Ils voulaient faire "pire que le Bataclan" : quatre jeunes néonazis jugés pour un projet d’attentat

Publicité

Ils voulaient faire "pire que le Bataclan" : quatre jeunes néonazis jugés pour un projet d’attentat

Par
Le procès se déroule au Palais de justice de Paris, sur l'Île de la Cité, jusqu'au 30 juin [photo d'illustration].
Le procès se déroule au Palais de justice de Paris, sur l'Île de la Cité, jusqu'au 30 juin [photo d'illustration].
© AFP - Benoit Durand / Hans Lucas

Pendant deux semaines, la cour d’assises des mineurs spécialement composée de Paris va se pencher sur ces jeunes hommes, dont un gendarme, qui rassemblaient des armes, s’entraînaient en forêt et parlaient projet d’attentat.

Ils ont 22, 25, 26, 27 ans. Ils en avaient cinq de moins au moment des faits qui leur valent d’être jugés par la cour d’assises des mineurs spécialement composée de Paris. Quatre jeunes disséminés sur le territoire français qui n’ont pas grand-chose en commun. L’un est ancien militaire devenu gendarme adjoint volontaire en Isère. L’autre élève en Institut thérapeutique éducatif et pédagogique (ITEP). Deux autres enfin, étudiants en école d’ingénieur ou en philosophie par correspondance. Pas-grand-chose en commun si ce n’est des enfances plutôt chaotiques : mères bipolaire ou décédée, pères violent ou absent, échec scolaire…

Pas-grand-chose en commun, à l’exception encore - et surtout - de leurs convictions d’extrême-droite, leur fascination pour Hitler, l’auteur de la tuerie d’Utoya en Norvège Anders Breivik. Et un projet d’attentat. Le projet WaffenKraft (“puissance de feu” en allemand), du nom d’un groupe de conversation sur la plateforme Discord. Sous les pseudonymes "FrenchCrusader", "Siel" (initiales de souverainisme, identitarisme, euroscepticisme et libéralisme), "Confucius" ou "Panzer", ils échangent autour de l’idéologie nazie qu’ils admirent, discutent des armes qu’ils pourraient se procurer en Ukraine. Le gendarme Alexandre Gilet, qui apparaît comme le leader, envoie aussi photos et vidéos de ses séances de tir ou même ses essais d’explosifs.

Publicité

Des mosquées, des institutions juives ou Jean-Luc Mélenchon comme cibles potentielles

À l’été 2018, ils se fixent rendez-vous “IRL” (pour "In real life" en anglais, dans la vraie vie), comme ils l’écrivent dans leur conversation, en forêt, non loin de Tours. Là, un week-end durant, ils s’entraînent au tir, posent cagoulés avec kalachnikov et salut nazi, écoutent de la musique d’extrême-droite et discutent tranquillement explosifs, projet d’action violente et cibles potentielles.

Parmi ces cibles envisagées : des mosquées, le conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), des ministères, le Parlement européen, ou un meeting de Jean-Luc Mélenchon, ainsi que le révèle l'historique de navigation internet d’Alexandre Gilet.

Faire "pire que le Bataclan"

Ces recherches, le jeune gendarme, ancien militaire, va même les poursuivre après son placement sous contrôle judiciaire. Il s’inscrit ainsi à une formation de conducteur poids lourd, lui qui, dans son manifeste “Tactiques et opérations de guérilla”, dans lequel il est question de “techniques d’opérations pour faire un maximum de dommages en un minimum de temps”, conseille l’utilisation d’un poids lourds pour faire “un maximum de morts”, dans une “manifestation de rouges” ou “une prière des radicaux”. L’objectif est clair : “au moins 50 morts”, et même “pire que le Bataclan” qui “n’avait pas un ratio terroristes-morts assez important”. D’ailleurs, la date était même fixée : le 13 novembre 2018 pour “une opération spéciale de représailles pour venger les victimes des attentats islamiques qui ont lieu depuis 2015”.

Au cours de l’instruction, tous les quatre se sont défendus de n’avoir jamais sérieusement envisagé de passage à l’acte. Tout en admettant, non sans paradoxe pour Alexandre Gilet, qu”’il n’y avait que la prison qui pouvait [le] calmer”.

pixel