Soudan : les combats reprennent dix minutes après l’expiration de la trêve, selon des témoins

Les deux généraux rivaux, qui se battent depuis presque deux mois, s’étaient engagés à cesser les violences pendant 24 heures dans tout le pays pour permettre « l’arrivée de l’aide humanitaire ». La trêve terminée, les combats ont aussitôt repris.

Des panaches de fumée s’échappent d’un incendie dans un entrepôt de bois dans le sud de Khartoum, la capitale du Soudan, le 7 juin 2023.

Des panaches de fumée s’échappent d’un incendie dans un entrepôt de bois dans le sud de Khartoum, la capitale du Soudan, le 7 juin 2023. - / AFP

Un conflit sans fin. Les combats ont repris ce dimanche 11 juin au matin à Khartoum peu après l’expiration d’une trêve de 24 heures, qui a donné aux habitants un court répit après presque deux mois de conflit au Soudan entre deux généraux rivaux.

C’est le « retour de la terreur », raconte à l’AFP Asmaa al-Rih, une habitante de la banlieue nord de Khartoum, avec « des roquettes et des obus qui font trembler les murs des maisons » à nouveau. Les habitants de la capitale ont été réveillés par les tirs d’artillerie et le bruit des combats dans plusieurs quartiers, ont raconté des témoins à l’AFP.

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Une accalmie d’un jour, c’est « comme un rêve » qui s’est évanoui, confie à l’AFP Nasreddine Ahmed, un habitant du sud de Khartoum, qui s’est « réveillé au son des combats » ce dimanche. Les affrontements ont repris dix minutes après la fin de la trêve de 24 heures négociée par les médiateurs saoudiens, qui avait commencé samedi à 6 heures (8 heures en France).

Des nuages de fumée au-dessus d’une installation pétrolière

Les deux parties rivales s’étaient engagées à cesser les violences dans tout le pays pour permettre « l’arrivée de l’aide humanitaire », selon le ministère des Affaires étrangères saoudien.

Des pilonnages d’artillerie lourde ont été entendus à Khartoum et à Omdourman, dans la banlieue de la capitale, et des tirs avec « divers types d’armes » ont été signalés dans la rue Al-Hawa, dans le sud de Khartoum.

Pour le cinquième jour consécutif, des nuages de fumée se dégageaient ce dimanche des réservoirs de l’installation pétrolière d’Al-Shajara, près de l’usine militaire de Yarmouk à Khartoum.

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Une situation humanitaire en nette détérioration

Cette nouvelle trêve, globalement respectée selon les témoins, avait permis aux habitants de Khartoum de profiter d’un répit pour se ravitailler ou fuir la capitale, en proie depuis bientôt deux mois à un conflit armé qui a conduit à une grave crise humanitaire.

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Les combats se déroulent principalement dans la capitale et dans la vaste région du Darfour, dans l’ouest du Soudan, où les ONG font état d’une détérioration de la situation humanitaire.

Vendredi, le chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Soudan, Alfonso Verdu Perez, a déploré que « seuls 20 % des établissements de santé fonctionnent encore à Khartoum ».

Des personnes montent dans un bus pour quitter la capitale Khartoum, au Soudan, le 3 juin 2023.

Des personnes montent dans un bus pour quitter la capitale Khartoum, au Soudan, le 3 juin 2023. /AP/SIPA / /AP/SIPA

« Ces dernières semaines, nous avons réussi à livrer du matériel chirurgical à dix hôpitaux » de la capitale, « mais les besoins sont immenses et il reste encore beaucoup à faire », a-t-il ajouté, signalant de graves pénuries d’eau, d’électricité, de nourriture et de fournitures médicales.

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Plus de 1 800 morts et 200 000 déplacés en Egypte

Le conflit a éclaté le 15 avril entre l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo. Les précédentes trêves avaient été généralement violées dès leur entrée en vigueur.

La guerre entre les deux généraux, en lutte pour le pouvoir au Soudan, a déjà fait plus de 1 800 morts, selon l’organisation ACLED, spécialisée dans la collecte d’informations dans les zones de conflit, ainsi que deux millions de déplacés et réfugiés selon l’ONU.

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En visite mercredi en Arabie saoudite, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a assuré que Washington et Ryad avaient à cœur de « poursuivre leur solide coopération et de mettre fin aux combats au Soudan ».

L’Egypte, frontalière du Soudan au nord, a annoncé samedi le durcissement des formalités d’entrée sur son territoire pour les Soudanais fuyant la guerre. Depuis le début du conflit, plus de 200 000 Soudanais sont entrés en Egypte, la plupart par voie terrestre.

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Ces mesures ne visent pas à « empêcher ou limiter le nombre des citoyens soudanais entrant » sur le territoire égyptien, mais plutôt à mettre fin aux « activités illégales d’individus et de groupes du côté soudanais de la frontière, qui falsifient des visas d’entrée » à des fins lucratives, a expliqué le ministère égyptien des Affaires étrangères.

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