Plus de 47 000 kilomètres carrés ont brûlé depuis le début de l’année au pays. Au Québec, autour de 7000 personnes étaient toujours privées de leur logis, mardi. Les prochaines heures seront déterminantes.

De fortes rafales, des pluies s’avérant indispensables, de la foudre ravivant les flammes ; d’un bout à l’autre du pays, le Canada connaît sa pire saison d’incendies de forêt du XXIe siècle, selon les dernières données dévoilées par le ministre fédéral de la Protection civile, Bill Blair. Et les incendies sont particulièrement violents au Québec.

Ce qu’il faut savoir

  • Environ 5000 pompiers de plusieurs pays ont été déployés à travers le Canada pour aider à combattre les flammes, et des centaines d’autres devraient arriver du Chili, du Costa Rica et de l’Espagne.
  • Au Québec, on dénombre 453 incendies cette année.
  • La moyenne des 10 dernières années à la même date est de 222.

Plus de 47 000 kilomètres carrés ont brûlé depuis le début de l’année au pays, avec 431 incendies toujours actifs. En Colombie-Britannique, les autorités décrivent une situation « volatile et en évolution rapide ». Dans le nord du Québec, la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU) dénombrait 111 incendies en activité mardi en fin de journée, dont plus d’une trentaine jugés « hors de contrôle ».

En point de presse, le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, a indiqué mardi matin qu’autour de 7200 citoyens étaient toujours privés de leurs logis. Les risques associés aux incendies demeurent trop élevés, particulièrement à Lebel-sur-Quévillon, en Abitibi. Dans ce secteur, la situation nécessite une surveillance constante autour des installations de l’usine Nordic Kraft en raison des risques d’explosion.

À Fermont, sur la Côte-Nord, des chalets ont été évacués mardi en raison d’un incendie de forêt qui menace la municipalité. La Ville a publié un communiqué en soirée pour informer ses résidants qu’un « feu [faisait] rage près du lac Lowball », au sud. « Les priorités du Service incendies demeurent les vies humaines [et] l’évacuation des chalets de villégiature. Les occupants de chalets le long du lac Carheil seront évacués », précise-t-on.

« Dans l’immédiat, le feu ne constitue pas une menace pour la population et les précipitations attendues devraient permettre de l’atténuer. Nous suivons la situation de près », a fait savoir sur Twitter la ministre responsable de la région, Kateri Champagne Jourdain. Selon le site web de la SOPFEU, l’incendie qui menace Fermont ferait 123,9 hectares de superficie.

Impondérables

« Il y a trop d’impondérables météorologiques dans l’air pour promettre aux évacués qu’ils pourront retourner chez eux dans les prochaines heures. Mais si tout va bien, le gouvernement lèvera des ordres d’évacuation, un à un, d’ici 24 à 48 heures, dans plusieurs municipalités du nord du Québec touchées par les incendies de forêt », a affirmé le ministre Bonnardel.

Dans le secteur de Normétal, les flammes se sont approchées jusqu’à 500 mètres des résidences, a rappelé le ministre. Mais la météo annonce que le panache devrait prendre la direction de l’Ontario, avec un répit espéré dans les trois à quatre prochains jours.

À Chibougamau, a poursuivi M. Bonnardel, les gens continuent de réintégrer leur domicile. Mardi après-midi, les gens de Beaucanton et de Val-Paradis, des municipalités situées en Jamésie (baie James nord-ouest, route 393) devaient obtenir l’aval pour réintégrer leur maison. À compter d’aujourd’hui, les évacués pourront obtenir une aide financière de 1500 $ pour les aider à couvrir les pertes associées aux brasiers.

PHOTO QUENTIN TYBERGHIEN, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des pompiers français étaient à l’œuvre au nord de Chibougamau, lundi.

« Dans la région de Sept-Îles, la pluie est venue donner un sérieux coup de pouce aux combattants. Mais comme partout ailleurs, il faut rester vigilants. On a très hâte de dire aux évacués des autres secteurs qu’ils peuvent regagner leur domicile. Les prochaines 24 à 48 heures seront critiques », indique le ministre québécois.

Conséquence de ces incendies de forêt, la qualité de l’air demeurera mauvaise durant les prochains jours, du nord-ouest de la province jusqu’à Montréal. Le panache de particules fines pourrait même continuer de s’étendre vers l’État de New York.

Sur le terrain, 1150 pompiers luttent pour combattre les incendies de forêt, particulièrement non maîtrisés dans le nord-ouest de la province. Deux contingents sont arrivés des États-Unis pour prêter main-forte aux pompiers forestiers. Un contingent du Portugal devrait arriver ce mercredi, ce qui permettra de relayer certaines équipes. Il y a toujours une vingtaine d’avions-citernes à l’œuvre et 72 hélicoptères qui sillonnent le territoire.

Ailleurs au pays

Ailleurs au pays, Environnement Canada a indiqué qu’un système pourrait déverser jusqu’à 25 millimètres de pluie sur la région desséchée de Peace River, en Colombie-Britannique. Mais ces pluies seront probablement suivies d’orages et de vents soufflant en rafales à 60 kilomètres à l’heure.

Des centaines de personnes ont été forcées de quitter leur domicile ou font l’objet d’une alerte d’évacuation alors que l’incendie de 4660 kilomètres carrés de Donnie Creek continue de faire rage. Le brasier est devenu le deuxième en importance jamais enregistré dans la province.

PHOTO B.C. WILDFIRE SERVICE, FOURNIE PAR REUTERS

L’incendie de forêt de Donnie Creek, en Colombie-Britannique, dimanche

Le même système météorologique a déclenché des veilles d’orages violents pour une grande partie du sud-est de la Colombie-Britannique. L’ouest de l’île de Vancouver est sous des veilles de bulletins météorologiques spéciaux pour la plupart des autres régions du centre et du sud.

Cela comprend la région de l’est de l’île de Vancouver, où un petit incendie, violent et non maîtrisé, brûle sur des collines escarpées, fermant indéfiniment le seul lien asphalté vers Port Alberni, Tofino et Ucluelet.

En Alberta, un incendie continue de menacer la communauté d’Edson, où 8400 habitants sont sous une veille d’évacuation diffusée vendredi.

Un gigantesque incendie dans le comté de Shelburne, en Nouvelle-Écosse, n’est toujours pas maîtrisé, bien que les autorités affirment que l’incendie de Barrington Lake, d’une superficie de 235 kilomètres carrés, ne progresse plus.

Avec les changements climatiques, et à la lumière de la tendance des incendies à la hausse partout dans le monde, le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, a répété en point de presse qu’un sérieux bilan aura lieu à l’automne afin de réévaluer les besoins en effectifs et en équipements.

Avec Vincent Larin, La Presse, et La Presse Canadienne

L’abc d’un incendie

Nouveau : Incendie qui vient tout juste d’être signalé et qui est en évaluation. Cette condition doit être revue et modifiée dans les 12 heures suivant son attribution.

Non maîtrisé : Incendie dont l’analyse révèle qu’une attaque initiale ne pourrait en arrêter la progression rapide ou que l’intervention effectuée n’a pas réussi à enrayer la propagation.

Contenu : Incendie dont la propagation est arrêtée temporairement, c’est-à-dire qu’il ne devrait pas s’accroître de plus de 10 % avant les 10 prochaines heures en considérant les ressources planifiées ou de 150 hectares, selon la première échéance.

En observation : Incendie dont l’existence est connue, mais contre lequel aucune intervention n’a lieu actuellement.

Maîtrisé : Feu dont la propagation est arrêtée par une ligne de suppression, c’est-à-dire une barrière naturelle (sol minéral, roc, plan d’eau, peuplement non combustible à cause de sa teneur en humidité ou de sa composition) ou artificielle (chemin, ligne d’arrêt, peuplement arrosé à partir du sol ou des airs), ou encore par des conditions météorologiques.

Éteint : Incendie où ne subsiste aucun signe de combustion.

Source : SOPFEU