• À la Une

  • Politique

  • Macron à Marseille : on a cherché 10 offres d’emploi sur le Vieux-Port. On en a trouvé 13

Macron à Marseille : on a cherché 10 offres d’emploi sur le Vieux-Port. On en a trouvé 13

Alors que les terrasses des bars et des restaurants ne sont pas encore bondées par l'arrivée des touristes, les chefs d'établissement se préparent tout de même à la saison estivale.

Alors que les terrasses des bars et des restaurants ne sont pas encore bondées par l'arrivée des touristes, les chefs d'établissement se préparent tout de même à la saison estivale.

Photo Frédéric Speich

Marseille

"Je fais le tour du Vieux-Port avec vous, je suis sûr qu’il y a 10 offres d’emploi", a affirmé lundi Emmanuel Macron, ravivant la polémique avec une nouvelle réplique sur le travail en France.

Alors qu'Emmanuel Macron est à Marseille pour trois jours, le président de la République fait polémique avec une nouvelle réplique sur le travail en France. "Je fais le tour du Vieux-Port avec vous, je suis sûr qu’il y a 10 offres d’emploi", a-t-il répondu à une maman de la cité des Campanules (11e) qui désespère de voir son fils de 33 ans sans emploi. "On descend ensemble, on fait le tour du port, je serais surpris qu'il n'y ait pas un restaurant ou un café qui ne cherche pas", a poursuivi le chef de l'Etat. Une formule qui n'est pas sans rappeler son désormais célèbre "traverser la rue" pour trouver un emploi. Cette fois, nous avons pris le Président au pied de la lettre.

Mais alors qu'en est-il ? 

Sous couvert d'anonymat, La Provence s'est effectivement rendue dès lundi soir sur le Vieux-Port de la cité phocéenne. Et alors que les terrasses des bars et des restaurants ne sont pas encore bondées par l'arrivée des touristes, les chefs d'établissement se préparent tout de même à la saison estivale.

En allant à la rencontre de la majorité des gérants du Vieux-Port, force est de reconnaître que la demande de main-d'œuvre est bel et bien là. En moins d'une heure et demie, 13 offres d'emploi sont à comptabiliser.

Pour la plupart, des contrats de travail de 35 heures au SMIC hôtelier, soit 1966 euros brut par mois, sont à pourvoir pour la saison estivale. Des expériences professionnelles qui pourraient se prolonger si l'été se déroule bien. "On cherche du monde tout le temps", nous assure un patron, tout en nettoyant machinalement un verre. 

"On vous apprendra"

Cependant, certains exigent de l'expérience dans le métier pour pouvoir commencer chez eux. "Ce n'est pas la peine de laisser votre CV si vous n'avez jamais été serveuse", répond l'un des restaurateurs du Vieux-Port, visiblement occupé, après lui avoir précisé n'avoir jamais travaillé dans la restauration. Mais c'est loin d'être le cas pour tous.

"Aucun souci. On vous apprendra. De toutes manières, nous avons besoin de main-d'œuvre", répond la responsable d'un restaurant italien, avec un grand sourire.

D'autres encore ne demandent même pas de CV et souhaitent voir le salarié directement à l'œuvre, pour une journée d'essai. Le rendez-vous est directement donné pour ce samedi, à 10 heures. "On reparlera des détails du contrat si vous venez vraiment samedi...", déclare le chef de cet établissement, apparemment habitué aux faux bond. Aucune question sur le niveau d'études n'a été posée par l'ensemble des restaurateurs rencontrés.

Mais force est de reconnaître que, ce ne sont pas uniquement les compétences professionnelles qui sont évaluées en quelques secondes par certains employeurs. "Vous avez le profil, je vous rappelle demain", (jeune, et présente bien, ndlr) répond du tac au tac le gérant d'un restaurant alors qu'aucun échange n'a été réalisé à propos de l'expérience professionnelle... 

Cependant, cet important besoin de main-d'œuvre dans la restauration doit être, indéniablement, relié à la dureté du métier. Une réalité que les patrons n'hésitent pas à partager dès les premiers échanges : "Bien sûr que nous cherchons des personnes sur le long terme. Mais c'est tellement dur, surtout l'été, que la plupart s'en vont en courant avant même d'avoir fini la saison. Ici, on est loin des 35 heures mais plus on travaille, plus on gagne aussi", déclare un sexagénaire à la tête d'un bar. 

La crise du Covid a, effectivement, mis en exergue les difficiles conditions du travail des métiers de l'hôtellerie-restauration telles que de devoir travailler les week-end, avoir des coupures dans de longues journées de travail, sans compter la fatigue physique. Sur le Vieux-Port, la plupart des restaurateurs semblent s'être adaptés, en proposant aux futurs employés de travailler le week-end mais sans avoir de coupures. Ou l'inverse.

La grille salariale des salariés de l'hôtellerie et de la restauration a également augmenté ces dernières années, mais apparemment pas assez pour attirer suffisamment de nouvelles recrues.