LiveLes casseurs tirent sur les policiers, un homme tué par une balle perdue

Nuit sous tension en Guyane.

Trois jours après la mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier à Nanterre alors qu’il refusait de s’immobiliser au volant d’une voiture qu’il conduisait sans permis, de nombreuses émeutes éclatent chaque nuit dans différentes villes de l'Hexagone. 

En Guyane, suite à un appel au rassemblement diffusé en masse sur les différents réseaux sociaux, la nuit de jeudi à vendredi a également été très agitée dans certains quartiers à partir de 20 heures.

Des groupes de plusieurs dizaines de personnes, souvent très jeunes, se sont rassemblés à Soula ; au quartier Saint-Agathe de Macouria ;  dans différents quartiers de Kourou ;  à Balata et dans différents quartiers de Cayenne comme Novaparc, Mont Lucas et Village Chinois.

Dans ces différents lieux, les témoins ont constaté des feux de palettes et de poubelles. Les forces de l'ordre ont parfois été victimes de jets de pierres. Des voitures de particuliers ont aussi été visées.

C'est depuis Mont Lucas que le plus grand nombre de témoignages et vidéos ressortent de cette nuit de tension. Des policiers pris pour cible, ont essuyé des tirs à balles réelles.  

Carl Tarade, 54 ans, résidant à la cité Stanislas (en face de la cité Mont-Lucas), a perdu la vie après avoir reçu une balle perdue. Il se trouvait sur son balcon du rez-de-chaussé. Les services de l'Etat assurent que les balles ont été tirées par les émeutiers alors que la police état en train de se retirer de Mont-Lucas. C'est à ce moment que la victime a été touchée. Aucune arme létale n'a été utilisée par les forces de l'ordre hier soir. Le Directeur territorial de la police nationale, Philippe Jos indique que ses hommes ont "exclusivement utilisé des gaz lacrymogènes et des lanceur de balles de défense."

" C'est avec une profonde tristesse et un immense émoi que je viens d'apprendre la tragique nouvelle du décès de M. Carl Tarade, un agent dévoué du service de démoustication. Je condamne avec force l'usage d'armes à feu et toutes les formes de violence qui ont entraîné cette tragédie " a réagi Gabriel Serville, Président de la Collectivité territoriale de Guyane.

Un policier a également été blessé lors des échauffourées.

" Il n'y a pas eu d'utilisation d'armes létales de la part de la police. La troupe se repliait lorsqu'on lui a tiré dessus. C'est une de ces balles qui a tué la personne chez elle. La situation était tendue et une quarantaine de policiers étaient déployés hier soir.  Dans ce contexte-là, des troupes seront de nouveau mobilisées ce soir " nous affirme la police.

Jawad Bensalah, président de l'association citoyenne de Mont Lucas, envoie ses condoléances à la famille de la victime et lance un appel au calme. "Je demande à ce que chaque intervenant institutionnel, collectivités, élus, associations et sans oublier les habitants prennent leurs responsabilité et essaient de mettre en marche des solutions concrètes pour ce quartier qui souffre des problèmes chroniques depuis plusieurs années." 

Trois personnes ont été interpellées par la police à Mont-Lucas. Trois autres personnes ont été interpellées par la gendarmerie à Balata. 5 personnes sur les 6 sont des mineurs de 13, 14 et 17 ans. 

Une enquête (pour homicide involontaire) menée par le STPJ est ouverte. Tous les témoignages qui pourraient faire avancer l'enquête sont les bienvenus.  Le principal suspect du tir mortel ne figure pas parmi les interpellés.

Le bilan ci-dessous en vidéo avec le général de gendarmerie, le procureur, le préfet, le DTPN et le Sdis :

Le préfet, Thierry Queffelec, assure que des moyens de l'État seront "parfaitement engagés ce soir". Des arrêtés seront pris interdisant les mortiers et leurs transport « car beaucoup ont été utilisés. » Le transport d'essence sera interdit également. Des hélicoptères seront mobilisés.

Le préfet indique aussi qu'un accord entre commerçants a été trouvé pour fermer les commerces dès 20 heures ce soir. Il ne s'agit pas d'un couvre-feu, juste d'une incitation. 

« Carl Tarade a payé le prix lourd de cette violence gratuite qui ne sert à rien », a martelé le préfet avant d'ajouter « Ces scènes urbaines sont une instrumentalisation de la violence. »

50 policiers, 115 gendarmes et 80 pompiers ont été mobilisés hier soir et le seront à nouveau ce soir.