Réseau de gaz à Paris : « Il faudrait une cartographie rue par rue »

Alexandre Vesperini, ancien membre de la commission de contrôle du gaz de Paris, alertait déjà en 2019 de la vétusté du réseau de gaz de la capitale.

Propos recueillis par Marius Bocquet

Juste avant l'explosion d'un immeuble du 5e arrondissement de Paris le mercredi 21 juin, des témoins disent avoir senti une odeur de gaz.
Juste avant l'explosion d'un immeuble du 5e arrondissement de Paris le mercredi 21 juin, des témoins disent avoir senti une odeur de gaz. © FIRAS ABDULLAH / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP

Temps de lecture : 4 min

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Une odeur de gaz puis une « grosse explosion ». C'est ce que plusieurs riverains ont dit avoir senti puis entendu mercredi 21 juin lors de l'effondrement d'un immeuble dans le 5e arrondissement de la capitale, en ayant blessé trente-sept personnes, dont quatre gravement. Ce drame rappelle celui du 12 janvier 2019. Ce jour-là, une forte explosion, provoquée par une fuite de gaz, avait soufflé la rue de Trévise, dans le 9e arrondissement de Paris, tuant quatre personnes, dont deux pompiers, blessant soixante-six autres et laissant quelque quatre cents sinistrés.

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Alexandre Vesperini, élu divers droite du 6e arrondissement parisien et membre de la commission supérieure de contrôle du gaz de la ville, avait alors estimé que le réseau de gaz de la capitale était « dans un état catastrophique » et de « vétusté avancée ». Une affirmation vivement contestée par GRDF, gestionnaire du réseau. L'ancien conseiller de Paris revient ce vendredi pour Le Point sur ce que l'on sait de l'état du réseau de gaz parisien, auquel sont raccordés 500 000 foyers.

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Le Point : Quel est l'état du réseau de gaz aujourd'hui à Paris ?

Alexandre Vesperini : C'est très difficile de répondre à cette question, même si c'est la plus importante aujourd'hui. Pour avoir une cartographie complète du réseau de gaz à Paris, il faudrait avoir des informations provenant d'une multitude d'acteurs : d'abord la Mairie de Paris en tant que propriétaire du réseau collectif, et GRDF en tant qu'opérateur concessionnaire du réseau. Mais aussi des acteurs qui interviennent sur la connexion entre les réseaux domestiques et le réseau collectif : c'est-à-dire les syndics, les prestataires et les sous-traitants des syndics, les gestionnaires et les opérateurs des autres réseaux de l'énergie de Paris, comme l'électricité.

Dès que vous faites une trouée dans une chaussée, vous voyez qu'il y a plusieurs tuyaux, et que tous ces réseaux sont finalement assez proches. Le réseau parisien est un véritable gruyère. Pour savoir si le réseau est fiable, s'il est sûr, il faudrait qu'on ait une cartographie complète rue par rue, voire immeuble par immeuble. Cette cartographie-là, aujourd'hui, n'est pas disponible.

À LIRE AUSSI Comment réagir face à une fuite de gaz dans son logementPourquoi ces informations ne sont-elles pas disponibles ?

Selon le contrat qui a été signé entre la Ville et l'opérateur, GRDF doit remettre à la Ville de Paris une cartographie de ses installations d'ici à 2025. À cette cartographie doivent s'ajouter d'autres informations qui concernent la connexion au réseau collectif et les réseaux domestiques. Ces informations existent, mais il faudrait les croiser et les intégrer dans des fichiers dynamiques.

Là où il faut progresser, c’est sur le dialogue entre les acteurs du réseau collectif et les acteurs des réseaux domestiques

En 2019, vous alertiez sur la vétusté du réseau parisien. La situation s'est-elle améliorée ?

Ce que je peux vous dire, c'est que, à l'époque, en effet, il y avait des canalisations qui dataient de Napoléon III, donc de la fin du XIXᵉ siècle, alors qu'aujourd'hui la durée de vie d'une canalisation est d'une vingtaine d'années, pas plus. En 2019, beaucoup de canalisations étaient encore faites de tôle bitumée, un matériau qui n'est pas du tout adéquat. Depuis, GRDF s'est engagé. L'opérateur a engagé 40 millions d'euros par an sur le renouvellement de son réseau à Paris à la suite de Trévise. Un nouveau contrat a été passé entre la Ville et GRDF, et ce dernier a considérablement augmenté ses investissements. Il l'a quasiment doublé. S'il l'a doublé, c'est bien qu'il y avait vraiment un problème et qu'il fallait accélérer le renouvellement du réseau.

J'ajoute que, en 2017, la commission de contrôle du gaz, dont j'étais membre, avait déjà indiqué que le vieillissement était un problème. Une canalisation peut être très vieille et continuer de fonctionner très correctement. Mais le problème, c'est la corrosion, ce sont les risques de fuites à cause des canalisations.

À LIRE AUSSI Explosion à Paris : « L'immeuble était en feu, tout le monde courait » Les leçons ont-elles été tirées de l'explosion de la rue de Trévise ?

Oui, une partie des leçons a été tirée, au moins au niveau du réseau collectif. Les investissements ont beaucoup augmenté et c'est ce qu'il fallait faire. Maintenant, là où il faut progresser, c'est sur le dialogue entre les acteurs du réseau collectif et les acteurs des réseaux domestiques. Rue de Trévise, des vérifications avaient été faites sur le réseau de gaz, mais celui-ci n'était pas en cause. Ce qui était en cause, c'était le réseau qui se trouvait dans la cave, le collecteur d'eaux usées. C'est pour ça que la cartographie doit associer l'ensemble des acteurs du réseau de gaz, sinon ça ne servira à rien.

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Commentaires (4)

  • math-matheo

    Un des problèmes sous-jascents est l'absence généralisée en France de notions informatiques de base sur la gestion des données. Chaque service redécouvre la roue, il fait ses expériences, organise ses données comme il le veut, utilise un système de base de données souvent open source sans le maîtriser ou une solution propriétaire par l'intermédiaire d'une entreprise qui a gagné un marché local et lorsqu'il faut interconnecter ces données et les maintenir entre différents services, patatra, c'est ingérable !. Ça s'est heureusement amélioré ces dernières années avec la mise en place de standards, heureusement, au pas de charge parfois avec une pression très forte de l'union européenne pour la création de cartographies sur le gaz, l'électricité et l'eau. Les standards arrivent, mais ça se passe lentement et dans la douleur.

  • Klaxon

    Mon plombier dit que rien n'est aux normes et qu'il ne faudrait pas s'aventurer derrière le mur ni à la cave. Snif !

  • castorlux

    Il est incroyable de ne pas avoir de cartographie. Tous les pays en ont, ce n est pas compliqué, ça prend du temps et coûte quelques milions mais c est la base de gestion de tout réseau.