Plus de 35°C en montagne : dans les Alpes, "les glaciers sont déjà condamnés"

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Plus de 35°C en montagne : dans les Alpes, "les glaciers sont déjà condamnés"

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Dans le massif du Mont-Blanc, lors de l'été 2022.
Dans le massif du Mont-Blanc, lors de l'été 2022.
© Maxppp - Grégory YETCHMENIZA

La canicule frappe les massifs montagneux, en altitude. Le thermomètre grimpe haut, des records tombent, et ses conséquences sont concrètes. Les glaciers perdent en épaisseur.

Même en haute altitude, les coureurs du Tour de France n’échappent pas à ces très fortes chaleurs. La canicule touche une partie du pays, dix départements sont en vigilance orange. Et en montagne, le thermomètre a déjà atteint des niveaux records ces derniers jours. Le thermomètre a dépassé les 40°C pour la première fois à Verdun dans l'Ariège (40,6°C à 550m d'altitude) et à Serralongue dans les Pyréenes-Orientales (40,4°C à 700m). Les températures ont aussi battu des records avec 29,5°C à l'Alpe d'Huez (1860m) en Isère, Chamrousse (28,6°C) et en Savoie, à Saint-Martin-de-Belleville (32,4°C à 1300m)

D’autres records ont été battus ces derniers jours en Haute-Savoie  selon Infoclimat : 37,2°C à Samoëns et 35,4°C aux Houches, à 785m et 1005m d’altitude, le 11 juillet. Dans les Alpes, l'isotherme du zéro degré (l'altitude à laquelle il fait zéro degré) a atteint 4.500m d'altitude, 4.800m dans les Pyrénées. Mi-juillet l’an dernier, en Suisse, il avait atteint un record et dépassé les 5.000m d'altitude.

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La fonte de la neige sur les glaciers s’accélère

Ces canicules sont l’un des marqueurs du changement climatique et les Alpes se révèlent être des sentinelles du climat. Selon Météo France, les montagnes se réchauffent deux fois plus vite : dans les Alpes et les Pyrénées françaises, la température a augmenté de plus 2°C au cours du XXe siècle, contre 1,4°C dans le reste de la France.

Ces derniers jours, à cause des fortes températures, la fonte de la neige sur les glaciers s’est accélérée. Les rivières s’épaississent et les torrents d’eau gonflent. "L’augmentation des températures rallonge la saison de fonte des glaciers et augmente la surface affectée par la fonte", explique à France Inter le glaciologue Fanny Brun. Elle rappelle que la saison 2021-2022 a été une année record de fonte pour les glaciers des Alpes, avec quatre mètres de pertes de masse en moyenne sur les glaciers. En d’autres termes, les glaciers se sont encore amincis. Leur état de santé se constate grâce au bilan de masse, réalisé chaque année par les scientifiques, pour connaître la quantité de glace qui a fondu.

Comme l'écrit sur Twitter l'ingénieur nivologue pour Météo France Gaétan Heymes, "ce nouvel épisode de chaleur intense va évidemment affecter les glaciers des Écrins, déjà fragilisé par des températures élevées ces dernières semaines, qui ont annulé le timide bénéfice d'une fin de printemps plus fraîche".

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Même le respect de l'accord de Paris ne suffira pas

Avec le changement climatique, les glaciers se fragilisent, comme en témoigne l’effondrement du glacier de la Marmolada, l’an passé, dans les Alpes italiennes. "Le réchauffement climatique non seulement fait perdre de la masse, mais il va aussi changer la façon dont les glaciers s’écoulent", affirme la glaciologue. "Dans la vallée de Chamonix, on a un certain nombre de risques qui émergent, avec des glaciers qui peuvent accélérer par endroits."

Fanny Brun cite le glacier de Taconaz, où des séracs (des blocs de glace), "franchisent la falaise et provoquent des avalanches qui atteignent la vallée de Chamonix. Si ça continue, on peut s’attendre que le glacier accélère et produise des avalanches beaucoup plus importantes à termes." La scientifique alerte : "Les glaciers sont condamnés par notre trajectoire climatique actuelle." Même en respectant l'accord de Paris sur le climat, à l’horizon 2100, il ne restera plus que 20% des surfaces englacées actuelles dans les Alpes.

À réécouter : Le glaciologue Luc Moreau sensibilise les touristes sur la Mer de glace
Grand angle
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