L'actualité mondiale Un regard humain

Crise au Soudan : près de deux tiers des hôpitaux situés à proximité des zones de conflit sont hors service

Des personnes fuyant le conflit au Soudan attendent dans une gare routière de Khartoum.
PNUD Soudan
Des personnes fuyant le conflit au Soudan attendent dans une gare routière de Khartoum.

Crise au Soudan : près de deux tiers des hôpitaux situés à proximité des zones de conflit sont hors service

Aide humanitaire

Depuis le début du conflit, au moins deux tiers des hôpitaux situés à proximité des zones de conflit sont hors service, a alerté mardi le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA)

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), « Depuis le début du conflit, au moins 67 % des hôpitaux situés à proximité des zones de conflit au Soudan sont hors service, selon le syndicat des médecins soudanais au 31 mai ».

Sur les 89 principaux hôpitaux de la capitale Khartoum et des États, 60 sont hors service. Dans le même temps, 29 infrastructures fonctionnent entièrement ou partiellement, a précisé OCHA, relevant toutefois que certains ne fournissent que des services médicaux d’urgence.a indiqué OCHA dans son rapport de situation humanitaire.

Mais ces structures sanitaires fonctionnelles risquent de fermer en raison d’une pénurie de personnel médical, de fournitures, d’eau et d’électricité.

Au moins 17 hôpitaux ont été bombardés et 21 hôpitaux ont été évacués de force depuis le début de la guerre, tandis que 11 ambulances ont été attaquées. D’autres ambulances n’ont pas été autorisées à passer pour transporter les patients et les accouchements.

Une Soudanaise et des enfants à  Fanga Suk, à l'est du volcan Djebel Marra, au Sud-Darfour. Photo:ONU/Olivier Chassot
UN Photo/Olivier Chassot
Une Soudanaise et des enfants à Fanga Suk, à l'est du volcan Djebel Marra, au Sud-Darfour. Photo:ONU/Olivier Chassot

Hausse des cas de violences sexuelles, des enlèvements de femmes et de jeunes filles

Cette alerte d’OCHA intervient alors que le conflit au Soudan se serait intensifié depuis le 3 juin, date à laquelle le cessez-le-feu entre les forces armées soudanaises et les forces de soutien rapide a expiré, les régions du Darfour et de Khartoum étant les plus touchées. Selon l’ONU, l’impact dévastateur des combats sur les civils, y compris les décès et les violences sexuelles, continue d’être signalé.

Les violences sexuelles liées au conflit constituent une préoccupation majeure. Le Bureau des droits de l’homme de l’ONU (HCDH) a continué à recevoir des rapports, mais on s’attend à ce que le nombre de cas soit beaucoup plus élevé.

« Depuis le début des combats, les organisations de la société civile ont signalé une augmentation des cas de violence fondée sur le genre, en particulier des violences sexuelles et des enlèvements de femmes et de jeunes filles », a détaillé OCHA.

« En raison des sensibilités et de la crainte de représailles, notamment à l’encontre des survivants et des prestataires de services, de nombreux cas n’ont pas été officiellement signalés, l’accent étant mis en priorité sur la fourniture de soins d’urgence, la protection et le soutien aux victimes/survivants ».

Au moins 866 personnes tuées et plus de 6.000 blessés

Tweet URL

Par ailleurs, au moins 866 personnes auraient été tuées et plus de 6.000 blessées dans le pays depuis le début du conflit le 15 avril, selon un décompte effectué le 6 juin dernier par le ministère fédéral de la santé (FMoH).

Au Darfour, le gouverneur a déclaré la région « zone sinistrée » en raison des meurtres et des pillages en cours. Selon OCHA, les attaques contre les civils se seraient poursuivies à Ag Geneina, dans l’ouest du Darfour.

Dans cette zone, l’eau, les hôpitaux et les stations électriques ne sont toujours pas opérationnels et de nombreux quartiers de la ville sont complètement déserts. Les prix des produits de base ont également doublé à Al Fasher, dans le nord du Darfour, alors que la disponibilité de liquidités reste préoccupante.

A noter que près de 1,9 million de personnes ont été déplacées depuis le début du conflit le 15 avril et ont fui vers des lieux plus sûrs à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Avant la crise, le Soudan comptait déjà environ 3,8 millions de personnes déplacées, dont la majorité (estimée à 79 %) étaient basées au Darfour et avaient un besoin urgent d’aide humanitaire.

Les agences humanitaires ont apporté une aide vitale à 1,8 million de personnes

Sur le terrain, malgré l’insécurité permanente et les difficultés opérationnelles, les partenaires humanitaires continuent de fournir une aide vitale et des vivres aux personnes touchées par le conflit, y compris celles qui sont déplacées à l’intérieur du pays. En avril et mai, 68 organisations humanitaires ont apporté une aide vitale à 1,8 million de personnes.

Les opérations humanitaires se poursuivent dans la mesure du possible et OCHA continue de communiquer avec les parties pour faciliter l’acheminement des fournitures humanitaires. Du 24 mai au 11 juin, au moins 274 camions transportant des fournitures vitales ont été livrés à Aj Jazirah, Khartoum, Gedaref, Kassala, Sennar, l’État du Nord, les États du Nil fluvial et du Nil bleu, dont au moins 57 ont traversé la ligne de démarcation.

Selon l’ONU, les camions ont transporté des fournitures de santé, de nutrition, d’éducation, de protection de l’enfance, d’eau, d’assainissement et d’hygiène, ainsi que des articles non alimentaires qui pourraient bénéficier à environ 2 millions de personnes.

Le plan révisé de réponse humanitaire pour le Soudan (HRP) de 2,6 milliards de dollars a été financé à hauteur de 15 % à ce jour, soit 401 millions de dollars.