Biodiversité

Des Japonais démontrent le potentiel écologique des algues

Des Japonais démontrent le potentiel écologique des algues.

©  PHILIP FONG/AFP

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Par RTBF avec ETX

Les algues sont un aliment de base au Japon mais le "kombu" (une variété de varech) transporté dans le bateau du pêcheur Ryoichi Kigawa attire également l'attention en raison de son potentiel en tant que super-culture écologique.

La recherche de nouvelles utilisations pour cette plante marine - de l'absorption du carbone à la réduction des émissions de méthane du bétail - est en plein essor et plusieurs pays s'inspirent de l'expertise asiatique en matière de culture d'algues pour développer leurs propres industries.

Le kombu, un engrais écologique à croissance rapide

La plus grande partie du kombu que Ryoichi Kigawa et ses collègues cultivent dans le port à Yokohama, près de Tokyo, est transformé pour être utilisé en bouillon ou dans des salades.

Mais une partie est aussi destinée aux projets de la petite entreprise Sachiumi Heroes dont l'objectif est de "préserver l'écosystème et lutter contre le réchauffement climatique", explique son fondateur, Tatsunori Tomimoto. "Les Japonais consomment des algues de longue date mais nous n'avons jamais réellement envisagé de les cultiver d'un point de vue environnemental ou écologique", ajoute-t-il.

Il faut quatre mois pour que le kombu puisse être récolté. Une fois arraché, lavé et séché, il est découpé puis vendu.

Des études ayant montré que les algues pouvaient améliorer la croissance des plantes, le kombu est également utilisé comme engrais organique et dans sa plantation de thé près de Saitama, au nord de la capitale, Ryutaro Matoba se dit impatient de voir les bénéfices sur ses cultures. "Il faudra attendre deux ou trois ans avant de voir les effets de l'engrais à base d'algues sur la qualité du thé", estime-t-il. "Mais je peux déjà sentir la différence lorsque je touche le sol, il semble plus doux."

Il nourrit le bétail et assainit les océans

Les algues de Sachiumi Heroes sont aussi utilisées par des établissements thermaux ou pour fabriquer des sels de bain. L'entreprise fournit également du kombu à un aquarium pour nourrir des tortues de mer et à des éleveurs de bovins

Une étude réalisée en 2021 par l'université de Californie a en effet montré que remplacer une partie de l'alimentation des vaches par un type d'algues rouges permettait de réduire leurs émissions de méthane de plus de 80%.

Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), l'industrie mondiale des algues a doublé de taille entre 2005 et 2015.

La majorité de la production se fait en Asie, en particulier en Chine et en Indonésie, où les algues sont cultivées à une échelle industrielle pour la fabrication de produits comme gels et épaississants alimentaires.

Mais le Royaume-Uni a un "énorme potentiel" pour produire davantage d'algues pour la consommation humaine et animale, estime Henry Alexander, chercheur britannique qui étudie ces plantes marines au Japon, en Corée du Sud et au Canada.

Cela permettrait selon lui de réduire la pression sur les terres agricoles et de créer des emplois tout en offrant des avantages environnementaux tels que l'absorption du carbone ou la désacidification des océans.

Les chercheurs planchent sur de nouveaux usages

Parmi les débouchés, il existe aussi des projets de compensation des émissions de carbone qui tirent parti de la capacité des algues à absorber rapidement le CO2. Malgré l'enthousiasme des gouvernements et des entreprises pour financer de tels projets, les scientifiques préviennent cependant que les océans ne disposeraient peut-être pas assez de capacité pour éliminer des quantités significatives de CO2 présent dans l'air.

Par ailleurs, l'augmentation de la température des océans a déjà rendu l'algoculture plus difficile dans des pays comme le Japon, qui se tournent dorénavant vers des souches plus résistantes.

Simon Funge-Smith, haut fonctionnaire chargé de la pêche à la FAO, met en garde contre un engouement excessif pour les algues et rappelle la nécessité de faire preuve d'un peu de "bon sens".

Il voit néanmoins un potentiel dans l'élevage offshore de masse et s'attend à ce que ce domaine continue à se développer. "Nous n'élevons qu'une poignée d'espèces parmi des centaines d'autres", constate-t-il. "C'est un domaine où il y a beaucoup de recherches en cours, beaucoup d'intérêt pour essayer de trouver des usages, on ne sait pas encore ce qui peut se passer."

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