Colombie : graines, lien avec la nature… Comment quatre enfants ont survécu 40 jours dans la jungle

La connaissance de la jungle a sauvé ces quatre enfants, qui ont subsisté 40 jours en pleine forêt amazonienne, avant d’être retrouvés.

Par N.J. avec AFP

Temps de lecture : 4 min

Lecture audio réservée aux abonnés

Ils étaient des « enfants de la brousse », comme disait leur grand-père. Si les quatre mineurs, retrouvés vivants après une errance de quarante jours dans la jungle amazonienne du sud-est de la Colombie, ont pu survivre tout ce temps, c'est grâce à leur connaissance de la forêt. C'était d'ailleurs ce à quoi leur famille s'est raccrochée, dès le début des recherches, au lendemain de l'accident ayant coûté la vie à la mère de famille et à deux autres adultes. Finalement, leur connaissance de la jungle, de la nature, de ses règles, ses dangers et ses codes, leur a sauvé la vie.

La newsletter international

Tous les mardis à 11h

Recevez le meilleur de l’actualité internationale.

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

« La survie des enfants est la démonstration de la connaissance et de la relation qu'entretiennent les indigènes avec la nature, un lien enseigné dès le ventre de la mère », estime l'Organisation nationale des peuples indigènes de Colombie (Opiac). Ils ont su effectivement survivre en mangeant de la farine qu'il y avait à bord de l'avion accidenté, en récupérant un peu de la nourriture larguée au hasard par les hélicoptères de l'armée. Mais aussi en consommant des « graines ». Ils se sont nourris de racines, de semences et de plantes qu'ils avaient identifiées et qu'ils savaient comestibles, a expliqué Luis Acosta, responsable national des gardes indigènes de l'Organisation nationale indigène de Colombie (Onic).

Une connexion « particulière » avec la nature

« Ce sont des enfants indigènes et ils connaissent très bien la jungle. Ils savaient ce qu'il faut manger et ce qu'il ne faut pas manger. Ils ont réussi à survivre grâce à cela et à leur force spirituelle », a assuré Luis Acosta, qui a pris part aux opérations de recherche. Ce thème de la « force spirituelle » revient régulièrement dans la bouche de ces responsables indigènes commentant l'aventure, Luis Acosta promettant ainsi de poster un garde indigène en faction devant l'hôpital militaire de Bogota où les enfants sont pris en charge, pour les accompagner « spirituellement ».

« Nous avons une connexion particulière avec la nature », résume Javier Betancourt, autre leader de l'Onic. « Le monde a besoin de ce rapport particulier à la nature, de favoriser ceux qui, comme les indigènes, vivent dans la forêt et prennent soin d'elle. »

Des audios de la grand-mère dans la recherche

Sur les 40 jours qu'ont duré les recherches, militaires et indigènes ont associé leur force une vingtaine de jours. Le président Gustavo Petro, à l'image de nombreux responsables, a loué cette « rencontre des savoirs indigènes et militaires » en faveur « du bien commun », conjugué au « respect de la forêt ».

L'armée a commencé dès le lendemain de l'accident, le 1er mai, avec des méthodes classiques, en diffusant notamment depuis des hélicoptères des enregistrements audio de la grand-mère des enfants leur demandant de ne pas bouger et en les avertissant qu'ils les recherchaient.

« C'est le président Petro qui ensuite nous a aidés à nous rassembler », a raconté à la presse locale Luis Acosta. « Lors d'une première réunion, huit jours après le début des recherches, le président nous a dit que nous devions sortir ensemble parce que l'armée n'y arriverait pas seule. »

Connaissances médicinales

« Nous nous sommes organisés, nous nous sommes coordonnés et nous avons commencé », a expliqué le leader de l'Onic. Près de 84 volontaires, membres des gardes indigènes des départements de Caqueta, Putumayo, Meta et Amazonas, ont alors rejoint la centaine de commandos de l'« opération Espérance ». Opérant dans plusieurs provinces, ces « gardes indigènes », armés de seuls bâtons et de foulards de couleurs, assurent la sécurité des communautés et la surveillance des territoires indigènes, face ou en cohabitation avec la multitude de groupes armés actifs dans le pays. Leurs relations sont parfois aussi difficiles avec les militaires.

Dans la jungle du Guaviare, le duo a fonctionné. Chaque jour, ils dressaient un rapport commun des opérations, les indigènes faisant de leur côté leurs rituels destinés aux « esprits » de la forêt, usant de leur traditionnel mambé (poudre à base de feuilles de coca et de cendre) et de chirrinchi, une boisson fermentée.

À l'aide de machettes et de bombes de peinture, les sauveteurs ont laissé des marques ou de petits « pièges » (troncs coupés ou placés stratégiquement) ici et là pour guider les enfants.

Les connaissances médicinales des indigènes ont également servi à s'adapter à l'enfer de la jungle, pour traiter notamment les éraflures, les échardes, les piqûres d'insectes, l'épuisement et les douleurs physiques.

Les indigènes ont « travaillé sous la pluie, dans les tempêtes et dans de nombreuses situations difficiles, mais avec toujours l'espoir et la foi spirituelle que nous pourrions les retrouver », a raconté Luis Acosta. Et finalement, c'est un garde indigène qui a retrouvé les enfants, dans une zone non encore explorée.

À ne pas manquer

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation
Lire la charte de modération

Commentaires (2)

  • carvalat2

    A rapprocher du consternant "Into The Wild" (tiré d'une histoire vraie).

  • jupicron

    Il fallait y penser aller dans la jungle pour être certain de faire le Carême