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Sclérose en plaques : découverte du premier variant génétique qui aggrave la maladie

Le premier variant génétique responsable de la progression rapide de la sclérose en plaques (SEP) vient d'être découvert dans le cadre d'une vaste étude sur plus de 22.000 personnes à travers le monde.

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Le premier variant génétique impliqué dans la progression rapide de la sclérose en plaques (SEP) a été découvert par une équipe américaine.

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Sclérose en plaques : découverte du premier variant génétique qui aggrave la maladie
Coralie Lemke
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C’est une première dans le domaine de la sclérose en plaques. Un gène impliqué dans la progression de la maladie vient d’être découvert dans le cadre d’une large étude portant sur plus de 22.000 personnes. Des résultats prometteurs pour les 2,5 millions de personnes dans le monde (dont 57.000 en France) atteints par la maladie, et publiés dans la revue Nature.

La sclérose en plaques est une maladie auto-immune : une dysfonction du système immunitaire le pousse à s’attaquer au cerveau et à la colonne vertébrale. Au fil du temps, ces "poussées" entrainent des lésions à l’origine de perturbations motrices, sensitives, cognitives, visuelles ou encore sphinctériennes. On ne comprend pas encore comment la maladie se déclenche. La recherche a certes permis de mettre en lumière le rôle du virus Epstein-Barr, qui entraîne un risque 32 fois supérieur de souffrir ensuite de la sclérose en plaques. Cependant, la survenue de la maladie ainsi que son développement restent encore très difficiles à expliquer. "Il y a certains facteurs de risque que nous ne parvenons pas à expliquer. Pourquoi certains patients sont-ils en fauteuil roulant 10 ans après le diagnostic tandis que d’autres continuent de courir des marathons ?", explique à Sciences et Avenir le Pr Baranzini, neurologue à l'University of California (San Francisco) et co-signataire de l'étude.

4 ans de moins avant de nécessiter une aide à la marche

Pour la première fois, un élément crucial de la progression de la maladie vient d’être mis au jour : le premier variant génétique associé à une sévérité accrue de la sclérose en plaques. Dans l'ADN, les variants sont des changements permanents sur les gènes. On les appelle des "polymorphismes" lorsque ces changements sont fréquents dans la population ou des "mutations" lorsque le changement est rare. Peu importe leur nature, les variants, de par les modifications qu'ils entraînent dans l'ADN, peuvent être à l'origine de maladies.

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Pour partir à la recherche d'un possible variant impliqué dans la sclérose en plaques, un consortium de chercheurs mené par le Pr Baranzini, regroupant des instituts de plus de 70 pays, ont rassemblé les dossiers de 12.000 personnes souffrant de sclérose en plaques à travers le monde. Après avoir séquencé et comparé leurs ADN, les chercheurs ont passé au crible plus de 7 millions de variants génétiques avant d’en trouver un associé à la progression de la maladie. Les personnes ayant hérité deux copies de ce variant de leurs parents ont vu la maladie se développer bien plus rapidement que les autres. En moyenne, ils ont nécessité l’assistance d’une canne pour se déplacer environ 4 ans avant les patients qui ne présentaient aucune ou une seule copie du variant.

Le système nerveux central au cœur de la maladie

Ce variant, totalement inconnu jusque-là, a la particularité de se trouver entre deux gènes qui n’ont aucun rapport connu avec la sclérose en plaques. Le premier, DYSF, joue un rôle dans la réparation cellulaire. Le second, ZNF638 permet de mieux contrôler les infections virales. "Toutefois, la proximité du variant génétique avec ces deux gènes laisse penser qu’ils ont, eux aussi, un impact sur la sclérose en plaques. Ces gènes sont actifs dans les régions du cerveau et de la colonne vertébrale, pas au niveau du système immunitaire [qui est responsable de la survenue de la maladie, ndlr]", poursuit le Pr Baranzini.  Pour confirmer ces résultats, les scientifiques ont fait la même opération sur un autre set de 10.000 patients. Encore une fois, ceux qui possédaient deux copies de ce variant ont vu un handicap se développer plus rapidement.

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Ces nouveaux travaux constituent un point de bascule dans la recherche sur la sclérose en plaques. "Jusque-là, les recherches génétiques de notre consortium avaient montré des associations avec des gènes impliqués dans la réponse immunitaire. Nous avions trouvé 236 polymorphismes associés aux lymphocytes, aux monocytes ou encore aux microglies. Pas du tout dans le système nerveux central", se félicite le Pr Baranzini.

De plus amples travaux vont être nécessaires pour comprendre comment ce variant génétique affecte les deux gènes qui l’entourent et quelle action il a sur le système nerveux. L’équipe de chercheurs est déjà en train de collecter des sets de données ADN de personnes atteintes de sclérose en plaques, en espérant peut-être trouver d’autres variants impliqués dans la maladie. Cette découverte ouvre la voie à de possibles nouveaux médicaments destinés à contrôler les poussées de sclérose en plaques. Pour le moment, toutes les molécules qui existent modulent l’immunité. Mais ces nouveaux résultats semblent montrer que le système nerveux central doit être ciblé pour ralentir au maximum la progression de la SEP, voire espérer développer une forme moins sévère.

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