La LDH dénonce une "volonté délibérée de ne pas porter secours au plus vite" à Sainte-Soline

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La LDH dénonce une "volonté délibérée de ne pas porter secours au plus vite" à Sainte-Soline

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La manifestation de Sainte-Soline, le 25 mars 2023, avait rassemblé de 6.000 à 8.000 personnes selon les autorités, 30.000 d'après les organisateurs.
La manifestation de Sainte-Soline, le 25 mars 2023, avait rassemblé de 6.000 à 8.000 personnes selon les autorités, 30.000 d'après les organisateurs.
© AFP

Dans un rapport rendu public lundi, la Ligue des droits de l'homme dénonce le fait que "la priorité donnée à des enjeux de maintien de l'ordre sur toute autre considération a révélé son absurdité lors des entraves aux secours" lors de la manifestation anti-bassines de Sainte-Soline fin mars.

Le rapport des observateurs de la Ligue des droits de l'Homme sur Sainte-Soline n'est pas tendre. Dans leurs conclusions, ces derniers mettent en cause la responsabilité de l'État et dénoncent un usage disproportionné des armes lors de la manifestation contre les méga-bassines dans les Deux-Sèvres, le 25 mars dernier. La responsabilité des pouvoirs publics est "engagée", indique la LDH, qui pointe une "volonté délibérée de ne pas porter secours au plus vite".

"La volonté politique était claire : la manifestation de Sainte-Soline ne devait pas avoir lieu, et toute personne qui bravait l'autorisation préfectorale s'exposait à des risques pour son intégrité tant physique que morale", soulignent plusieurs observatoires des libertés publiques et des pratiques policières, dont la LDH est à l'initiative avec le Syndicat des avocats de France (SAF) et la Fondation Copernic.

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"Priorité donnée à des enjeux de maintien de l'ordre"

Le compte rendu de 150 pages s'appuie sur le travail de terrain des observateurs présents lors de la mobilisation, qui avait donné lieu à de violents affrontements entre manifestants et forces de l'ordre. "La priorité donnée à des enjeux de maintien de l'ordre sur toute autre considération a révélé son absurdité lors des entraves aux secours", estiment les auteurs dans leurs conclusions. "La responsabilité des pouvoirs publics et notamment de l'État est manifestement engagée du fait de l'absence d'anticipation, puis de la volonté délibérée de ne pas porter secours au plus vite, cela en plus des responsabilités pénales liées aux conséquences d'une possible non-assistance à personne en danger", ajoutent-ils.

La manifestation avait rassemblé de 6.000 à 8.000 personnes selon les autorités, 30.000 d'après les organisateurs. Ces derniers ont fait état de 200 blessés, dont 40 graves, côté manifestants. D'après les chiffres officiels, 5.015 grenades lacrymogènes ont été tirées, soit environ une par seconde. La gendarmerie a eu recours aussi à 89 grenades de désencerclement de type GENL, 40 dispositifs déflagrants ASSR et 81 tirs de LBD. Dans deux rapports, préfecture et gendarmerie ont défendu une riposte ciblée et proportionnée face à 800 à 1.000 manifestants "radicaux".

Deux manifestants grièvement blessés

Les observateurs dénoncent au contraire les "nombreuses blessures causées par l'usage disproportionné et à plusieurs reprises non nécessaire des armes" par les forces de l'ordre. Parmi eux, deux manifestants grièvement blessés, Serge D. et Mickaël B., lors d'affrontements avec les forces de l'ordre, ont passé plusieurs semaines dans le coma. Le délai de prise en charge de Serge D. à Sainte-Soline est notamment dénoncé par les organisateurs et des observateurs, pour qui les autorités ont entravé l'intervention des secours.

"Ces derniers se sont rendus auprès du blessé et n'ont pu confirmer le diagnostic que 46 minutes après le premier appel aux secours", souligne le rapport. Les autorités justifient le délai d'intervention des secours par la nécessité, pour les gendarmes, d'assurer leur sécurité.

Références

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