au Brésil, un jeu vidéo de simulation d'esclavage provoque l'indignation

Le jeu permet "d'acheter, échanger et vendre" des esclaves. Google a finalement décidé de supprimer le titre de son magasin d'applications.

Il existe aujourd'hui des jeux de simulation dans de nombreux domaines: l'agriculture, la chirurgie ou encore le nettoyage. Mais il y avait une limite non franchie jusqu'ici, que le développeur MagnusGames a décidé de franchir: la création d'un jeu de simulation d'esclavage.

Le 20 avril, l'éditeur indépendant a ainsi mis à disposition des internautes brésiliens Slavery Simulator, un jeu qui permet de se mettre dans la peau d'un esclavagiste, capable d'acheter, vendre, échanger et même torturer des personnes noires mises à sa disposition.

Selon certaines captures d'écran relevées par CNN Brasil, Simulador de Escravidão (en portuguais), affiche un message de bienvenue indiquant que le but du jeu est de "gérer vos esclaves, générer de l'argent et avancer vers vos objectifs".

Plus de 1000 téléchargements

Au cours du jeu, le joueur est invité à embaucher des gardes pour surveiller les esclaves et à recruter des esclaves d'un bon niveau: "plus le niveau est élevé, plus l'esclave pourra réaliser de meilleurs profits pour vous", indiquent certains messages.

Téléchargé un millier de fois depuis sa création, le jeu a été retiré par Google de son magasin d'applications le 24 mai. L'entreprise explique que le Play Store n'autorise pas les applications "faisant la promotion de la violence ou de la haine envers des groupes en raison de leur race ou origine ainsi que celles montrant de la violence gratuite ou des activités dangereuses".

Enquête ouverte par le Ministère public

Ce retrait du jeu fait surtout suite aux réactions indignées des internautes et représentants politiques brésiliens. Orlando Silva, député brésilien, a notamment annoncé sur Twitter avoir déposé une plainte auprès du Ministère public pour racisme.

"C'est inhumain, dégoûtant, épouvantable. C'est CRIMINEL. L'existence même de quelque chose d'aussi bizarre sur les plateformes montre l'URGENCE de réglementer l'environnement numérique", a ajouté le député.

Le Ministère public a de son côté indiqué avoir ouvert une enquête pour comprendre comment le jeu avait pu être mis en ligne sur le Play Store. Le Ministère de l'égalité raciale a de son côté demandé à rencontrer des représentants de Google. Aboli en 1888, l'esclavage est un sujet qui reste dans de nombreuses mémoires au Brésil. Au début des années 1800, sur les 3.5 millions d'habitants du pays, environ 1,5 million étaient des esclaves, rappelle la BBC.

Malgré les contestations, le jeu avait toutefois reçu une note de 4 étoiles sur 5 possibles. Le développeur MagnusGames n'a pas répondu aux demandes d'explications des différents médias. L'éditeur avait simplement indiqué sur l'application que le jeu était créé uniquement à des fins de "divertissement" et que le studio condamnait l'esclavage sous toutes ses formes.

MagnusGames précise que "tout le contenu du jeu est fictionnel et non pas relié à des évènements historiques spécifiques." Le studio est à l'origine d'autres jeux de simulation plutôt déconcertants, comme Mafia Offline Killer Simulator, où le joueur doit camper le rôle d'un criminel et effectuer meurtres et crimes en tous genres. Le slogan du jeu? "Tue tous les citoyens avant que le détective ne t'arrête".

Julie Ragot